Pauvre laboureur - Saint Pabu - 1704

Linguistique - Anthroponymie - Toponymie :
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Soizig Le Bourg-Caugant
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Pauvre laboureur - Saint Pabu - 1704

Message par Soizig Le Bourg-Caugant »

Bonjour !

Je trouve aujourd'hui dans RECIF :

01/02/1704 Saint Pabu (Pays : Ploudalmézeau ) Mariage
JESTIN Guillaume, âgé de 40 ans (Lieudit : Bourg Blanc), Pauvre laboureur
L' ESCOP Constance, âgée de 30 ans, Pauvre laboureur
Fille de Jan , présent et de MORVAN Isabelle, présente
Témoins : Matthieu Paul

Aviez-vous déjà rencontré de "pauvre laboureur" ? Je me souviens que nous avions eu une discussion au sujet des laboureurs et qu'il en était ressorti que le laboureur n'était pas si pauvre que cela et qu'il était propriétaire de sa terre...
Amicalement
Soizig Le Bourg-Caugant
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Francine Laude (†)
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Message par Francine Laude (†) »

Bonsoir

oui on a parlé de "pauvre laboureur" :lol:

dans un de ces sujets
Linguistique matelot classé
Linguistique métier: Ménayer = Ménager ?
Linguistique Profession: "Texier"
Linguistique Profession : Texier ?
Linguistique Métiers: laboureur, ménager, cultivateur.......
Linguistique Métiers; Journalier, ménager, cultivateur, laboureur

recherche ...laboureur ...linguistique

ou dans un de ceux de services

si cela ne correspond pas exactement
il vaut quand même mieux poser votre question
dans un de ceux déjà ouvert :lol:

Amicalement
Francine
Amicalement
Francine
jean-marie boileau
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Message par jean-marie boileau »

Bonjour,

J'ai également rencontré cette expression. Et en ai été fort étonné : j'ai longtemps dépouillé des registres normands, et en Normandie, comme en Île de France, nul doute qu'un laboureur est un paysan riche, qui possédait en propre jusqu'à trente ou quarante hectares de terre... La fable de La Fontaine Le laboureur et ses enfants (Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,...) en est est aussi un exemple. Je suis aussi frappé de la rareté des autres termes utilisés ailleurs pour désigner les paysans moins aisés comme les journaliers de Normandie ou les manouvriers d'Île de France...

Je trouve nos registres bretons pauvres en mentions de métiers, mais le mot qui revient le plus (parmi mes chers ancêtres) est ménager. Cela correspond-il au laboureur d'autres régions? Et qu'est-ce alors qu'un laboureur de terre, expression qui revient également assez souvent?

Si vous avez de plus amples lumières...

Cordialement,
Boileau Jean-Marie CGF 4216
Françoise Vigouroux
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Message par Françoise Vigouroux »

Bonsoir,

J'ai également rencontré des "laboureurs de la mer", surtout dans la Presqu'île de Plougastel, j'en ai déduit, peut-être un peu vite, qu'il s'agissait de marins pêcheurs.

Par ailleurs, j'ai trouvé aussi une famille de "pauvres laboureurs" qui ont terminé leur vie en étant "pauvres mendiants".
Cordialement

Françoise
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cochennec
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laboureurs/menagers

Message par cochennec »

bonsoir,

1) L'expression pauvre laboureur est en effet un paradoxe. Un laboureur ne peut être pauvre sauf s'il est ruiné. C'est cette chute sociale que le prêtre a voulu souligner lors de l'enterrement. Cela n'est pas très charitable mais peut être une façon maladroite de souligner que le défunt fut auparavant "quelqu'un" avant de "trébucher" financièrement. Et de laboureur ruiné on devient parfois mendiant.

Le terme pauvre ne s'applique pas de manière aussi franche qu'aux roturiers. Dans certaines montres, certains nobles sont aussi qualifiés crûment de "pauvre" ou "estant ruisné". ce qui explique qu'ils n'ont pu se rendre à la montre ou qu'ils y sont mais sans leur équipement (cheval, brigandine, arc,...)


2) ménager : le terme désigne un propriétaire de terres. Dans les aveux de la réformation de 1668, le terme ménager est souvent accolé à ceux qui avouent posséder prochement du Roi héritages, terres et dénombrement à titre de foy, hommage, lods, vente et rachapts le cas advenant..

3) J'ai lu quelque part qu'un ménager était un petit agriculteur propriétaire. Et bien pas forcément. La lecture des aveux dans le Finistère montre que la superficie varie. Pour certains, c'est 5 hectares, pour d'autres plus de 20 hectares soit plus que le voisin "noble".
La taille moyenne générale est de 8 à 10 hectares. c'est d'ailleurs la moyenne que Jean Gallet a mis en lumière pour le Vannetais sur la base de la lecture des aveux. Donc pas de différence d'un département à un autre.
Il faut savoir que 15 hectares peuvent être considérés comme une grosse exploitation en cette fin du 17 ème siècle et dans cette partie de la Bretagne (nous ne sommes pas dans la Beauce, ni en Normandie). Et le vrai problème n'est pas tant la superficie des terres mais plus tôt leur éparpillement. Les tenures sont parfois très éloignées les unes des autres, ce qui ne facilite pas leur bonne exploitation au regard du temps mis à passer de l'une à l'autre.

De même, je suis tombé sur un acte de de décès dans le lequel le défunt est qualifié de "gros ménager". Là aussi expression maladroite du prêtre qui ne signifie pas "un homme corpulent qui fait des ménages" mais désigne quelqu'un qui possède beaucoup de terres. Enfin, j'ai également trouvé le terme laboureur-ménager et celui de "laboureur de terre" qui n'est pas un paradoxe mais un pléonasme. Car, le laboureur laboure forcément la terre ou plus tôt la fait labourer par d'autres.

Pour conclure, le terme cultivateur apparaît progressivement vers le 18ème siècle. Mais, là aussi le terme est très vague et recouvre des situations bien différentes. Certains sont domaniers, d'autres propriétaires de leurs terres. Il faut se méfier parfois des mots. Ils cachent parfois des réalités surprenantes : un "cultivateur" peut avoir jusqu'à huit domestiques. Même chose pour le meunier qui met rarement la main à la farine.

Donc rester vigilant sur la réalité des termes qui apparaissent parfois dans les relevés des BMS et surtout si possible aller dans d'autres archives pour mettre en lumière la réalité sociale de vos ancêtres. Vous aurez parfois des surprises.

Bien à vous

Yann Cochennec
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Salmard-56
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Message par Salmard-56 »

Bonjour,


jean-marie boileau a écrit :Bonjour,

J'ai également rencontré cette expression. Et en ai été fort étonné : j'ai longtemps dépouillé des registres normands, et en Normandie, comme en Île de France, nul doute qu'un laboureur est un paysan riche, qui possédait en propre jusqu'à trente ou quarante hectares de terre... La fable de La Fontaine Le laboureur et ses enfants (Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,...) en est est aussi un exemple.


Il y a clairement une différence d'appellation selon les régions et selon les siècles. Vous évoquez la Normandie, je fais beaucoup de recherches sur la Basse-Normandie et le Perche et ce sont des villages entiers de laboureurs que l'on découvre entre le XVI° et le XVIII° donc j'ai beaucoup de mal à vous suivre sur l'étendue des terres que chaque laboureur aurait possédées (30 à 40 hectares !) ou lorsque vous affirmez qu'"il n'y a nul doute qu'un laboureur est un paysan riche". Certaines générations sont -sur mon arbre- composées à 90 % de laboureurs, or on peut se demander où seraient passés les cultivateurs de bas niveau social. On trouve bien sûr des bordagers, propriétaires de borderie (12 ares) mais il ne semble pas les plus pauvres comparés aux brassiers, aux hommes de peine et autres journaliers (à qui rien -ou presque- n'appartenait mais qui travaillaient plus ou moins au jour le jour, d'où leur nom, pour des propriétaires). Enfin, la pèriode est très importante, le laboureur qu'était Jacques d'Arc et dont la profession d'importance pour le XV° a fait couler de l'encre d'historien, n'est pas le laboureur du XVIII°.

Yann Cochonnec a écrit :1) L'expression pauvre laboureur est en effet un paradoxe.


En quoi ce terme serait un paradoxe. Ce qui est réellement étonnant est cette fantaisie du scribe mais l'association pauvre et laboureur ne me paraît pas paradoxale. Du reste, si ces laboureurs étaient des nantis, quelles auraient été les raisons pour lesquelles certaines épouses auraient eu besoin d'exercer une profession comme journalières alors même qu'elles étaient mères d'un nombre important d'enfants ?

Quant au terme ménager, il possède lui aussi plusieurs sens, le dictionnaire académique lui donne comme origine le maynagier, "homme de peu de ressources, travailleur journalier".

Cordialement,
Fabien.
Modifié en dernier par Salmard-56 le 14/03/2009 14:25, modifié 3 fois.
Bien cordialement, Fabien
jean-marie boileau
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Message par jean-marie boileau »

Bonjour,

Je ne sais quelles régions de Basse Normandie vous avez fréquenté, mais dans la zone que je connais le mieux, le triangle délimité par Argentan L'Aigle et Alençon, au coeur de l'Orne, il en va ainsi : d'après ce qui subsiste des documents fiscaux de l'Ancien régime, on trouve un laboureur sur environ six paysans.

Je n'ai par ailleurs jamais prétendu que chaque laboureur possédait trente ou quarante hectares, mais pouvait posséder jusqu'à trente ou quarante hectares, ce qui n'est pas la même chose! J'occupe ainsi la maison d'une famille de laboureurs possédant trente hectares à la fin du XVIIIè siècle. Mais un laboureur peut très bien en posséder une dizaine, jamais moins toutefois.

En dehors de cela, qui ressemble fort à ce qui se trouve en Île de France (où l'on retrouve la proportion d'environ un laboureur sur six paysans) et dans d'autres régions de la France du nord, je ne connais ni le Perche ni le Bocage, où, peut-être, d'autres appellations ont cours. Si l'on ne trouve que des laboureurs dans une région, c'est que le mot ne recouvre pas la même réalité sociale que dans le reste du bassin parisien.

Dans cette région, le journalier, c'est le terme exclusivement employé, c'est le petit paysan. Il possède non pas rien du tout, mais un ou deux hectares qu'il cultive, parfois grâce à la charrue du laboureur voisin, en échange de services. Il travaille en effet chez les laboureurs, à la journée, en plus des domestiques que celui-ci emploie à plein temps, au moment des gros travaux.

Il y a encore des paysans supérieurs au laboureurs : les marchands de Normandie centrale, les marchands-laboureurs d'Île de France sont ceux qui, outre leurs terres propres, afferment les terres et les herbages du clergé ou de la noblesses, et règnent ainsi sur plusieurs dizaines voire -déjà- plusieurs centaines d'hectares... On n'en trouve, en général, qu'un par paroisse au plus.

L'expression pauvre laboureur, elle est donc, en effet, profondément paradoxale pour quelqu'un qui a l'habitude des registres de la plus grande partie du Bassin parisien.

Quant-au mot cultivateur, il est totalement inconnu en Normandie (dans la mienne en tout cas) comme en Île de France avant la révolution. Il n'est employé qu'au XIXè siècle, avec propriétaire qui a encore moins de sens puisqu'il peut aussi bien désigner le grand propriétaire, que celui qu'on aurait qualifié, sans état d'âme, avant la révolution, de journalier...

Cordialement,
Modifié en dernier par jean-marie boileau le 14/03/2009 14:20, modifié 1 fois.
Boileau Jean-Marie CGF 4216
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Salmard-56
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Message par Salmard-56 »

jean-marie boileau a écrit :Bonjour,

Je ne sais quelles régions de Basse Normandie vous avez fréquenté,


Les alentours de Céton.

je ne connais ni le Perche ni le Bocage, où, peut-être, d'autres appellations ont cours. Si l'on ne trouve que des laboureurs dans une région, c'est que le mot ne recouvre pas la même réalité sociale que dans le reste du bassin parisien.


On est d'accord, selon les régions et les pèriodes, le terme ne signifie pas la même chose. De même par ici (Auvergne), on trouve des laboureurs même dans des endroits où (topographie oblige), on peine à accepter l'idée d'un minimum de dix hectares sous la coupe d'une seule personne. Bref un laboureur n'était pas forcément aisé même s'il était effectivement "propriétaire".

Dans cette région, le journalier, c'est le terme exclusivement employé, c'est le petit paysan. Il possède non pas rien du tout, mais un ou deux hectares qu'il cultive, parfois grâce à la charrue du laboureur voisin, en échange de services. Il travaille en effet chez les laboureurs, à la journée, en plus des domestiques que celui-ci emploie à plein temps, au moment des gros travaux.


Je n'ai pas affirmé qu'ils ne possédaient rien du tout mais ajouté "-ou presque", donc très peu de terre, dans la région où se trouvent les bordagers, les journaliers semblent avoir un situation sociale infèrieure à eux qui possédaient 12 ares au maximum (si mes souvenirs sont bons).

Dans tout cela, nous avons oublié l'homme, garçon ou valet de labour.

Cordialement,
Fabien.
Modifié en dernier par Salmard-56 le 15/03/2009 0:32, modifié 2 fois.
Bien cordialement, Fabien
jean-marie boileau
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Message par jean-marie boileau »

Re,

Encore une fois, et je crois que nous pourrons tomber d'accord là-dessus, dans l'ancienne France, la variété est la règle.

Ceton, c'est l'extrême limite du perche ornais, un autre monde pour moi. Il est très envisageable qu'on y décore tout paysan du titre de laboureur, mais c'est réellement une exception dans le Bassin parisien, cette France du Nord de la Loire que je connais un peu. Dans "ma" Normandie, les termes de brassier ou de bordager sont inconnus, comme celui de haricotier, utilisé en Beauvaisis pour désigner les intermédiaires entre les manouvriers/journaliers et les laboureurs.

Il va de soi que la France du Sud à d'autres termes encore : j'ai des ancêtres chez vous, du côté de Billom et Vertaizon, mais je n'ai pas encore pu les connaître aussi bien que mes Bretons : il n'y a pas dans le Puy de Dôme d'organisation aussi formidable que le CGF, et j'ai gardé un très mauvais souvenir de mon passage, il y a vingt ans, aux archives départementales où la place était fort comptée : peut-être a-t-on fait des progrès depuis...

Cordialement,
Boileau Jean-Marie CGF 4216
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Salmard-56
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Message par Salmard-56 »

jean-marie boileau a écrit :Encore une fois, et je crois que nous pourrons tomber d'accord là-dessus, dans l'ancienne France, la variété est la règle.


C'est le mot : la rêgle est faite pour avoir des exceptions et effectivement nous voilà d'accord.

Il va de soi que la France du Sud à d'autres termes encore : j'ai des ancêtres chez vous, du côté de Billom et Vertaizon, mais je n'ai pas encore pu les connaître aussi bien que mes Bretons : il n'y a pas dans le Puy de Dôme d'organisation aussi formidable que le CGF


C'est en route avec le Cercle Généalogique et Héraldique de l'Auvergne et du Velay mais il est vrai que les dépouillements n'ont débuté à grande échelle que très récemment et que tout n'est pas parfait mais le pas est franchi. En ce qui concerne les termes, effectivement beaucoup ont des origines patoisantes, d'autres sont bien issues du vieux français mais avec les caractéristiques régionales dûes à la topographie ou à quelques autres facteurs comme ceux de la Coutume spécifique à chaque commune par exemple.

et j'ai gardé un très mauvais souvenir de mon passage, il y a vingt ans, aux archives départementales où la place était fort comptée : peut-être a-t-on fait des progrès depuis...


Rassurez-vous, tout a changé, les locaux ont été déplacés et sont neufs, la demande de registre est fluide, beaucoup ont été numérisés et comble du luxe, il y a de la place ! :D

Cordialement,
Fabien.
Bien cordialement, Fabien
cochennec
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retour sur pauvre laboureur

Message par cochennec »

1) Une autre hypothèse de travail vient de me revenir sur l'expression "pauvre laboureur". Si ma mémoire est bonne le Léon a traversé une sérieuse crise économique au 18 siècle avec des conséquences sérieuses pour ses habitants. cela a même fait l'objet, si ma mémoire est bonne là encore, d'un ouvrage intitulé "La grande misère des paysans léonards au 18ème siècle" par un père abbé dont je ne me souviens plus du nom.
Alors si les dates des actes de décès correspondent au Léon et à cette période de crise économique, dans ce cas la formule "pauvre laboureur" est peut être l'expression de la compassion du prêtre. A vérifiez si dates actes de décès correspondent avec cette période de crise.

2) pour en revenir au débat sur les notions de laboureur riche ou pauvre. Ce ne sont pas les relevés des BMS qui vous aideront à trancher. Je vous conseille vivement d'aller pour cela consulter les archives du diocèse à la rubrique conseils de fabrique,.... ainsi que les documents fiscaux relatifs à la capitation et au Vingtième.

Désolé Fabien, mais si vous confrontez ces documents ainsi que ceux des aveux de 1668, vous vous apercevrez :

1) que les propriétaires de terres sont assez souvent qualifiés de ménagers dans les aveux de 1668. Qu'ils apparaissent à tour de rôle comme fabriciens (je rappelle qu'en théorie on change de fabricien chaque année mais dans la réalité ce sont toujours les mêmes familles à tour de rôle car il faut être financièrement aisé : le fabricien est responsable sur ses biens des biens de la fabrique, que celui de l'église paroissiale est aussi collecteur de la dîme et pour cela il fait une avance sur recette, à lui de se rattraper sur les autres paroissiens. Tout cela suppose non seulement d'avoir des biens mais aussi de solides liquidités)

2) que la plupart de ces ménagers, parfois qualifiés de laboureurs, sont non seulement fabriciens mais apparaissent également parmi les plus gros contribuants de la paroisse à la capitation et au Vingtième.


Bref, nous avons là un ensemble de documents concordants que l'on ne peut nier. Cela ne veut pas dire en effet que tous les "laboureurs" étaient aisés. Certains étaient plus pauvres que d'autres : quand on a que 5 hectares, forcément on a moins que celui qui a 15 hectares.

Bien à vous tous

Yann Cochennec
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Salmard-56
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Re: retour sur pauvre laboureur

Message par Salmard-56 »

Yann Cochennec a écrit :Je vous conseille vivement d'aller pour cela consulter les archives du diocèse à la rubrique conseils de fabrique,.... ainsi que les documents fiscaux relatifs à la capitation et au Vingtième.


Conseil que je suivrai avec plaisir, si l'occasion de me rendre aux A.D. de Chartres se présente puisque cette spécificité et le nombre étonnamment important de ces "laboureurs" percherons me chagrine un peu et j'avoue bien volontiers que mes déductions ne sont pour le moment basées que sur des à-priori dûs à la consultation des B.M.S.

Du côté auvergnat, j'ai déjà feuilleté les documents fiscaux et ce que j'en ai tiré ne va pas dans ce sens mais il me faut reconnaître qu'ils ne sont pas suffisamment représentatifs, ni nombreux (puisque la profession de laboureur est très peu usitée) pour en faire une généralité.

J'arrête de vous embêter avec des exceptions régionales -qui nous emmènent bien loin de la Bretagne- plutôt qu'à une rêgle nationale. :wink:

Bien à vous,
Fabien.
Modifié en dernier par Salmard-56 le 15/03/2009 0:39, modifié 1 fois.
Bien cordialement, Fabien
cochennec
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Pauvre laboureur (suite et fin ?)

Message par cochennec »

Bonsoir,

1) Si le qualificatif de laboureur revient souvent dans les relevés des BMS du Perche, je peux vous assurer que ce n'est pas le cas dans le Finistère. On aperçoit de temps en temps "laboureur" ou "ménager". Mais, je me trompe peut être car je ne me suis pas "cogné" (si vous acceptez cette expression familière) tous les détails des relevés du Département. Avec 600 points par trimestre, il faudrait toute une vie.

2) Cela étant, je reviens sur un point soulevé par M. Boileau sur la "pauvreté relative" des relevés. je parcours depuis un certain temps les BMS en ligne du Morbihan et des Côtes d'Armor et je ne peux que constater qu'ils fourmillent de détails sur le métier du père, du marié, des parents, des beaux-parents, du défunt.... Sur le fait que les uns signent ou ne signent pas (le fait de ne pas signer ne concerne pas que les roturiers).
Et donc je ne peux croire que les prêtres du Finistère aient été plus concis que leurs homologues des deux autres départements. Beaucoup de choses ont été omises dans les rélevés, faute d'avoir pu être lues correctement. Les prêtres écrivaient comme des sagouins et je peux vous assurer que la lecture d'un acte peut prendre dans certains cas (avant 1630/1640) un sacré bout de temps. Un temps qu'un "releveur" ne peut consacrer car il a non seulement toutes les familles d'une paroisse mais aussi toutes les générations. Le tout de 1560 à 1800. Et pour avoir couvert des paroisses sur des tranches 10 à 20 ans (du type 1600 à 1630), je peux vous assurer que c'est un temps passé "monstrueux".

Bien à vous

Yann Cochennec
André-Yves Bourgès
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Message par André-Yves Bourgès »

Bonjour,

Il me semble qu'en basse-Bretagne, le terme "laboureur", ou "laboureur de terre" traduit exactement le breton labourer douar, "travailleur de la terre", ce qui à l'évidence n'a pas de rapport avec la classe aisée des laboureurs de l'Ancien régime.

Un "pauvre laboureur", cela peut donc signifier simplement que ce "travailleur" était un peu plus misérable que les autres.

Cordialement,

André-Yves Bourgès
cochennec
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pour AYB

Message par cochennec »

Bonjour,

Une fois de plus nous ne serons pas d'accord. Je ne peux adhérer à votre proposition. Car, comme je l'ai écrit dans un précédent message sur ce sujet, il se trouve ques les personnages qualifiés de ménagers ou de laboureurs dans les BMS du Finistère se retrouvent parmi les propriétaires de terre (aveux de 1668 à 1691) et les fabriciens des églises paroissiales (archives des fabriques) et les plus gros contribuants des paroisses à la capitation et au vingtième.
Autre point commun à ces individus : un frère, un oncle, un cousin, un neveu est métayer, un autre est prêtre, un autre est marchand, un autre est officier de justice seigneuriale.

Bref, ils forment cette "ploutocratie paysanne" dont parle Le Prohon dans son ouvrage ou cette "aristocratie paysanne" que met en lumière Jean Gallet dans le sien.

Il y a trop d'éléments concordants pour nier cette réalité.
Je vous renvoie donc à mon premier message que vous n'avez peut être pas eu le temps de lire ainsi qu'au sujet sur les familles le Guilloux, Jacq... animé par MM. Boileau, Mevellec....... dans la rubrique familles.

Bonne lecture

Yann Cochennec
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