Bonsoir Françoise
Maintenant que la vaisselle est trouvée, je reviens vers "la table roude avec ses escabaux et couteau crochu".
J'ai recherché des mentions approchantes dans plusieurs inventaires, et l'association de la table avec le couteau crochu est très fréquente. En juxtaposant les formules employées, on fini par avoir une idée plus juste de la réalité :
"
la table avec ses escabeaux et couteau crochu", estimés en 1778 à Guicquelleau chez Anne Bergot
"une table avec ses couteaux et ruche de pailles", chez Olivier Perrus en 1778 à Plouguin
"une table longue avec sa ruche de paille et couteau crochu" en 1776 à Kerlouan chez Yves Toupin
"la table de cuisine avec le couteau crochu, ruche de paille et
2 mauvais bancs servants d'escabeaux a chaque coté de la table" en 1775 chez Gabriel Le Bars à Plouider.
"Une table divers bois,
une guaine de paille pour couvrir le pein, un couteau crochu", en 1746 chez Ténénan Kerier à Lampaul-Ploudalmézeau,
"une faillye table avec un banq, le couteau crochu et la couverture du pain estimés ensemble", chez Anne Bergot en 1706
"un mechant couteau crochu,
une couverture de paille au dessus de la table servant a couvrir le pain" en 1704 chez Anne Quéméneur à Ploudalmézeau.
Les "bancs" ou "bancs dossiers" des inventaires sont des bancs-coffres adossés aux lits-clos ou vaisseliers ("banc tossel" en breton).
Les "escabeaux" sont en revanche des bancs simples, comme ceux auxquels on pense aujourd'hui.
Le petit livre "Les Léonards dans leurs meubles au temps de Kerjean" (éd. Le Télégramme), signale que la table "est l'endroit où se fait le partage du "pain quotidien", comme en témoigne la présence à demeure sur son plateau de la ruche de paille et de la nappe qui servent à couvrir la tourte, pour la protéger, et du "couteau crochu" utilisé pour débiter la part qui revient à chacun, sans doute sous le contrôle vigilant du maître de maison."
Dans "Tiez, le paysan breton et sa maison, Le Léon" (éd. PUR), Jean-François Simon écrit que la table ronde était utilisée dans le Haut-Léon, et entourée d'un banc qui épouse sa forme. Le dicton "Eun daol rond, ha pep hini neus e gont" (une table ronde, et chacun a son compte) se vérifie à l'occasion des repas de bouillie quand la marmite est placée au centre et que chacun se sert directement.
N'hésitez pas à soumettre d'autres termes de l'inventaire, si des difficultés subsistent.
Cordialement,
Eric
CGF 4254
https://gw.geneanet.org/caerynyr