Bonjour,
Après une petite visite au SHD hier, voici la chronique de
Alain, Henri, Georges, Marie de PENFENTENYO de KERVEREGUIN
(Source : Notice Biographique SHD - Dossier individuel conservé au Service Historique de la Défense (marine) à Vincennes sous la cote CC7 4ème Moderne 1012/1 - photos SHD Vincennes)
Né le 28 octobre 1921 à Larcan (Haute Garonne), il est le fils du vice-amiral de Penfentenyo de Kervéréguin (préfet maritime à Lorient en 1940 et défenseur de la place lors de l'arrivée des troupes allemandes (combats des Cinq-chemins à Guidel.). Alain, Henri, Georges, Marie de Penfentenyo de Kervéréguin entre à l'Ecole Navale en 1939.
Ses parents, alors domicilés au 23 boulevard Gregnan à Toulon, étaient en villégiature au chateau de Montpezat à Larcan, chez la grand mère Marie Louise de Mont de Benque
En septembre 1940, après promotion au grade d'enseigne de vaisseau de 2ème classe, il est affecté sur l'aviso La Boudeuse, puis le 1er septembre 1941, au croiseur léger Le Terrible jusqu'en novembre 1943.
Son officier instructeur écrit :
Caractère franc et droit. Très beau tempérement d'officier. Nature très douée. Dirigé avec fermeté il doit devenir un officier d'élite.
Pendant six mois, il est ensuite instructeur au Centre Siroco des fusiliers-marins, puis est nommé officier en second de l'escorteur Tirailleur. A son débarquement en janvier 1946, il est envoyé en Indochine où il reçoit le commandement d'une section de LCVP (Landing Craft Vehicle & Personnel) à Saïgon. Au cours d'une patrouille offensive sur le Donaï, il est blessé mortellement le 12 février 1946.
Le 27 août 1946, de Penfentenyo est nommé chevalier de la Légion d'Honneur et Croix de guerre avec palmes à titre posthume.
"Officier volontaire pour des missions périlleuses. Mortellement blessé le 12 février 1946 par des armes automatiques soutenues de mortiers aux environs du village de Thien-Quan, alors qu'il remontait le Dong-Naï. Après une énergique riposte de ses moyens de feu, et quoique perdant beaucoup de sang et souffrant visiblement, a continué à assurer la manoeuvre de ses LCVP qu'il a ramené au poste de Tan-Huyen.
A fait preuve d'un cran remarquable. Figure noble et magnifique incarnant les qualités de l'officier français".
Les derniers instants d'un héros :
Rapport du second maître Gabriel MORIN
A 8h10 nous longions la rive droite - sur ordre de l'E.V de PENFENTENYO, je rejoins le milieu du fleuve - à8h15 nous avons pris part un feu nourri d'armes automatiques et mortiers provenant de la rive droite - A la première rafale le lieutenant de Penfentenyo se trouvant accroupi sur le capot du moteur a été touché d'une balle à la cuisse droite qui a tranché l'artère fémorale, moi-même je suis blessé de plusieurs éclats de mortiers à la main droite.
Aussitôt je dirige le L.G.V.F. sur la rive gauche pour m'éloigner du champ de tir ennemi. Je signale que le tireur MANIC faisant preuve d'un sang froid remarquable a ouvert un feu nourri sur les positions ennemies.
Sur la rive gauche des tireurs isolés nous ont pris à partie a ce moment là le fusil mitrailleur du 5ème cuirassé se reprenant a ouvert le feu.
Nous avons encore parcouru une 60 de mètres au-delà de la ligne de feu - là j'ai reçu ordre de l'E.V. de Penfentenyo de faire demi tour me signalant qu'il était blessé. A ce moment là le lieutenant du 5ème cuir. et un soldat ont mis un garrot au blessé. Nous avons repassé le champ de tir ennemi tout en crachant de toutes nos armes - Arrivé à Tan-Uyen vers 9h15 nous avons débarqué le lieutenant à une infirmerie. Je signale qu'il n'y avait aucun médecin et qu'un simple pansement provisoire lui a été fait. Sur ordre du comandant de détachement de Tan-Uyen nous sommes partis sur Thudaimet avec un Dodge escorté d'une jeep, à ce moment là le lieutenant avait bon moral.
Nous étions partis de Tan-Uyen à 9h30 et nous sommes arrivé à Thudaumet à 10h30 - Nous avons vu un médecin (lieutenant de service à l'infirmerie de la caserne du 5eme Cuir.). Après avoir enlevé le garrot, sondage de la plaie, piqûre de camphre, se trouvant mal ; il me demande d'appeler l'aumônier de l'Armée.
Ce qui fut fait, le commandant du centre de Thudaumet fait évacuer le blessé sur Saïgon dans un camion Ford, moi-même évacue sur Saïgon d'après ordre du médecin lieutenant.
Heure de départ : 11h30 - AU cours de route l'infirmier lui fait une piqûre de morphine.
Le blessé a gardé ses esprits jusqu'à 12h15 heure où on lui fait la piqûre de morphine.
De temps en temps l'infirmier lui tâte le pouls qui allait faiblissant.
Vers 13h l'infirmier m'annonce la mort de l'E.V. de PENFENTENYO.
Après visite du médecin de service nous avons reçu ordre de conduire le corps à l'hôpital civil.
L'Enseigne de Vaisseau a été inhumé au cimetière de la rue de Massiges, à Saïgon, au coté du Capitaine de Frégate JAUBERT et de l'enseigne de vaisseau ICHON, morts pour la France les 26 et 28 janvier 1946.
Il est mentionné sur le Mémorial des Guerres d'Indochine à Fréjus sur le Mur du Souvenir - colonne 009 - plaque 041 - année 1946 - référence 2864