lecture actes anciens

Linguistique - Anthroponymie - Toponymie :
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LE BERRE PATRICK
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lecture actes anciens

Message par LE BERRE PATRICK »

Bonjour,
Mon ancêtre Vincent Le Berre né en 1652 et décédé en 1719 à Saint-Thois
était notaire et procureur royal de Laz. J'ai retrouvé aux AD29, quelques
actes signés de sa main mais que je n'arrive pas à comprendre. Quelqu'un
pourrait-il m'aider à les lire ? Cordialement, Patrick Le Berre
Ci-dessous exemple d'acte :
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Maryse Schreiner
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Re: lecture actes anciens

Message par Maryse Schreiner »

Bonjour Patrick et Bienvenue sur le forum

L'équipe de ce forum est heureuse de vous accueillir.

:arrow: Merci de bien vouloir prendre connaissance de notre message d'accueil

Je vous souhaite de bons échanges dans ce forum !
Cordialement

Maryse
Maryse Schreiner CGF08289
popeye
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Re: lecture actes anciens

Message par popeye »

Bonjour,

Il s'agit d'un histoire après succession,
le 16 novembre 1690 après midi.
entre Jan Le Corre, notaire de la juridiction de la Roche et Marie Le Poulliquen, veuve d'Yves Le Gall qui habite Saint Thois, Kerongar.
En cause, une prolongation de bail d'une maison et dépendances.
yvan calloc'h

CGF17591 - Houdeie - Auffret - Calloc'h et Caugant
popeye
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Re: lecture actes anciens

Message par popeye »

Bonjour,

Quelques éléments sur le milieu des notaires/procureurs :
Jan Le Corre et Vincent Le Berre se connaissent assez bien (Jan Le Corre est le parrain d'une de filles de Vincent Le Berre).
C'est un milieu assez fermé avec des échanges de bons procédés.
La plupart des notaires achètent des biens (pas trop chers, ils sont très bien placés lors des ventes) qu'ils louent ensuite.
Les familles Le Corre et le Berre vont s'unir par le biais de Noël qui épouse une nièce de Jan Le Corre.

J'ai un nombre assez significatifs de notaires dans mon ascendance avec des variations de niveau social parfois un peu étonnantes mais toujours avec la transmission de biens immobiliers assez conséquents.

Pour terminer, Vincent le Berre n'est pas un inconnu puisqu'il figure
comme beau-fils d'un de mes ancêtres maternel, Jean Le Suignart, le maréchal ferrant ménager de Penfoul à Lothey mari de Marie Nédélec.

Cordialement
yvan calloc'h

CGF17591 - Houdeie - Auffret - Calloc'h et Caugant
LE BERRE PATRICK
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Re: lecture actes anciens

Message par LE BERRE PATRICK »

Bonjour et merci pour vos renseignements très intéressants. J'ai encore 3 actes signés de Vincent Le Berre. Puis-je vous les transmettre ?
D'autre part, j'aurai voulu comprendre par quel cheminement, Vincent Le Berre est devenu notaire.
J'aurai grand plaisir à vous rencontrer pour discuter au sujet des notaires que vous paraissez bien connaitre. Est ce que vous venez quelques fois en Bretagne ?
Cordialement,
Patrick Le Berre
popeye
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Re: lecture actes anciens

Message par popeye »

Bonjour,

Merci pour l'invitation.
Je me rendrais probablement un jour à nouveau en Bretagne (où je suis né) pour régler quelques sujets mais cela ne dépend pas complétement de moi.

Le sujet de l'accès au notariat est fort intéressant.
Pour être notaire, il y a plusieurs conditions :
Avoir fait quelques études (qui coûtent cher),
Avoir la surface financière pour pouvoir acheter la charge,

De ce que j'ai compris, les familles aisées (cultivateurs ou marchands) éduquaient leurs fils
et tentaient d'obtenir (pour certaines familles) des charges pour les fils instruits.
Le poste de procureurs était souvent une première étape avant de devenir notaire (d'une juridiction et/ou aposlotique).
Il existait aussi des postes de procureurs fiscaux.
Enfin (et j'ai l'impression que ces postes-là rapportaient plus et permettaient parfois d'accéder au "gral", le titre nobiliaire transmissible) :
Les postes de greffiers, lieutenant, sénéchal qui passaient de famille en famille (souvent dans la même).
Il faut comprendre que les charges étaient un très bon investissement financier (les actes étaient facturés) avec des ratios pouvant aller de 1 à 8 (le fruit des actes facturés rapportait jusqu'à 8 fois la mise de départ, le prix de la charge).
De ce que j'ai vu dans les coûts des charges de l'époque, une charge de greffier coutait environ 2000 livres (l'ensemble d'une succession d'un paysan très aisé) ce qui limitait évidemment l'accès.
Ce ne sont que des estimations qui devaient varier en fonction des zones.
Le notariat permettait aussi manifestement d'acquérir des biens immobiliers.
J'ai par exemple l'impression que les descendants d'Yves Le Coffec (notaire à Cast décédé en 1670) ont largement vécu sur les biens accumulés par le notaire :
https://www.geneanet.org/archives/regis ... /25316/226

Cordialement

Yvan Calloc'h
yvan calloc'h

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LE BERRE PATRICK
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Re: lecture actes anciens

Message par LE BERRE PATRICK »

Merci beaucoup pour toutes ces informations complémentaires et cordialement,
P Le Berre
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abiron
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Re: lecture actes anciens

Message par abiron »

Bonjour,

Et pour être un peu plus complet (Yann en a dit l'essentiel), aux XIVe et XVe siècles, la charge de notaire ducal est majoritairement aux mains de la noblesse pauvre (Cf Michel NASSIET, Noblesse et pauvreté, la petite noblesse XVe-XVIIIe siècles, Rennes, 2012 et Jean KERHERVE, l'Etat breton aux XIVe et XVe siècles, Paris, 1987).

Salutations généalogiques
Ronan ABIVEN CGF 208 B
Goueled Leon/Gorre Leon/Bro Bagan
LE BERRE PATRICK
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Re: lecture actes anciens

Message par LE BERRE PATRICK »

Bonjour, ci-joint la synthèse de ce que j'ai pu recueillir sur mon ancêtre Vincent Le Berre, notaire. Merci par avance pour vos remarques et suggestions pour poursuivre la recherche :

Vincent Le Berre (512), notaire et procureur du marquisat de la Roche et baronnie de Laz (d’après recherches Geneanet, CGF, CGPoher)

Vincent Le Berre (512) est né en 1642, à Saint-Thois, au lieu-dit Lesren, hameau situé à environ 5km à l’ouest du bourg.
Il est le fils aîné de Marc Le Berre (1024) né en 1628 et décédé en 1679 à Saint-Thois (le même jour que son épouse ? à vérifier) et de Isabelle Douguet (1025) née vers 1631 et décédée en 1679 à Lesren en Saint Thois. Ils ont eu 7 enfants : Vincent, Noël né en 1654, Suzanne née en 1657, Joseph né en 1660, Gabrielle née en 1662, Catherine née en 1665 et décédée à 12 ans en 1677, Gillette née en 1668.
Vincent Le Berre (512) a été marié trois fois et a eu 7 enfants :
- Vers 1675 avec Marguerite Le Roux dont il a eu trois enfants : Pierre né en 1675 à Saint Thois et marié en 1710 avec Eliette Lochou, Guillaume né en 1678 à Lesren en Saint-Thois qui deviendra prêtre et Catherine née vers 1679 et mariée en 1710 avec Jean Lochou (frère de Eliette Lochou),
- En 1680 avec Jeanne le Suignart (513), fille de Jean Le Suignart, maréchal-ferrant au manoir de Penfoul en Lothey et ils ont eu trois enfants : notre ancêtre direct Noël Le Berre (256) né en 1682 à Lesren en Saint-Thois marié avec Claude Le Corre à Laz, Marguerite née en 1685 à Saint-Thois et Marie née en 1687 à Lesren en Saint-Thois,
- Vers 1693 avec Marguerite Tanguy dont il a eu un enfant : Françoise Claudine née en 1694 à Saint-Thois.
Il décède le 12 septembre 1719 à Lezren en Saint-Thois.
D’après les données concernant l’histoire de la commune de Laz présentées sur le site infoBretagne.com :
« Le siège de la seigneurie de La Roche était établi dans un vieux château bâti sur un roc escarpé dans la paroisse de Saint-Thois et qui n’était qu’une ruine lorsqu’en 1576, le roi Henri III érigea la seigneurie de La Roche en marquisat en faveur de Troïlus de Mesgouez, comte de Joyeuse Garde et gouverneur de Morlaix. En même temps le roi annexa au marquisat de La Roche, la baronnie de Laz.
Troïlus de Mesgouez mourut sans postérité et le marquisat de La Roche et de la baronnie de Laz passèrent successivement à sa nièce Anne de Coatanezre qui épousa Charles de Kernezne de Milizac, puis à leur fils Charles II de Kernezne qui épousa Robine de Marbeuf et mourut en 1677 au manoir de Trévarez en Saint-Goazec, puis à leur fils Lucas de Kernezne né en 1641 et décédé en 1699 à Trévarez. »
A noter que Lucas de Kernezne, marquis de la Roche est le parrain de Joseph Le Berre, frère de Vincent Le Berre.
J’ai retrouvé aux archives départementales de Quimper, une dizaine d’actes notariés signés de la main de Vincent Le Berre (512).
Dans ces actes qui datent de 1686 à 1700, il apparait généralement sous le titre de notaire de la cour et juridiction du marquisat de La Roche et de la baronnie de Laz.
Son lieu de domicile « Lesren » souvent cité dans les actes de naissance et décès de sa famille, apparait parfois sur certains actes. Cela parait surprenant qu’une étude notariale puisse être située en pleine campagne dans un hameau à environ 5 km du bourg de Saint-Thois.

Ces actes en Français de la fin du 17ième siècle sont difficiles à lire pour un néophyte. L’un d’eux, daté du 16 novembre 1690 après-midi et déchiffré par Yvan Calloc’h au travers du forum CGF, montre qu’il s’agit d’une histoire de succession entre le notaire Jean Le Corre et Marie Pouliquen veuve d’Yves Le Gall qui habite à Kerongar en Saint-Thois. En cause, une prolongation de bail d’une maison et dépendances.,
Dans de nombreux actes, le nom de Jean Le Corre, notaire et procureur de Laz apparait. Né en 1653 et décédé en 1730 à Laz, celui-ci était domicilié au manoir de Kerrohant, à 3 km environ au nord du bourg de Laz.
Vincent Le Berre et Jean Le Corre étaient probablement proches. Le fils de Vincent Le Berre, Noël Le Berre (256) épousera Claude Le Corre, fille d’André Le Corre né en 1649 à Laz et nièce du notaire Jean Le Corre. A noter que Jean Le Corre a eu un fils René Maurice né en 1677 et décédé en 1732 à Laz qui deviendra bailli, avocat et sénéchal et sieur de Keryerou.
D’après Yvan Calloc’h (forum CGF), il y avait plusieurs conditions pour devenir notaire : avoir fait quelques études et avoir la surface financière pour acheter la charge. Des familles aisées (cultivateurs ou marchands) éduquaient leurs fils et tentaient d’obtenir des charges pour les fils instruits. Les postes de procureur étaient souvent une première étape avant de devenir notaire. Il faut comprendre que les charges constituaient un bon investissement financier, le fruit des actes facturés pouvait rapporter jusqu’à 8 fois le prix de la charge. Le notariat permettait aussi d’acquérir des biens immobiliers.
En résumé, on peut imaginer que Marc Le Berre (1024) était un paysan domicilié au village de Lesren en Saint-Thois, assez riche pour pouvoir financer les études et l’achat de la charge de son fils aîné Vincent Le Berre (512). Il serait intéressant de pouvoir répondre aux questions suivantes :
- Où a-t-il bien pu faire ses études, surtout si on se replace dans le contexte de l’époque, dans la région de Saint-Thois-Laz, où l’on parlait le breton ? Dans un acte notarié, il est écrit « laquelle après avoir entendu lecture en son vulgaire langage breton de la teneur et substance du contrat ».
- Pourquoi sa charge de notaire n’a pas été transmise à un de ses fils ?

P Le Berre
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