Bonsoir à tous.
Quelques précisions sur ce fameux Edit de Villers-Cotterets, qu'il n'est pas inutile de lire vraiment ... Bon courage à ceux qui oseront : il n'y a pas moins de 192 articles en tout genre, et on ne se souvient que deux tous petits ayant rapport avec l'utilisation du français !
Cet édit ne visait pas à imposer le français CONTRE les langues dites "vulgaires", mais à imposer le français A LA PLACE du latin, dans le but de rendre accessible et compréhensible à tous les décisions de justice. Voici les articles tellement célèbres :
Art. 110. – Et afin qu’il n’y ait casue de douter sur l’intelligence desdits arrêts, nous voulons et ordonnons qu’ils soient faits et écrits si clairement, qu’il n’y ait ni puisse avoir aucune ambiguité ou incertitude ne lieu à demander interprétation.
Art. 111. – Et pour ce que telles choses sont souvent advenues sur l’intelligence des mots latins contenus esdits arrests, nous voulons d’oresnavant que tous arrests, ensemble toutes autres procédures, soient de nos cours souveraines et autres subalternes et inférieures, soient de registres, enquestes, contrats, commissions, sentences, testaments, et autres quelconques, actes et exploicts de justice, ou qui en dépendent, soient prononcés, enregistrés et délivrés aux parties en langage maternel françois et non autrement.
Pour les courageux (et je suis sûre qu'il y en a ici

) :
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/Francopho ... complt.htm
Ce texte venait en complément de nombreuses ordonnances qui visaient à éradiquer le latin de l'administration :
- «en langage François ou maternel» (ordonnance de 1490);
- «en vulgaire ou langage du païs» (ordonnance de 1510);
- «en langue vulgaire des contractans» (ordonnance de 1531);
- «en françoys ou a tout le moins en vulgaire dudict pays» (ordonnance de 1535).
Quelques réflexions personnelles : pour ce qui est de l'éradication du breton, il faudrait plutôt se tourner vers les dégats engendrés par la Révolution Française. Et pour être intellectuellement honnête jusqu'au bout, on doit bien reconnaître que les Ducs de Bretagne n'ont jamais fait preuve d'une politique volontariste en matière linguistique. Pas un seul acte administratif du duché n'a été rédigé en breton...Les registres de chancellerie sont TOUS rédigés en breton (logique, les instances dirigeantes siégeaient en Bretagne francophone). Pour autant la réalité bilingue de Basse-Bretagne était prise en compte : on trouve mentionnés des "interprètes" dans les registres de réformation par exemple, des gens "sûrs" et dignes de foi capables de se faire comprendre et de comprendre les sujets du Duc. Il n'est donc pas, à mon sens, très juste de jeter la pierre à François Ier seul, ni même à notre Anne qui n'a pas pû éviter de marier sa fille au dauphin de France. La réalité historique est bien plus complexe...comme toujours !
Quant à l'attitude de la hiérarchie écclésiastique, elle a eu aussi son rôle dans cette assimilation au fil des siècles...
Cette analyse, bien entendu, n'engage que moi, et peut paraître "politiquement incorrecte"

A chacun de voir, après avoir lu les documents, et replacé les faits dans leur contexte historique...
Bonne lecture

...et bonne soirée à tous
