François LE GALL : redondance et tautologie ?

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Pagan1429
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François LE GALL : redondance et tautologie ?

Message par Pagan1429 »

Je constate à travers les diverses générations de ma recherche généalogique : Gall = ar galleg = le français ! Comment expliquer cette affirmation redondante et redoublée de la francité, pour des bretons. Souvent ils ne parlaient que cette langue d'ailleurs et jamais de trace dans les registres ! Du masochisme ? de la nécessité d'affirmer l'appartenance patriotique ?
Il y a aussi des Francesca, Francisco, etc... dans d'autres langues (cf. François d'Assises) : donc pas lié nécessairement à Français ?
Merci de m'indiquer s'il y a des études là-dessus ?
SEZNEC Jean René
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Message par SEZNEC Jean René »

Bonjour,
je ne comprend pas bien vos interrogations

Partant des registres que j'ai pu consulter
jusqu'à la révolution les régistres BMS sont tenus par le clergé
le latin est encore utilisé au 17 ème siècle d'où les prénoms latins que vous évoquez .

la langue officielle est le français : d'où la françisation dans les actes, des prénoms et des noms
Certains patronymes d'origine bretonne seront (heureusement) conservés
Mais la langue bretonne ne sera pas, ne sera plus la langue officielle
(comme toutes les langues dites régionnales)
et sera même combattue par l'état français jusqu'à sa quasi disparition

la volonté de l'état jacobin d'uniformiser sur son territoire la langue française explique tout du moins en partie l'absence de la langue bretonne dans les actes d'état-civil

oui : LE GALL pour le breton est le patronyme désignant celui originaire de "l'autre pays"

comme dans certaines fratries selon la volonté, l'interprétation, la politique du moment ... du rédacteur de l'acte
certains enfants seront
soit LE BIHAN soit LE PETIT
soit YAOUANC soit LE JEUNE
etc ...
donc, soit portant un patronyme BRETON soit la traduction en français de ce même patronyme breton

Je suis aussi intéressé par les interrelations latin - breton breton -français
dans la généalogie

Jean René
CGF 1264 c
yvonne prigent
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Message par yvonne prigent »

Bonsoir,

L'autre jour a Landerneau, en visionnant ...la paroisse de St-Julien, j'ai remarqué un acte en 1644, de l'eveque , demandant qu'à partir de ce jour-là , on mette les actes en Français...
Mais jusqu'en 1645, dans cette paroisse , ils étaient en latin . (légère désobéissance ??)

J'ai signalé cet acte, a la personne de la bibliothèque, qui en a fait tout de suite une photocopie, pour ses archives .

Voilà...

Normalement, les noms de familles datent du 12ème siècle , il me semble , donc c'est normal, d'etre appellé "Le Gall", si on est étranger a la Bretagne .

(je ne suis pas spécialiste...)

Bonne soirée ...
Yvonne Prigent.
Pagan1429
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Message par Pagan1429 »

Merci déjà pour ces remarques utiles. Plus que d'interrogations, je voulais répercuter mes étonnements par mes premières découvertes sur ma propre généalogie.
Ce qui m'a frappé aussi : c'est d'imaginer la "violence" que cela pouvait être pour tout un chacun sous la "Révolution" de se soumettre du jour au lendemain à un calendrier "républicain" faisant perdre sans doute tout repère non spatial mais du moins temporel ou intergénérationnel ? Cela at-il pris du temps ? Cette volonté de table rase de calendrier me paraît très violente si elle devait s'appliquer à moi aujourd'hui ! Déjà que cela m'agace que les "saints" du calendrier ne soient plus évoqués systématiquement aux périphéries des journaux télévisés !
Je n'ai pas reçu de réponse sur le pourquoi de cette volonté systématique de vousloir souvent transmettre le prénom "François" de génération en génération dans certaines familes que je vois dans mes recherches généalogiques en cours.
Merci encore et à +
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Anne-F. GRALL-PERES
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Message par Anne-F. GRALL-PERES »

Bonjour.
Pour votre dernière question : ce n'est pas une volonté de transmettre le prénom François par principe d'assimilation . Il y a bon nombre de familles où LE prénom transmis systématiquement est Jean, Yves , ou Guillaume. Vous êtes simplement tombé sur une branche de François. Pour les filles, c'était Anne, Marie, Françoise ou Marguerite.

Il faut savoir que le prénom était choisi le plus souvent par le prêtre. On voit beaucoup d'actes de baptême rédigés ainsi : " on lui a imposé le prénom X...". En général aussi on transmet le prénom du parrain, ou du grand père. Dans ma propre famille j'avais repéré dans les générations récentes la transmission du prénom Luc sous toutes ses formes (Lucas, Lucien, Lucienne, jusqu'à ma nièce Lucie) . Par curiosité j'ai remonté les générations, et suis arrivée à un prénommé Lucas au 16 ème siècle, pas du tout dans le même canton, qui semble avoir été le premier de la série ininterrompue jusquà nos jours.
Quelques prénoms bretons localisés se sonttransmis de la même manière (comme Goulven, dans le Léon, ou encore Tanguy). On a de bonnes raisons de penser qu'à côté de ce prénom officiel, l'usage donnait à chacun une identité autre, par un autre prénom, ou surtout un surnom; car on peut trouver trois François, deux Yves ou trois René dans la même fratrie.

En conclusion, ne faites pas trop une "fixation" sur ce prénom "François", je ne pense pas qu'il y avait là une intention particulière d'imposer une identité "françoise". Et "Gall" originellement signifie non pas "le Français", mais "l'étranger"...qui pouvait être celui de la paroisse d'à côté.

En espérant avoir répondu à votre interrogation, bonne continuation dans vos recherches
Cordialement.

Anne F. GRALL
Pagan1429
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François et Le Gall (français et galleg !)

Message par Pagan1429 »

Merci encore : les précisions sont très intéressantes et me conviennent.
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antennemorlaix
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Message par antennemorlaix »

On constate que dans de nombreuses paroisses, le prénom est celui du parrain pour les garçons, et de la marraine, pour les filles.Cela explique le maintient d'un même prénom dans une famille sur de nombreuse générations (Nicolas pour les GAOUYER de Plouean, Bernard pour les BELLEC de Taulé).
Entraide Morlaix
Pagan1429
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Message par Pagan1429 »

Je me fais une petite réponse supplémentaire ce jour : je viens de recevoir des photocopies d'actes de CGF29 et certaines concernaient les années "révolutionnaires". Je constate que l'officier public lui-même écrit la correspondance des deux calendriers lui-même : ainsi sur le registre de Kerlouan "Marie Yvonne Le Gall, fille légitime etc... née à Menham à sept heures du matin, le seizième jour de germinal an second de la république française une et indivisible répondant (?) au cinquième avril 1794..."
Cela permettait de ne pas perdre le nord !
Car je posais la question de la brutalité d'imposer du jour au lendemain un nouveau calendrier...
jean-marie boileau
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Message par jean-marie boileau »

En effet François n'est pas spécifiquement français, même s'il a pu prendre en France un aspect "ethnique"... Après tout, le premier saint portant ce nom est François d'Assise!
L'expression "on lui a imposé le prénom de..." n'indique pas que ce soit le prêtre qui a décidé du prénom, c'est l'expression consacrée. Le choix du prénom est une affaire uniquement familiale : il s'agit d'insérer l'enfant dans la famille, la lignée, le groupe : d'où les prénoms repris de génération en génération, puisque les parrains/marraines sont le plus souvent des membres de la famille, grands parents, oncles et tantes, cousins ou des voisins... Seul le choix d'un parrain ou d'une marraine "de qualité" (nobles, prêtres, bourgeois...) peut réellement amener des prénoms "nouveaux". Du moins jusqu'à l'apparition de l'effet de mode, au XVIIIè siècle (surtout à la fin) : dans mes recherches normandes, apparaissaient alors les Victoire, Adélaïde, Frédéric, Victor... inconnus auparavant, qui montrent l'adoption de prénoms de la haute aristocratie, voire de la famille régnante. Mais il me semble aussi que certains prénoms sont alors délaissés : j'ai l'impression, par exemple, que les Amice, Appoline, Adélice sont moins nombreuses parmi mes familles bretonnes au XVIIIè qu'au XVIIè siècle. Goulven, par exemple, disparait pour les garçons : dans le canton de Châteauneuf, Recif en relève 30, dont six au XVIIIè siècle, le dernier en 1735...
Quand aux noms de famille le Gall, pensons aux si nombreux Langlais/Langlois et Lallemant... Je suis plus étonné de trouver en pleine Bretagne bretonnante des Le Breton!
Le calendrier "républicain" fut bien une violence faite au peuple français, elle est le témoin de la haine que beaucoup de révolutionnaires, issus des "lumières" portaient à la religion chrétienne, elle marque la volonté (avec la chasse aux "Saints..." dans les toponymes, d'extirper celle-ci de la tête et du coeur des Français, bref de faire "table rase" et de créer un "homme nouveau". Première expérience totalitaire qui sera suivie, ailleurs, d'autres...
Cela dit, je ne crois pas que nos ancêtres aient réellement beaucoup utilisé ce ridicule calendrier (en Normandie j'ai quand même trouvé un "Jean Plantoire", qui était né le jour de cet utile objet!)... C'était l'affaire de tous ceux qui avaient une fonction "officielle", comme ceux qui étaient chargés de l'Etat civil.
Boileau Jean-Marie CGF 4216
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