Bonsoir et merci à tous les contributeurs et contributrices qui partagent leurs données pour en savoir plus sur cette lignée.
J'ai des éléments sur les Jaouen :
D'abord un élément intéressant sur les possessions à Brest, héritées de Marguerite Le Gleau, (deuxième) épouse d'Antoine Jaouen :
Le 22-11-1681, déclaration des héritages "qu'honnorables gents Prigent Jaouen du village de Kerlanou, Ollivier Provôt et Marie Jaouen sa femme, du village de Treompan", de Ploudal., et Marguerite Jaouen veuve de François Pottin, de Scregou (Strejou) en Plouguin, possèdent du roi sous son domaine de St Renan et Brest, à savoir au village du Loguel en Lambezellec, proche la ville de Brest, une petite maison couverte de gled avec un petit jardin, "contenant en tout quatre cordées, chacune corde de vingt quatre pieds de long, chaque pied de douze pouces suivant la coutume de ce pays", le parc de terre chaude nommé Parc bras, le parc de terre froide nommé Parc pella, autrement Parc an querch, un jardin nommé Le grand jardin, le parc terre chaude nommé Liorts an fa (= le courtil aux fèves) donnant à l'occident sur le grand chemin menant "de Brest au vieux moulin qu'on nomme presentement Le Moulin à poudre (…),
les dits advouants declarent que ledit courtil en bas et la moitié du jardin dernier describé, leur sont evincé par occupation de l'anplacement de la muraille et douve, qu'on a privé et destiné pour la clôture de ladite ville de Brest par ordre de monsieur l'intendant et architecte de sa majesté." Ces héritages advenus de la succession de Marguerite Le Gleau décédée dix ans sont ou environ, et à elle, échus de Marie Mevel femme Guillaume Le Gleau ses père et mère décédés depuis les quarante à cinquante ans sont, et les héritages sont indivis et non partagés entre les avouants. Déclaré à St Renan le 22-11-1681 (source : Arch. Nat., terrier de Bretagne, P 1530, f° 218 v° ; mention de J.-F. Potin pour le CGF, images N. Chantelou pour geneanet, merci à eux deux)
https://www.geneanet.org/archives/regis ... 8&page=219Comme expliqué en bas de la page de droite, les remparts construits pour sa Majesté empiètent sur une partie des héritages des avouants, et ceux-ci ne se gênent pas pour le signaler à l'administration... de sa Majesté.
Ensuite à propos du forgeron Prigent Jaouen (x Anne Quéméneur), chez qui sa nièce Guyonne Jaouen et son futur époux Robert Arzel travaillaient comme domestiques avant leur dispense d'empêchement au mariage en 1675 :
Ce Prigent Jaouen a eu maille à partir avec le marquis de Sanzay. Je n'ai pas tous les tenants ni aboutissants, mais quelques données pour éclairer leur litige :
4-7-1689, affaire Prigent Jaouen, de Kerlanou contre le marquis Augustin de Sanzay :
"Le quatrieme juillet mil six cents quatre vingts neuff, devant nous senechal et premier magistrat de la cour royalle de brest, ayant pour adjoint le soubsignant faisant pour le greffe,
A comparu en personne Prigent Jaouhen, demandeur et compleignant contre messire Augustin de Sansay, chevalier seigneur dudit lieu, deffendeur et accusé, ledit Jaouen assisté de maistre Raoul Nayl son procureur, lequel a fait comparoir devant nous Charles Le Gendre, lieutenant des chirugiens en ceste ville de Brest, et Robert Lequein maistre chirurgien juré et commis pour les rapports, desquels ledit Nayl requiert le serment estre pris au cas requis, pour, en consequence, faire leur rapports des blessures et contusions commis en la personne dudit Jaouen, et lever le premier appareil quy luy a esté mis par le sieur Jan Bourhis, aussy chirurgien, pour estre ledit rapport joint au procès au terme de l'ordonnance, et a ledit Jaouen signé comme aussy ledit Nayl.
Nayl. Prigant Jaouen.
De tout quoy nous avons donné acte et avons pris le serment desdits Le Gendre et Lequin, leur ayant fait lever la main, a la maniere accoustumée, ont juré et promis faire fidel raport des blessures et contusions commis en la personne du compleignant, ordonne qu'ilz y procederont par … , et en redigeront leur procès verbal au terme de leur art, pour estre joint au procès, et passé de ce, estre ordonné ce qu'il appartiendra, et ont signé lesdits jour et an.
Charles Le Gendre. Bernard… Lequin.
11e juillet 1689. Enqueste et information d'office faicte (suite laissée en blanc).
Honnorable homme Claude Mengant, marchand demeurant au bourg parrochial de Ploudalmezeau, temoing juré par serment de dire verité, après luy avoir fait lever la main a la maniere accoutumée, purgé de conseil, solicitation, parantée et autre causse de faveur, desclare qu'il est vassal dudit seigneur de Sanzéé ayant des heritage relevants en proche mouvance de son fieff de Pratmeur et de plus que Louise Le Vaillant sa famme a tenu ensemblement avec ledit Jaouen des enfans sur les sainctz fonds bastismal et neantmoins a promis par son dit serment de dire verité après avoir desclaré estre agé d'environ quarante et huict ans.
Desposée que le dimanche troisiesme de ce mois,
après vepre, estant a sa porte, il remarqua le dit Chaouen blessé qui alloit vers l'eglise parroissialle en criant sur le marquis de Sanzée, mais desclare qu'il ne vit aucunement ledit marquis de Sanzay et est sa depossition qu'il affirme par son dit serment veritable après lecture luy faict en son vulgaire langage françois, et estre venu donner sa desposition suivant exploit luy signiffié le neuffiesme de ce mois par Louis Le Bernard, sergant, et a requis taxe, ce que luy avons faict de la somme de (espace laissé en blanc) et a signé. Claude Mengant.
Claude Perrot, mesnager demeurant au village de Kerlannoc, parroisse de Guitalmezeau, agé d'environ cinquante ans, tesmoign juré par sermant de dire verité, purgé de consseil, sollicitation, parantée et autres faveurs, neantsmoins il a dit estre compere dudit compleignant qui lui a tenu un enfant, et pour ce a dit et promis de se bien et fidellement comporter au fait de sa consiance, et enquis,
Depose que dimanche dernier troiziesme juillet presant mois, a
pprès les vespres dictes audit Guitalmezeau, il se trouva aveq Mr le marquis de Sanzay pour luy parler d'affaires, et en mesme temps vuit arriver ledit compleignant, lequel suivant toutes les apparences, ne vouloit qu'a Mr le marquis, luy avoit demandé qu'il ait a le ressaizir de quelques papiers qu'il retenoit il y avoit quelques temps, ledit sieur accusé repartist et le (jez ?) que tu doibts me faire telle demande, c'est donc un attacque que tu me faict, sur cela et la continuation dudit compleignant, a poursuivre ledit sieur accusé, il lui avoit donné deux coups d'une cane qu'il tenoit en main, dont le premier fut paré d'un baston que ledit compleignant avoit et l'autre luy eut donné sur la teste, mais ne sçait s'il fut lors blessé, sy dict de plus ledit deposant qu'il dict de plus audit sieur accusé, que si il n'avoit pas remis ses papier qu'il l'auroit fait signer, mesme qu'il auroit vendu le manoir de Pratmeur, tel est sa deposition, laquelle luy leue et donné a entendre, a declaré qu'elle contient verité et y persister, apprès lui avoir fait lecture en son langage breton, et ne sachant signer, requerant taxe, ce que nous lui avons fait de la somme (laissé en blanc).
Marie Quéré, femme d'Armel Friot, demeurante au bourg de Guitalmezeau, agée d'environ quarente six ans ou environ, purgé de conseil, sollicitation, parantelle et autres causes de fabveur, (enquis ?), apprès avoir au prealable print son sermant, ce qu'elle a fait en l'endroit,
Depose que dimanche dernier troiziesme juillet presant mois,
a l'issue des vespres et procession de notre dame du rozaire audit Guitalmezeau, estant auprès de sa porte, la deposante vit passer Mr le marquis de Sanzay aveq le precedant tesmoign, et incontinant elle auroit veu courir vers eux, ledit compleignant, lequel avoit demandé audit Sr accusé le resaissiment de quelques papiers, et comme ledit accusé continuoit son chemin, le compleignant le suivoit tousjours, en luy faisant ceste demande, et a la fin ledit Sr accusé se destourna vers le compleignant et lui dict, et ce que tu veux m'attacquer, et sur l'opiniatreté dudit compleignant, ledit Sr accusé lui auroit donné deux coups de cane dont le premier fut paré par son baston et l'autre luy fut donné sur la teste, mais la deposante ne remarqua pas a la vérité s'il fut blessé, apprès quoy ledit compleignant le poursuivit en lui disant que s'il n'eust remis ses papiers en ses mains, il auroit fait vendre sa maison principalle dans laquelle il demeuroit, sur cela il ne (les ?) vit pas davantage, et est sa deposition, laquelle luy leue et expliqué de mot a autre en son langage breton, a dit et declaré qu'elle contient verité, et y persister et ne sachante signer, et requis taxe que nouis lui avons fait de la somme de (laissé en blanc).
Le dixiesme jour de juillet mil six cents quattre vingts neuff, avant midy, au tablier du soubzsignant Kerros au bourg parroissial de Ploudalmezeau, a comparu devant le soubzsignant nottaire heredittaire de la cour royalle de Brest & Sainct Renan, honnorable homme Allain Deniel, aagé de quattre vingt neuff ans, demeurant audit bourg de Ploudalmezeau, lequel par cestes a recquis de luy ramporter l'acte de sa declaration cy apprès touchant l'exploit luy signiffié de la part de Prigent Jaouen demeurant a Kerlannou audit Ploudalmezeau, le jour d'hier neuffiesme du presant moys et an, par Me Louis Bernard, sergent de la juridiction de vicompté de Coatmeal, commis, lequel par cestes
declare que le jour troiziesme du presant mois et an, voir ledit Jaouen passé sa maison allant vers l'eglisse dudit bourg de Ploudalmezeau, blessé et remply de sancg et qui criet sur le seigneur marcquis de Sanzé et que ledit Jaouen estoict tout seul ; de plus declare ledict Deniel n'estre neullement cognoissant qui avoict blessé ledit Jaouen attendue qu'il ne vist personne au tour de luy ny a le frapper, que comme dict est, en passant la maisson dudit Deniel, ledit Jaouen nomma ledit Deniel pour tesmoing, estant a sa porte, quelles declarations ledit Deniel affirme verittable, offrant de le reppetter en justice et ou que requis sera, et ne vuiendra jamais encontre, soubz obligation de touts ses biens, foys et sermant. De tout quoy a requis le soubzsignant notaire royal de luy rapporter acte attandu sa caduccitté et son grand aage de quattre vingts neuff ans et mesme estre occupé du bureau du tabacq, ce que je luy ay rapporté et dellivré sur le lieu pour luy valloir et servir comme il sera veu appartenir, et ne schassant (sic) signer, lequel a prié de signer pour luy honorable homme René Lostis dudit bourg de Ploudalmezeau, o le mien soubzsignant notaire royal, lesdits jour et an". (source : ADF, B 2117, procédures criminelles)
Pour en savoir plus sur la personnalité du marquis de Sanzay, on peut lire les cahiers de l'abbé Arzel, disponibles dans la bibliothèque numérique. Voir page 32 notamment : "Il est certain que cette famille a laissé une bien triste réputation", écrit-il.
Pour terminer, voici l'inventaire fait en 1704 chez Anne Quéméneur veuve Jaouen. La pose des scellés :
"Soubzsigne Yves Pen praticien demeurant en la ville de Brest parroissde Saint Louis, faisant et tant pour messire Jullien Goular comissaire (des tutelles) aux apositionent scelés et invantaires du ressort de la cour royalle dudit Brest, que pour le greffe de ladite Cour, certifie et raporte m'ettre ce jour trantiesme janvier mil sept centz quatre expres transporté de madite demeure jusques au village de Kerlanou parroisse de Guitalmezeau distant de cinq lieues apres de decez de Anne Quemeneur en son vivant veuve de prigent Jaouhen et curatrice des enfantz mineures de leur mariage, en conservation des droitz desdits mineurs et autres qu'il apartiendra, ou estant randue, parlant a Servais Jaouhen l'un de ses enfantz majeur, lequel apres luy avoir declaré le sujet de ma comission m'a dit n'avoir moyens empechant l'effet d'icelle, a quoy procédant j'ay en sa presance apozé les sceaux de ladite cour royalle de brest sur une huge remply de mistillon estant dans la cuisine, par le moyen d'une bande de papier chiffré et paraphé du soubzsignant, autre bande apozé sur une armoire dans laquelle il y a diferantes hardes estante dans la chambre a costé deladite cuisine, come aussy j'ay apozé autre bande sur autre huge dans ladite chambre aussy remply de mistillon lesdites deux dernieres bandes armoyés et chifrés come devant. Ensuite de quoy j'ay annotté dans la ditte cuisine une table avecq ses bancs, quatre litz clos, une huge dans laquelle il y a un peu d'avoine, un pot de fer, un cofre ou il y a des poidz,
la provision de sallé consistant en un cochon nouvellement tué, dans la chambre a costé de la cuisine, un lit, un charnier ou il y a 3 potés de boeure, autre charnier vide, une table, un garde manger, une maye a paste, dix centz de lin, une huge vide, dans la grange sur l'aire deux charette ferrées, la charue avecq ses apareaux, deux mulons de foin et paille meslé estant sur l'aire, et un mulon de genetz, autre jumantz, trois vaches, deux gennisses, trois cochons et
un enclume, souflet, marteaux et autres outils et affaires a un forgeron, a la conservation des quels sceaux et biens meubles cy devant annottées j'ay chargé ledit Servais Jaouhen pour en faire bonne et fidelle representation lors que recquis sera, ce quil a promis faire et dit ne scavoir signer de ce interpellé suivant l'ordonnance.
De tout quoy j'ay raporté le presant proces verbal sur les lieux a valloir et servir comme il apartiendra declarant me retirer au bourg dudit guitalmezeau pour y prandre mon logement en attandant le jour de demain me randre a mondit domicille attandu la distance des lieus, lesdits jour et an. Y. Pen, Commis."
Un résumé de l'inventaire :
Les 30 et 31 mai 1704, l'inventaire des biens d'Anne Quéméneur, veuve de Prigent Jaouen, est réalisé à Kerlanou en Ploudal. pour la juridiction des réguaires, sur la requête de leur fils aîné Servais Jaouen, curateur de son frère et de ses soeurs mineurs. Les experts choisis sont les ménagers Claude Perrot de Kerlanou et Jean Tanguy de Kergounan en Lampaul-Ploudal.
Dans la cuisine, "une table neuve bois de chesne avec sa couverture 4 livres 10 sols, un banc dossier de divers bois servant d'un costée a s'esoir aupres de ladite table, sans clef ny clavure, 3 l.", un autre banc, 4 lits clos, 5 greniers, "6 ecuelles et 6 cuillieres de bois et une autre ecuelle aussy de bois servant a tirer les vaches", un mechant couteau crochu, une couverture de paille au dessus de la table servant a couvrir le pain, un chandellier de cuivre, une mechante buy de terre et une petite tasse de feiance, 5 mechants pots de terre a metre le lait, deux mechants benittier de feyance cassés et une petite bouteille de terre a metre l'eau benitte, "une planche estant au dessus de la cheminée et trois potées de graisse de cochon pour faire de la soupe",
"Dans la chambre au bout de la cuisine, une mechante armoire bois de sapin a deux battant avec sa clef et claveure", un lit clos, un petit garde manger, une table toute uzée, un méchant coffre bois de frêne, un charnier, une "maie a pate", "2 fusils a pierre a feu dont un est tres mechant aussi une meschante espée".
Dans le grenier, un coffre, 20 ballins presque toutes neuves, 2 milier pezant de lin pessellé, 12 livres pezant de fil de reparon, un rouet a filler, 3 dividoirs et une pesselle de bois, 16 poids de fil d'estoupe, une paire de grand braisse a peigner du lin. Dans le jardin "4 ruches avec leurs mouches a miel"
"Dans la forge sur la cour, un grand soufflet, une bigorne, un moule a faire des cloux a chairux, l'enclume, quelques marteaux, autres uztancils de ladite forge, avec un peu de mechantes ferures estimés ensemble 60 l."
Le bétail se compose de 3 vaches, 2 génisses, 2 "vedelles" d'un an, 3 veaux d'un mois, 4 juments, 6 "oyes et un ..." (un jard ? espace laissé en blanc), 4 poules et un coq, "une truye pleine et preste a faire des petit cochons", un cochon d'un an et une petite truie,
"Les gaigneries estantes par racines dans le courtil de la maison et une piece de terre nommée parc le deniel dans lequel il est entré en semance 2 bouesseaux d'orge estimé raporter a la recolte 12 boisseaux qui pourront valloir 45 s. le bouesseau cy 27 l." etc., "et finallement dans ledit measeau goarem 14 seillons de lin qui ont estimés pouvoir produire 14 cents poignées de lin en verge après qu'ils seront rouis et pouvoir valloir 30 s. le cent de poignées qui font 21 l.". Total de l'inventaire : 1051 livres et un sol. (source : ADF 23 B 157).
Beaucoup de détails et de précisions, comme chacun peut le constater.
Cordialement,
Eric
CGF 4254
https://gw.geneanet.org/caerynyr