lieu noble

Linguistique - Anthroponymie - Toponymie :
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Mary
Messages : 4
Enregistré le : 02/08/2007 13:37

lieu noble

Message par Mary »

Bonjour,

sur un acte de mariage je lis que le marié est domicilié et travaille "en lieu noble ". Pourquoi une telle précision sur un acte d'état-civil ? En quoi était-ce important ? (vers 1800 )
Marie Leroël
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antennemorlaix
Messages : 840
Enregistré le : 18/11/2006 11:37

Message par antennemorlaix »

La différence entre lieu noble et lieu roturier est surtout fiscale.
Entraide Morlaix.
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Rémi
Messages : 82
Enregistré le : 15/04/2007 16:38
Localisation : (91) Savigny-sur-orge

Message par Rémi »

Bonjour,

je ne suis pas un spécialiste mais en effet la qualification de terre noble était associée avec le non-paiement par les nobles d'un impôt : la taille.
Sans rentrer dans les détails c'était une sorte d'impôt sur la propriété et sur les revenus d'activités. En étaient exemptés les nobles (a priori combattants à l'origine, même si avant la révolution ce n'était plus guère évident) mais aussi le clergé, et au fur et à mesure, les détenteurs d'office (juridique par exemple). Ainsi la taille écrasait surtout les paysans et épargnaient des gens sans doute moins productifs. Cela aurait du changer avec la Révolution mais la plupart des terres ne sont pas allés aux paysans mais à ceux qui connaissaient les rouages du système dont ils vivaient : gros bourgeois, notaires, fonctionnaires, etc. Le métayage existe encore aujourd'hui...

Est-ce que le possesseur noble faisait la terre noble ou la terre noble conférait la nobilité ? Je ne saurai pas dire. A l'époque, les possibilités de suivi adminsitratif étaient surement moins développées que maintenant, et, qui plus est, étaient au mains d'une catégorie privilégiée.

J'ai trouvé trace d'une procédure juridique du 18ème siècle entre frères qui se déchiraient au sujet d'une terre noble en Guiclan, les garennes Nevez et du Rest, dont l'expertise a été faite par un avocat nommé chaillou.

Il en ressort que la qualification de terre noble pouvait évoluer au fil du temps. Dans cette procédure, le fils ainé, héritier principal et noble, fait tout pour prouver le caractère noble des terres, arguant d'un fait reconnu au 18ème siècle : la coutume établit la présomption de nobilité sur 40 ans de gouvernement noble (pas seulement possession mais qu’il y ait eu gouvernement comme noble). Cela va dans son intérêt pour un partage noble avantageux pour lui. A l'inverse, les autres enfants contestent la nobilité des terres, pour en hériter une plus grosse part, argumentant du principe reconnu en Bretagne que toute terre est présumée roturière si on ne prouve sa nobilité. Finalement l'avocat Chailloux a décrété la nobilité des terres. Cependant, pour des motifs de cupidité, une terre pouvait fort bien passer de noble à roturière.

Enfin, dans "Noblesse et Pauvreté" de Michel Nassiet, c'étaient parfois les terres nobles qui faisaient la Noblesse. Compte tenu de la difficulté de suivi de toutes ces terres à l'époque par le pouvoir royal, il était aisé pour un riche bourgeois d'acheter une terre reconnue comme noble par tous, d'attendre une génération, d'accoler le nom de la terre à son nom ce qui permettait d'avoir une particule et le tour était joué. Dans le même esprit, les nobles de la plèbe nobiliaire que n'avait plus que l'épée en plus de la charrue avaient tout intérêt à bien rappeler le caractère noble de telle ou telle terre.

Cordialement

Rémi
Rémi de Kersauson - CGF4102
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Mary
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Enregistré le : 02/08/2007 13:37

Message par Mary »

J'ai beaucoup appris dans ces deux réponses : merci pour tous ces détails .
Marie Leroël
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