Bonjour,
J'ai rencontré ce terme dont j'aimerais une définition. Il est question de prière pour les défunts je pense, mais à quelle occasion ? Etait-ce lié au calendrier liturgique, ou à un évènement familial ? Auprès de quelle personne ? Où pont-on les trouver?
merci d'avance
Sylvie
définition du terme " fondation"
Modérateur : L'équipe du forum
Re: définition du terme " fondation"
Bonsoir,
Pour faire simple, les fondations - d'après ce que j'en ai compris - étaient des versements faits par une famille à l'église soit en argent mais aussi parfois en nature, bâtiments et/ou terres qui procuraient un revenu.
Elles étaient souvent faites pour honorer un défunt mais aussi en avance pour préparer "la vie d'après".
La contrepartie fournit par l'église était des messes dites à intervalle fixé et aussi des privilèges d'inhumation dans des endroits spécifiques à l'époque où les morts étaient enterrés dans les églises.
Exemples =
"Enfin, le 14 décembre 1615, fondation fut faite par Françoise Le Bozec, dame douairière de Kermohan et Saint-Drenou, d'un anniversaire doté de 24 livres tournois de rentes sur l'autel Sainte-Marguerite devant lequel elle désirait être inhumée dans la même tombe que Catherine Le Bozec, sa tante."
"Contrat de fondation fait par Françoise et son mari François Noulleau le 4 novembre 1669 à la suite du décès de leur fils Hillarion. 1G253 Archives de l'Evéché de Saint Brieuc."
Les fondations (qui sont des contrats) sont parfois parvenues jusqu'à nous et figurent dans les archives des églises concernées.
Cordialement
Pour faire simple, les fondations - d'après ce que j'en ai compris - étaient des versements faits par une famille à l'église soit en argent mais aussi parfois en nature, bâtiments et/ou terres qui procuraient un revenu.
Elles étaient souvent faites pour honorer un défunt mais aussi en avance pour préparer "la vie d'après".
La contrepartie fournit par l'église était des messes dites à intervalle fixé et aussi des privilèges d'inhumation dans des endroits spécifiques à l'époque où les morts étaient enterrés dans les églises.
Exemples =
"Enfin, le 14 décembre 1615, fondation fut faite par Françoise Le Bozec, dame douairière de Kermohan et Saint-Drenou, d'un anniversaire doté de 24 livres tournois de rentes sur l'autel Sainte-Marguerite devant lequel elle désirait être inhumée dans la même tombe que Catherine Le Bozec, sa tante."
"Contrat de fondation fait par Françoise et son mari François Noulleau le 4 novembre 1669 à la suite du décès de leur fils Hillarion. 1G253 Archives de l'Evéché de Saint Brieuc."
Les fondations (qui sont des contrats) sont parfois parvenues jusqu'à nous et figurent dans les archives des églises concernées.
Cordialement
yvan calloc'h
CGF17591 - Houdeie - Auffret - Calloc'h et Caugant
CGF17591 - Houdeie - Auffret - Calloc'h et Caugant
Re: définition du terme " fondation"
Bonsoir
Voici un exemple daté de 1677 qui, je pense, décrit bien le principe des fondations :
Le 19-3-1677, comparaissent devant des notaires des régaires de Léon, "venerable discret missire Jean briant" recteur de Ploudalmézeau, les 2 "marguilliers et administrateurs des biens de la fabrice" Yvon Omnes du Reut et Francois Golies, et "honorable home Pierre Croguennec mesnager demeurant au village du Streatmeur, (…) lesquels marguilliers, de l'advis, bon vouloir et consentement dudit sieur recteur, ont par cestes baillé octroié & deslaissé audit Croguennec ce acceptant pour en jouir et disposer paisiblement de ce jour & à perpetuitté il ses hoirs successeurs,
Scavoir est en l'eglise parrochialle dudit Ploudalmezeau au grand neff d'icelle du costé de l'epistre, une tumbe ayante sa pierre tumballe a fleur de terre sise et sittuée du boult à l'oriant a tumbe appartenante aux hoirs Margueritte Quemeneur du costé au midy autre tumbe apartenante aux hoirs Yvon Corre du boult a l'occidant a tumbe des hoirs Henry Corolleur de Lesidec et du costé au nort a tumbe appartenante à Prigent Kerboul et les hoirs Jan Loan ;
Et pour recompense de ladite cession et octroy de ladite tumbe, icelluy Croguennec a ceddé deslaissé et transporté ausdicts marguilliers et leurs successeurs en ladicte charge aussy a perpetuitté pour en jouir et disposer aussy de ce jour, guarny de la levée a la Sainct michel prochaine, Scavoir est sept seillons de terre en labeur sittués au terrouer et champ de Kerivinec ou mesguiniz parroisse de lantpaul (…),
parceque lesdicts marguilliers et successeurs en ladicte charge feront chanter annuellement à checun jour de la toussaincts a l'issue des vespres sur ladicte tumbe, un placebo* pour le repos des ames des devantiers parents et bien facteurs dudit Croguennec, a laquelle fin les marguilliers lors en charge paieront a messieurs les prebtres quy assisteront audit placebo, la some de quinse sols tournois, le reste de la ferme desdits herittages tournera au proffit de ladite fabrice ainsy qu'ilz sont tenus a presant en ferme par Francois Kerreneur". Me Jan Pen de Ploudal. signe pour les marguilliers, et Goulfen le Louedec de Ploudal. pour ledit Croguennec, "disants ne scavoir signer".(Arch. Dép. Finistère, 175 G 14)
Le Placebo est la prière chantée pour les vêpres des morts, dont le nom provient du 1er mot du 9e vers : "Placebo domino in regione vivorum…" (Je plairai à Dieu au royaume des vivants).
En résumé, Pierre Croguenoc a donné une terre à la paroisse de Ploudalmézeau. En contrepartie, les marguilliers de Ploudalmézeau (gestionnaires les biens de la paroisse) ont, avec l'accord du recteur, donné une tombe à Pierre Croguennoc, étant conditionné que les revenus de cette terre doivent servir à financer des prières à la mémoire des parents du donateur.
La fondation est un contrat dont les deux parties profitent : la paroisse accroît ses possessions foncières (et donc ses revenus) ; le fondateur et/ou sa famille bénéficient en retour de prières à perpétuité qui leur permettent de raccourcir leur séjour au Purgatoire pour gagner plus vite le Paradis ! A moins que la fondation ne résulte d'un pur acte de piété en faveur de l'Eglise, ou à l'inverse, d'un étalage de générosité destiné à flatter le statut du fondateur ? Difficile de connaître sa motivation profonde.
Dans d'autres textes, on parle davantage de chapellenies. Le chapelain est le prêtre titulaire de la gestion de certaines des terres léguées à la paroisse, puis louées par cette paroisse à des particuliers. Le chapelain dit les messes prévues lors de la fondation, en contrepartie des revenus dont il bénéficie.
Côté généalogie, ce Pierre Croguennoc était marié à Catherine Guéganton qui sont tous deux décédés au Streat meur en Ploudalmézeau, respectivement en 1689 et 1682.
Cordialement
Eric
CGF n° 4254
https://gw.geneanet.org/caerynyr
Voici un exemple daté de 1677 qui, je pense, décrit bien le principe des fondations :
Le 19-3-1677, comparaissent devant des notaires des régaires de Léon, "venerable discret missire Jean briant" recteur de Ploudalmézeau, les 2 "marguilliers et administrateurs des biens de la fabrice" Yvon Omnes du Reut et Francois Golies, et "honorable home Pierre Croguennec mesnager demeurant au village du Streatmeur, (…) lesquels marguilliers, de l'advis, bon vouloir et consentement dudit sieur recteur, ont par cestes baillé octroié & deslaissé audit Croguennec ce acceptant pour en jouir et disposer paisiblement de ce jour & à perpetuitté il ses hoirs successeurs,
Scavoir est en l'eglise parrochialle dudit Ploudalmezeau au grand neff d'icelle du costé de l'epistre, une tumbe ayante sa pierre tumballe a fleur de terre sise et sittuée du boult à l'oriant a tumbe appartenante aux hoirs Margueritte Quemeneur du costé au midy autre tumbe apartenante aux hoirs Yvon Corre du boult a l'occidant a tumbe des hoirs Henry Corolleur de Lesidec et du costé au nort a tumbe appartenante à Prigent Kerboul et les hoirs Jan Loan ;
Et pour recompense de ladite cession et octroy de ladite tumbe, icelluy Croguennec a ceddé deslaissé et transporté ausdicts marguilliers et leurs successeurs en ladicte charge aussy a perpetuitté pour en jouir et disposer aussy de ce jour, guarny de la levée a la Sainct michel prochaine, Scavoir est sept seillons de terre en labeur sittués au terrouer et champ de Kerivinec ou mesguiniz parroisse de lantpaul (…),
parceque lesdicts marguilliers et successeurs en ladicte charge feront chanter annuellement à checun jour de la toussaincts a l'issue des vespres sur ladicte tumbe, un placebo* pour le repos des ames des devantiers parents et bien facteurs dudit Croguennec, a laquelle fin les marguilliers lors en charge paieront a messieurs les prebtres quy assisteront audit placebo, la some de quinse sols tournois, le reste de la ferme desdits herittages tournera au proffit de ladite fabrice ainsy qu'ilz sont tenus a presant en ferme par Francois Kerreneur". Me Jan Pen de Ploudal. signe pour les marguilliers, et Goulfen le Louedec de Ploudal. pour ledit Croguennec, "disants ne scavoir signer".(Arch. Dép. Finistère, 175 G 14)
Le Placebo est la prière chantée pour les vêpres des morts, dont le nom provient du 1er mot du 9e vers : "Placebo domino in regione vivorum…" (Je plairai à Dieu au royaume des vivants).
En résumé, Pierre Croguenoc a donné une terre à la paroisse de Ploudalmézeau. En contrepartie, les marguilliers de Ploudalmézeau (gestionnaires les biens de la paroisse) ont, avec l'accord du recteur, donné une tombe à Pierre Croguennoc, étant conditionné que les revenus de cette terre doivent servir à financer des prières à la mémoire des parents du donateur.
La fondation est un contrat dont les deux parties profitent : la paroisse accroît ses possessions foncières (et donc ses revenus) ; le fondateur et/ou sa famille bénéficient en retour de prières à perpétuité qui leur permettent de raccourcir leur séjour au Purgatoire pour gagner plus vite le Paradis ! A moins que la fondation ne résulte d'un pur acte de piété en faveur de l'Eglise, ou à l'inverse, d'un étalage de générosité destiné à flatter le statut du fondateur ? Difficile de connaître sa motivation profonde.
Dans d'autres textes, on parle davantage de chapellenies. Le chapelain est le prêtre titulaire de la gestion de certaines des terres léguées à la paroisse, puis louées par cette paroisse à des particuliers. Le chapelain dit les messes prévues lors de la fondation, en contrepartie des revenus dont il bénéficie.
Côté généalogie, ce Pierre Croguennoc était marié à Catherine Guéganton qui sont tous deux décédés au Streat meur en Ploudalmézeau, respectivement en 1689 et 1682.
Cordialement
Eric
CGF n° 4254
https://gw.geneanet.org/caerynyr
Re: définition du terme " fondation"
Bonsoir,
Merci beaucoup à tous les deux pour ces explications très intéressantes.
Sylvie
Merci beaucoup à tous les deux pour ces explications très intéressantes.
Sylvie
-
- Messages : 1646
- Enregistré le : 22/11/2006 21:54
Re: définition du terme " fondation"
Bonjour à tous,
Quelques compléments :
1) Les fondations étaient établies sous forme de contrat passé devant notaire.
2) Je ne sais pas si le bien faisant l'objet d'une fondation passait toujours réellement dans le patrimoine de l'église. J'ai plutôt l'impression que la fondation était une forme de taxe (et non un bail) que celui qui exploitait le bien (une terre la plupart du temps) devait acquitter annuellement selon les conditions du contrat initial.
3) La fondation devait permettre de rémunérer le clergé (de la paroisse en général) mais aussi servir à couvrir les dépenses afférentes à l'entretien de l'église et à l'acquisition des objets du culte dont le conseil de fabrique avait la charge. D'où assez souvent une précision sur la répartition de la somme entre les prêtres et la fabrique. Dans le cas ci-dessous on parle de "médiation" (moitié) ce qui veut dire que la somme était répartie en parts égales entre les deux bénéficiaires :
"Art 5 : Contrat de fondation fait par FRANCOIS CORNOU et YVON LE MORVAN de la somme de 3 livres quy sera payée dessus un parc nommé « Parc hamon » en fond et proprietté sittué au bourg de Saint Maudez paroisse de Sizun, payable médiation entre la fabrice et Messieurs les prestre de l'église paroissiale d'Hanvec, à la charge d'estre desservie le second dimanche de janvier, passé au rapport de François Le Cam nottaire le 01/01/1663 signé François Cam nottaire."
4) La fondation étant attachée au bien les exploitants successifs du bien (on parle effectivement de "successeurs" dans les actes), héritiers ou nouveaux propriétaires, devaient continuer à la payer. Régulièrement, sans doute quand la fabrique faisait un inventaire des biens et fondations, les successeurs faisaient ce qu'on appelait une "lettre recognitoire" qui renouvelait l'engagement de payer.
J'ai vu le cas de fondations passées au début du 17ème siècle qui devaient être encore payées juste avant la Révolution donc quasiment 200 ans plus tard. D'où à l'approche de la Révolution l'apparition de récalcitrants refusant de continuer de payer, comme ici :
"22/07/1611 :
Fondation par YVES BRELIVET sur Coatmeur «Parc bras» au rapport de M° Le Floch. En présence de GUILLOU PENDU fabrique et JAN LE SANQUER marguillier.
Payée jusqu'en 1767 par JOSEPH LE GLINEC dont le fils JEAN refuse de continuer de payer."
5) Les actes de fondations ou, plus souvent les inventaires réguliers faits par les fabriques, sont conservés aux AD dans la série G (Clergé séculier).
J'ai fait un relevé assez exhaustif des fondations pour les paroisses de DIRINON, LE FAOU, HANVEC, L'HÔPITAL CAMFROUT, IRVILLAC, LANVOY, LOGONNA-DAOULAS, LOGONNA-QUIMERC'H, LOPEREC, QUIMERC'H, ROSNOEN, RUMENGOL, ST ELOY, DAOULAS.
Le relevé se trouve en bibliothèque numérique de Recif.
Les informations contenues dans ces contrats ou ces inventaires sont précieuses d'un point de vue généalogique : parentés, lien entre générations, biens possédés et leur localisation ...
6) Dans les années 1720/1750 le nombre de fondations à desservir sous forme de messes devenant trop important (il aurait fallu en faire toute la journée tous les jours; j'exagère bien entendu mais par exemple l'inventaire des fondations de l'église de Hanvec réalisé en 1737 liste 127 fondations) certains prêtres ont demandé à pouvoir faire des regroupements, autorisation qu'ils ont obtenue de l'évêque de Quimper de l'époque.
Cordialement.
Joël
Quelques compléments :
1) Les fondations étaient établies sous forme de contrat passé devant notaire.
2) Je ne sais pas si le bien faisant l'objet d'une fondation passait toujours réellement dans le patrimoine de l'église. J'ai plutôt l'impression que la fondation était une forme de taxe (et non un bail) que celui qui exploitait le bien (une terre la plupart du temps) devait acquitter annuellement selon les conditions du contrat initial.
3) La fondation devait permettre de rémunérer le clergé (de la paroisse en général) mais aussi servir à couvrir les dépenses afférentes à l'entretien de l'église et à l'acquisition des objets du culte dont le conseil de fabrique avait la charge. D'où assez souvent une précision sur la répartition de la somme entre les prêtres et la fabrique. Dans le cas ci-dessous on parle de "médiation" (moitié) ce qui veut dire que la somme était répartie en parts égales entre les deux bénéficiaires :
"Art 5 : Contrat de fondation fait par FRANCOIS CORNOU et YVON LE MORVAN de la somme de 3 livres quy sera payée dessus un parc nommé « Parc hamon » en fond et proprietté sittué au bourg de Saint Maudez paroisse de Sizun, payable médiation entre la fabrice et Messieurs les prestre de l'église paroissiale d'Hanvec, à la charge d'estre desservie le second dimanche de janvier, passé au rapport de François Le Cam nottaire le 01/01/1663 signé François Cam nottaire."
4) La fondation étant attachée au bien les exploitants successifs du bien (on parle effectivement de "successeurs" dans les actes), héritiers ou nouveaux propriétaires, devaient continuer à la payer. Régulièrement, sans doute quand la fabrique faisait un inventaire des biens et fondations, les successeurs faisaient ce qu'on appelait une "lettre recognitoire" qui renouvelait l'engagement de payer.
J'ai vu le cas de fondations passées au début du 17ème siècle qui devaient être encore payées juste avant la Révolution donc quasiment 200 ans plus tard. D'où à l'approche de la Révolution l'apparition de récalcitrants refusant de continuer de payer, comme ici :
"22/07/1611 :
Fondation par YVES BRELIVET sur Coatmeur «Parc bras» au rapport de M° Le Floch. En présence de GUILLOU PENDU fabrique et JAN LE SANQUER marguillier.
Payée jusqu'en 1767 par JOSEPH LE GLINEC dont le fils JEAN refuse de continuer de payer."
5) Les actes de fondations ou, plus souvent les inventaires réguliers faits par les fabriques, sont conservés aux AD dans la série G (Clergé séculier).
J'ai fait un relevé assez exhaustif des fondations pour les paroisses de DIRINON, LE FAOU, HANVEC, L'HÔPITAL CAMFROUT, IRVILLAC, LANVOY, LOGONNA-DAOULAS, LOGONNA-QUIMERC'H, LOPEREC, QUIMERC'H, ROSNOEN, RUMENGOL, ST ELOY, DAOULAS.
Le relevé se trouve en bibliothèque numérique de Recif.
Les informations contenues dans ces contrats ou ces inventaires sont précieuses d'un point de vue généalogique : parentés, lien entre générations, biens possédés et leur localisation ...
6) Dans les années 1720/1750 le nombre de fondations à desservir sous forme de messes devenant trop important (il aurait fallu en faire toute la journée tous les jours; j'exagère bien entendu mais par exemple l'inventaire des fondations de l'église de Hanvec réalisé en 1737 liste 127 fondations) certains prêtres ont demandé à pouvoir faire des regroupements, autorisation qu'ils ont obtenue de l'évêque de Quimper de l'époque.
Cordialement.
Joël
Joël Morvan
CGF n°953
CGF n°953