Bonsoir Patricia,
J'ai porté le même intérêt que vous à cette famille en étudiant le couple Jean de Moucheron x Marguerite Huon à Landerneau.
Son aïeul, Pierre de Moucheron (dont vous parlez) est le fils de Jean de Moucheron seigneur de Boulay (situé aux environs de Verneuil au Perche). Il partit en 1504 pour la Flandre et épousa demoiselle Isabeau Gerbier de la ville de Middelbourg en Zélande.
Je vous recommande ce document sur Gallica :
Généalogie de ceux qui portent le nom De Moucheron en Flandre à commencer de Pierre de Moucheron écuyer, qui quitta ou délaissa son pays, & venait en Flandre pour s'avancer & chercher fortune en l'année 1504 ou environ ce temps
Je publie par ailleurs un extrait du livre
La préhistoire de la Compagnie des Indes orientales, 1601-1622. Les Français dans la course aux épices. Par Guillaume Lelièvre · 2022
"Les Moucheron : "une tribu dispersée à travers l'Europe", liée à Vitré et à Saint-Malo
Pierre de Moucheron et Isabeau de Gerbier ont eu au total 19 enfants, dont Balthazar, Melchior, François, Georges et Marguerite.
Melchior avait été nommé consul de France à Moscou. Il était l'agent de son frère Balthazar en Russie, à l'embouchure de la rivière Dvina, où il avait établi des relations commerciales, notamment à Arkhangelsk. Il était également le représentant à Moscou de plusieurs compagnies de commerce françaises, établies plus particulièrement dans les ports normands, notamment Rouen, Le Havre et Caen. En 1589, alors qu'il était retenu à Moscou par le tsar Fédor Ier (1584-1598), le roi de France Henri IV lui-même, intéressé par les affaires des marchands français en Russie, dut intervenir auprès de son homologue russe afin d'obtenir son retour en France. En 1595, une autre lettre d'Henri IV à Fédor Ier démontre les relations personnelles que Melchior de Moucheron entretenait avec le roi, qui écrivit une nouvelle fois au tsar afin qu'il soit autorisé à commercer sur les terres de ce dernier. Par la suite, Melchior s'installa à Koenigsberg, sur les rives de la mer Baltique, où il poursuivit ses activités commerciales, mais cette fois avec un autre de ses frères, François.
François de Moucheron vivait à La Rochelle, où il était l'un des marchands les plus actifs : dans les années 1597-1600 au moins, il entretenait des relations commerciales notamment avec les Provinces-Unies, le Saint-Empire et les ports de la Baltique (Dantzig, Koenigsberg), mais aussi avec des villes bretonnes comme Rennes et Vitré.
A Vitré justement était établi un autre des frères de Balthazar : Georges de Moucheron. Comme son père Pierre, il portait le titre de seigneur de Boulle-Courlein, ou du Boulay. Il vint s'y installer à la fin des années 1560 pour des raisons commerciales évidentes : Vitré était alors en pleine expansion économique grâce, entre autres, au commerce des toiles, qui étaient exportées en grande partie par voie maritime par l'intermédiaire du port de Saint-Malo.
On sait que Pierre de Moucheron, établi à Anvers, entretenait des relations avec de nombreuses places commerciales, notamment Vitré et Saint-Malo. Les liens de la famille Moucheron avec Saint-Malo sont confirmés par C. de la Roncière et par E. Coornaert : "Balthazar de Moucheron, dont la famille avait depuis 40 ans les plus étroites relations d'affaires avec les négociants de Saint-Malo, particulièrement avec les Gravé" ; Vers 1560, le grand Pierre de Moucheron y installait [à Saint-Malo] en permanence un de ses frères". C'est donc en toute logique que Pierre de Moucheron envoie l'un de ses fils s'installer à Vitré. Georges de Moucheron était précédemment établi à Saint-Malo, d'où il commerçait notamment avec Anvers en 1568-1569. Il vint s'établir à Vitré peu avant 1570, année où il épousa Mathurine Le Couvreux, issue d'une des riches et puissantes familles qui appartenaient à la confrérie des marchands d'outre-mer de la ville. Par la suite, il obtint du roi de France Henri III des lettres de naturalité et porta le titre de sieur de l'Aiglerie. Il fut nommé receveur des fouages à Fougères et à Vitré ainsi que fermier général du devoir sur les vins entrant en Bretagne."
Je termine par un dernier extrait, issu des comptes-rendus et mémoires, volumes 35-36, de la société d'émulation des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc, 1897 :
"noble homme ou écuyer Georges de Moucheron, receveur des fouages à Vitré et à Fougères était d'abord catholique comme son frère écuyer Etienne, sr de la Tiercelinière et de l'Aiglerie, conseiller du Roi et auditeur en la Chambre des comptes de Bretagne, reçu en 1592, mari de demoiselle Jacquette Louazel, qui fut inhumé le 26 janvier 1617 dans l'église de Saint-Martin de Vitré à laquelle il fit don de 100 livres pour une messe chaque année, et dont un fils, aussi nommé Etienne, sr de l'Aiglerie, lui succéda dans son office d'auditeur, le 2 mars 1619. Messire Georges de Moucheron, écuyer, sr de l'Aiglerie, fermier général du devoir de 20s par pippe de vin étranger et 8 sous par pippe de vin du cru entrant en Bretagne en 1588 et 1589 habitait alors à Nantes, sur la Fosse. Il fut ensuite receveur des tailles pour Vitré et Fougères et dut, comme son gendre, entrer en lutte avec les Etats. Le procès fut bien plus long encore que le nôtre et dura jusqu'en 1628, soutenu alors par écuyer Julien de Moucheron, sr du Boullay, fils et héritiers de Georges (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. C. 3738). Georges de Moucheron avait eu de sa femme, demoiselle Mathurine Le Coupvreux, neuf enfants. Il fit baptiser les cinq premiers catholiquement à Vitré dans l'église de Notre Dame et les quatre autres selon les rites de la nouvelle religion."
Cordialement,
Cédric