Bonjour à tous,
Je lis que Lapérouse a finalement pu épouser en 1783 Eléonore Broudou très jeune femme créole de l'ile Maurice qu'il avait rencontrée 10 ans plus tôt .
Napoléon Bonaparte a aussi épousé en 1796 Marie Josephe Rose Tascher de la Pagerie créole de la Martinique plus connue sous le nom de son premier mari: Joséphine de Beauharnais.
Aujourd'hui pour beaucoup, Lapérouse ,comme Bonaparte, a succombé aux charmes d'une jolie personne à la peau bronzée. Or le mot créole désigne une personne de race blanche née dans une colonie intertropicale. D'ailleurs Eléonore Broudou née à Nantes n'était donc pas vraiment créole.
Aujourd'hui dans la langue courante créole et métis sont devenus synonymes.
Les mots souvent nous jouent des tours.
Bon week-end à tous
charly
Brest
Créole
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- Jean Claude Bourgeois
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Bonjour,
Un petit extrait de la vie d'un KERSAUSON qui épousa une créole .....
I - Jean Marie de KERSAUSON, surnommé « l’Indien » par sa famille, Sr de Goasmelquin et de Vijac, dit le Chevalier de Kersauson :
C’est le 10ème enfant et premier cadet survivant de la famille qui utilisa (lui et ses descendants) le titre de VIJAC.
Il a été baptisé le 2 juillet 1747 à Trébabu sous le parrainage de Jacques de Kersauson et de Marie Pierre Gouzillon.
Engagé à 15 ans comme garde marine à Brest le 31 mars 1758, il embarque sur le Courageux.
Il fait alors les campagnes d’Amérique et est grièvement bléssé à la main dans un combat sur le Diadème.
Après avoir conduit une dizaine d’autres navires, il reçu une gratification extraordinaire de 600 livres le 30 mai 1772.
On pourrait croire, selon son dossier au SHD (CC7 Alpha 1291 0) qu’il s’agit de la récompense d’un exploit maritime.
En fait, une lettre trouvée aux Archives Nationales (C7/153) donne une autre explication :
Le 17 mai 1772, il explique, qu’étant de retour d’une campagne à Saint Domingue sur la corvette Rossignol, il a été attaqué par une épidémie qui a emporté une bonne partie de son équipage, et qu’il s’est vu forcé, pendant la traversée du Petit Goave, au Cap Tiberon, de rester, faute d’hôpital, 45 jours dans une maison particulière et qu’il a du régler de ses propres deniers 625 £ de frais de logement, de domestiques et de rafraichissements ….. Somme coquette pour des services probablement rendus par des esclaves….
Il était enseigne de vaisseau sur le Brillant commandé par Tronjoly, lorsqu’il arriva à l’Ile de France le 6 juillet 1776.
Promu lieutenant le 14 février 1778, il prit part au premier combat naval de la guerre d’indépendance américaine aux Indes le 10 août 1778 et fut fait chevalier de Saint-Louis le 1er février 1779.
Après les médiocres résultats de ses capitaines dans la campagne de 1782, le Bailly de Suffren lui donna le commandement du Brillant le 14 août 1782.
« M. de Kersauson, auquel manquaient tous les talents qui constituent un marin, à l’exception d’une bravoure à toute épreuve, remplaça M. de Beaulieu au commandement du vaisseau le Brillant » écrivent Charles Cunat et Pierre André de Suffren Saint Torpez dans l’histoire du bailli de Suffren.
Lors du combat de Trinquemalay le 2 septembre, il n’eut pas de chance avec des vents contraires, et lui et plusieurs de ses collègues furent sévèrement critiqués par Suffren.
Il se rattrapa un peu au combat de Gondelour le 20 juin 1783. Il ne bat pas le record de la journée, mais affiche quand même 5 tués et 18 blessés sur son navire de 64 canons.
Suffren lui aurait dit « Kersauson, ta frégate marche comme une charrette, et cependant, c’est elle qui arrive la première au combat ! » (Propos rapportés dans ses mémoires par l’amiral Courson, son beau-frère).
Cette guerre de l’indépendance « américaine » se déroulait en fait tout autour du monde, même au large de Ceylan.
Louis XVI y avait envoyé Suffren, pas très brillant sur les côtes américaines, pour aider les Hollandais à combattre les Anglais. Le but était d’affaiblir ces anglais partout dans le monde.
La description des combats montre que l’entente cordiale ne régnait pas entre Suffren, « gros, sale et aimant bien les jeunes matelots », et ses officiers.
Après des longs mois d’une navigation ennuyeuse, beaucoup de marins, et parmi eux d’importants commis du Roi, étaient séduits par la qualité de vie de ces grandes habitations coloniales : les maisons spacieuses, les grandes cours ombragées, les belles allées fleuries et une terre généreuse qui donnait par tout temps, tout ce qu’on plantait ! Que dire des charmes des jeunes et jolies femmes créoles qui y habitaient ? Elles étaient tout simplement irrésistibles !
Cette séduction les emmenait souvent jusqu’au mariage ! Et cela devenait un important problème pour la France : ces unions entravaient ou brisaient les carrières, notamment celles des jeunes officiers, des grands commis du Roi sur qui l’on avait tant misé, simplement parce qu’ils décidaient, par amour, de tout laisser tomber, pour rester dans les îles avec leur bien-aimée.
Le très sévère gouverneur de l’île de France, le sieur de la Brillanne, les blâmait, et il signala au ministre, en 1776, que trois filles de M. Le Juge, conseiller au Conseil Supérieur, avaient épousé des officiers mettant fin précocement à leurs carrières, et, ce qui était encore pire, il en restait encore trois autres à marier ! Ces mariages constituent des influences fâcheuses contre un bon gouvernement, disait-il.
Histoire de Jean-François et Louise – Sept ans pour aimer !
C’est dans ce contexte que, après de nombreux voyages dans des mers du monde, Jean-François Galleau de LAPEROUSE, habile marin promis à un bel avenir, séjourne quelque temps en île de France, chez un commerçant originaire de Nantes, Abraham Broudou, garde-magasin du Roi.
C’est là qu’il fait connaissance et tombe amoureux de Louise Eléonore, fille des îles, pure, naïve, mais dotée d’un charme asservissant. Le jeune officier écrit à sa sœur le 1er août 1775 : Je suis amoureux, et cette affaire pourrait bien se terminer par un mariage.
C’était sans compter avec l’intransigeance de M. du Ternay, gouverneur aussi sévère que M. de la Brillanne. Il s’oppose farouchement à cette union rappelant énergiquement au jeune amoureux ses engagements militaires. Le jeune officier, interdit d’amour, retourna en France, célibataire. On imagine la dramatique séparation.
Depuis ce jour, la tristesse est venue camper dans l’habitation de M. Abraham ; tout est devenu plus terne, insipide, moins beau. Quelques semaines plus tard, Louise Éléonore et sa mère prennent une décision surprenante ! Avec l’accord de monsieur et son appui financier, elles s’embarquent pour la France avec le ferme espoir de retrouver M. de Lapérouse dans de meilleures dispositions.
Mais, ne sachant pas exactement où le trouver, ce voyage étant tout à fait inopiné, les deux femmes séjournent dans des couvents divers un peu partout, notamment à Nantes et à Paris.
Plusieurs années passent jusqu’au jour où Louise Eléonore retrouve l’amour de sa vie : le jeune militaire tout de blanc vêtu, sortait du commandement général de la Marine Nationale à Paris juste au moment où les deux femmes arrivaient. Il venait de signer un contrat pour une importante mission. Heureuses et timides retrouvailles. Le temps était passé sur leurs vies, près de sept ans de séparation ! Avait-il érodé les sentiments ? Très vite, le film d’une intense et solide histoire d’amour s’est déroulé là, devant les deux êtres, et ils se sont rendu compte très rapidement que de beaux restes les unissaient encore. Durant toutes ces années d’éloignement bien involontaire, la résignation s’était installée dans les sentiments de Jean-François de Lapérouse, au point de le faire céder à la pression de sa famille et de certains de ses supérieurs, pour consentir à se marier avec une riche héritière de son pays de Languedoc.
Mais là, à quelques jours de ce mariage, le hasard a voulu qu’il retrouve Mlle Broudou ! Il en a été bouleversé ! La sincérité de cette jeune femme toujours aimante et vertueuse, ses larmes, ses yeux, son regard, l’immensité d’un amour qui lui avait fait quitter son île avec sa mère, pour si longtemps, à cause de lui, ont eu raison de ses plans.
Alors, il décide de se marier avec la courageuse créole. Le 12 août 1783, Lapérouse écrit à son supérieur, le maréchal de Castries, qu’il a décidé d’épouser cette fille des îles sans grande fortune, envers et contre tous. Le maréchal, touché par les propos de son lieutenant, ne s’oppose pas à leur union, mais, lui rappelle quand même son engagement militaire. Le document qu’il venait de signer juste avant cette rencontre, l’engageait à une longue mission, un grand voyage qui devait débuter dix huit mois plus tard, en janvier 1785. Cela leur laissait un peu de temps pour vivre un singulier bonheur. Le mariage a lieu à Paris en 1784. Une fête empreinte d’une émotion particulière, les mariés sont aux anges et les convives envoûtés par cette bouleversante histoire d’amour.
Le délai expiré, Lapérouse s’embarque à Nantes d’où partent deux navires, le Boussole et l’Astrolabe, pour un voyage qui lui sera fatal. Il ne reviendra jamais !
Jean-Marie de Kersauson de Vijac, capitaine de vaisseau, un des meilleurs officiers de Suffren, attendit quant-à-lui, sa mise à la retraite pour épouser une créole, Rosalie-Marie-Marthe Tribart du Drecey, et fonder une famille coloniale sur l’ile Maurice.
(Tiré d’ « Amour, amours au temps de l’île Bourbon ». Histoires célèbres qui ont constitué les légendes de l’île Bourbon par : Enis Rockel (guide conférencier) Mardi, 13 Février 2007).
En fait, il n’est pas encore tout à fait à la retraite (mais s’y prépare) et de retour à L’Ile de France, il épousa, avec la permission de Souillac, à Moka le 11 juillet 1784, Rosalie Marie Marthe TRIBART du DRECEY, fille encore mineure de Louis Charles et de † Catherine NICOLAS de FORANCIS, née le 2 décembre 1760 à Port Louis.
Les particules des parents sont à la mode des Iles, et n’ont pas de fondement réel.
Les deux témoins sont ses beaux-frères, Jean Marie Visdelou, Comte de Bonamour, et Jean Nicolas de Forancis.
Jean Marie fut promû Capitaine de vaisseau quatre jours plus tard.
Dans son acte de mariage, il se qualifie de Vicomte de Vijac, fils du Comte de Goasmelquin.
Quelques jours après le mariage, le 27 juillet, la nouvelle Madame de Kersauson s’empresse d’écrire à sa nouvelle belle-sœur, la comtesse du Laz (Marie Jeanne de Kersauson) :
« Madame,
Je m’empresse d’avoir l’honneur de vous faire part de mon établissement avec Monsieur votre frère qui, depuis environ huit ans, m’a fait une cour assidue.
Ma sœur ainée ayant épousé Monsieur Visdelou de Bonamour votre parent et le sien, a été cause de notre connaissance, et, voulant se lier plus étroitement avec eux, m’a obtenue de mon père à son retour de la guerre des Indes.
J’espère, Madame, que vous voudrez bien agréer son choix, me donner part dans votre estime et m’accorder votre amitié. J’ay tout lieu de l’espérer par celle que je vous proteste d’avoir pour vous toute ma vie, vous en assurant dès à présent, et vous priant de me faire l’honneur de me croire dans ces sentiments.
Madame, votre très humble et très obéissante servante, Tribart du Drecey Kersauson. »
Le 4 septembre 1785, le chevalier de Kermellec écrit aussi à la Comtesse :
« J’ai reçu le premier de ce mois, par un bâtiment arrivé de l’Isle de France, une lettre de M. le Chevalier de Kersauson. Je m’empresse de vous donner de ses nouvelles. Il jouissait, au commencement de mars, d’une bonne santé. Il était à la veille de partir pour l’Inde, commandant le vaisseau « Le brillant ». Son aimable moitié était grosse à l’époque…. »
Son navire est en réparation et le 17 mars 1785, il se plaint que cela fait 4 ans qu’il n’est pas payé et qu’il doit engager sa petite fortune pour soutenir sa table. Prévoyant que les réparations vont durer il réclame des subsides…
Jean Marie de Kersauson s’établi à l’Ile de France pour sa retraite le 31 décembre 1791.
Il a demandé l’autorisation de toucher sa pension et de s’établir là bas, car il ne supporte plus le climat de l’Europe.
Hélas son dossier sera égaré et il ne touchera rien. Son épouse le fera ré-ouvrir après le décès.
Il prêta serment d’allégeance au gouvernement britannique à Port Louis le 17 avril 1811, reniant ainsi des siècles d’histoire de ses ancêtres contre la perfide Albion.
Le 27 décembre 1813, il fit l’acquisition d’une demeure à la Pointe aux Piments, pour la somme de 5000 piastres, et dont il ne profita que quelques semaines.
Il y mourut le 10 février 1814, à l’âge de 67 ans, laissant une veuve un peu désargentée.
Sa maison n’était pas encore entièrement payée, et il n’avait que 34 esclaves, un vieux palanquin, douze ânes de charge, 200 bouteilles vides et son épée.
(Texte inspiré de J. Raymond d’Unienville 1973).
Ils eurent 2 garçons et trois filles......
La suite sera sans doute publiée un jour ....
Un petit extrait de la vie d'un KERSAUSON qui épousa une créole .....
I - Jean Marie de KERSAUSON, surnommé « l’Indien » par sa famille, Sr de Goasmelquin et de Vijac, dit le Chevalier de Kersauson :
C’est le 10ème enfant et premier cadet survivant de la famille qui utilisa (lui et ses descendants) le titre de VIJAC.
Il a été baptisé le 2 juillet 1747 à Trébabu sous le parrainage de Jacques de Kersauson et de Marie Pierre Gouzillon.
Engagé à 15 ans comme garde marine à Brest le 31 mars 1758, il embarque sur le Courageux.
Il fait alors les campagnes d’Amérique et est grièvement bléssé à la main dans un combat sur le Diadème.
Après avoir conduit une dizaine d’autres navires, il reçu une gratification extraordinaire de 600 livres le 30 mai 1772.
On pourrait croire, selon son dossier au SHD (CC7 Alpha 1291 0) qu’il s’agit de la récompense d’un exploit maritime.
En fait, une lettre trouvée aux Archives Nationales (C7/153) donne une autre explication :
Le 17 mai 1772, il explique, qu’étant de retour d’une campagne à Saint Domingue sur la corvette Rossignol, il a été attaqué par une épidémie qui a emporté une bonne partie de son équipage, et qu’il s’est vu forcé, pendant la traversée du Petit Goave, au Cap Tiberon, de rester, faute d’hôpital, 45 jours dans une maison particulière et qu’il a du régler de ses propres deniers 625 £ de frais de logement, de domestiques et de rafraichissements ….. Somme coquette pour des services probablement rendus par des esclaves….
Il était enseigne de vaisseau sur le Brillant commandé par Tronjoly, lorsqu’il arriva à l’Ile de France le 6 juillet 1776.
Promu lieutenant le 14 février 1778, il prit part au premier combat naval de la guerre d’indépendance américaine aux Indes le 10 août 1778 et fut fait chevalier de Saint-Louis le 1er février 1779.
Après les médiocres résultats de ses capitaines dans la campagne de 1782, le Bailly de Suffren lui donna le commandement du Brillant le 14 août 1782.
« M. de Kersauson, auquel manquaient tous les talents qui constituent un marin, à l’exception d’une bravoure à toute épreuve, remplaça M. de Beaulieu au commandement du vaisseau le Brillant » écrivent Charles Cunat et Pierre André de Suffren Saint Torpez dans l’histoire du bailli de Suffren.
Lors du combat de Trinquemalay le 2 septembre, il n’eut pas de chance avec des vents contraires, et lui et plusieurs de ses collègues furent sévèrement critiqués par Suffren.
Il se rattrapa un peu au combat de Gondelour le 20 juin 1783. Il ne bat pas le record de la journée, mais affiche quand même 5 tués et 18 blessés sur son navire de 64 canons.
Suffren lui aurait dit « Kersauson, ta frégate marche comme une charrette, et cependant, c’est elle qui arrive la première au combat ! » (Propos rapportés dans ses mémoires par l’amiral Courson, son beau-frère).
Cette guerre de l’indépendance « américaine » se déroulait en fait tout autour du monde, même au large de Ceylan.
Louis XVI y avait envoyé Suffren, pas très brillant sur les côtes américaines, pour aider les Hollandais à combattre les Anglais. Le but était d’affaiblir ces anglais partout dans le monde.
La description des combats montre que l’entente cordiale ne régnait pas entre Suffren, « gros, sale et aimant bien les jeunes matelots », et ses officiers.
Après des longs mois d’une navigation ennuyeuse, beaucoup de marins, et parmi eux d’importants commis du Roi, étaient séduits par la qualité de vie de ces grandes habitations coloniales : les maisons spacieuses, les grandes cours ombragées, les belles allées fleuries et une terre généreuse qui donnait par tout temps, tout ce qu’on plantait ! Que dire des charmes des jeunes et jolies femmes créoles qui y habitaient ? Elles étaient tout simplement irrésistibles !
Cette séduction les emmenait souvent jusqu’au mariage ! Et cela devenait un important problème pour la France : ces unions entravaient ou brisaient les carrières, notamment celles des jeunes officiers, des grands commis du Roi sur qui l’on avait tant misé, simplement parce qu’ils décidaient, par amour, de tout laisser tomber, pour rester dans les îles avec leur bien-aimée.
Le très sévère gouverneur de l’île de France, le sieur de la Brillanne, les blâmait, et il signala au ministre, en 1776, que trois filles de M. Le Juge, conseiller au Conseil Supérieur, avaient épousé des officiers mettant fin précocement à leurs carrières, et, ce qui était encore pire, il en restait encore trois autres à marier ! Ces mariages constituent des influences fâcheuses contre un bon gouvernement, disait-il.
Histoire de Jean-François et Louise – Sept ans pour aimer !
C’est dans ce contexte que, après de nombreux voyages dans des mers du monde, Jean-François Galleau de LAPEROUSE, habile marin promis à un bel avenir, séjourne quelque temps en île de France, chez un commerçant originaire de Nantes, Abraham Broudou, garde-magasin du Roi.
C’est là qu’il fait connaissance et tombe amoureux de Louise Eléonore, fille des îles, pure, naïve, mais dotée d’un charme asservissant. Le jeune officier écrit à sa sœur le 1er août 1775 : Je suis amoureux, et cette affaire pourrait bien se terminer par un mariage.
C’était sans compter avec l’intransigeance de M. du Ternay, gouverneur aussi sévère que M. de la Brillanne. Il s’oppose farouchement à cette union rappelant énergiquement au jeune amoureux ses engagements militaires. Le jeune officier, interdit d’amour, retourna en France, célibataire. On imagine la dramatique séparation.
Depuis ce jour, la tristesse est venue camper dans l’habitation de M. Abraham ; tout est devenu plus terne, insipide, moins beau. Quelques semaines plus tard, Louise Éléonore et sa mère prennent une décision surprenante ! Avec l’accord de monsieur et son appui financier, elles s’embarquent pour la France avec le ferme espoir de retrouver M. de Lapérouse dans de meilleures dispositions.
Mais, ne sachant pas exactement où le trouver, ce voyage étant tout à fait inopiné, les deux femmes séjournent dans des couvents divers un peu partout, notamment à Nantes et à Paris.
Plusieurs années passent jusqu’au jour où Louise Eléonore retrouve l’amour de sa vie : le jeune militaire tout de blanc vêtu, sortait du commandement général de la Marine Nationale à Paris juste au moment où les deux femmes arrivaient. Il venait de signer un contrat pour une importante mission. Heureuses et timides retrouvailles. Le temps était passé sur leurs vies, près de sept ans de séparation ! Avait-il érodé les sentiments ? Très vite, le film d’une intense et solide histoire d’amour s’est déroulé là, devant les deux êtres, et ils se sont rendu compte très rapidement que de beaux restes les unissaient encore. Durant toutes ces années d’éloignement bien involontaire, la résignation s’était installée dans les sentiments de Jean-François de Lapérouse, au point de le faire céder à la pression de sa famille et de certains de ses supérieurs, pour consentir à se marier avec une riche héritière de son pays de Languedoc.
Mais là, à quelques jours de ce mariage, le hasard a voulu qu’il retrouve Mlle Broudou ! Il en a été bouleversé ! La sincérité de cette jeune femme toujours aimante et vertueuse, ses larmes, ses yeux, son regard, l’immensité d’un amour qui lui avait fait quitter son île avec sa mère, pour si longtemps, à cause de lui, ont eu raison de ses plans.
Alors, il décide de se marier avec la courageuse créole. Le 12 août 1783, Lapérouse écrit à son supérieur, le maréchal de Castries, qu’il a décidé d’épouser cette fille des îles sans grande fortune, envers et contre tous. Le maréchal, touché par les propos de son lieutenant, ne s’oppose pas à leur union, mais, lui rappelle quand même son engagement militaire. Le document qu’il venait de signer juste avant cette rencontre, l’engageait à une longue mission, un grand voyage qui devait débuter dix huit mois plus tard, en janvier 1785. Cela leur laissait un peu de temps pour vivre un singulier bonheur. Le mariage a lieu à Paris en 1784. Une fête empreinte d’une émotion particulière, les mariés sont aux anges et les convives envoûtés par cette bouleversante histoire d’amour.
Le délai expiré, Lapérouse s’embarque à Nantes d’où partent deux navires, le Boussole et l’Astrolabe, pour un voyage qui lui sera fatal. Il ne reviendra jamais !
Jean-Marie de Kersauson de Vijac, capitaine de vaisseau, un des meilleurs officiers de Suffren, attendit quant-à-lui, sa mise à la retraite pour épouser une créole, Rosalie-Marie-Marthe Tribart du Drecey, et fonder une famille coloniale sur l’ile Maurice.
(Tiré d’ « Amour, amours au temps de l’île Bourbon ». Histoires célèbres qui ont constitué les légendes de l’île Bourbon par : Enis Rockel (guide conférencier) Mardi, 13 Février 2007).
En fait, il n’est pas encore tout à fait à la retraite (mais s’y prépare) et de retour à L’Ile de France, il épousa, avec la permission de Souillac, à Moka le 11 juillet 1784, Rosalie Marie Marthe TRIBART du DRECEY, fille encore mineure de Louis Charles et de † Catherine NICOLAS de FORANCIS, née le 2 décembre 1760 à Port Louis.
Les particules des parents sont à la mode des Iles, et n’ont pas de fondement réel.
Les deux témoins sont ses beaux-frères, Jean Marie Visdelou, Comte de Bonamour, et Jean Nicolas de Forancis.
Jean Marie fut promû Capitaine de vaisseau quatre jours plus tard.
Dans son acte de mariage, il se qualifie de Vicomte de Vijac, fils du Comte de Goasmelquin.
Quelques jours après le mariage, le 27 juillet, la nouvelle Madame de Kersauson s’empresse d’écrire à sa nouvelle belle-sœur, la comtesse du Laz (Marie Jeanne de Kersauson) :
« Madame,
Je m’empresse d’avoir l’honneur de vous faire part de mon établissement avec Monsieur votre frère qui, depuis environ huit ans, m’a fait une cour assidue.
Ma sœur ainée ayant épousé Monsieur Visdelou de Bonamour votre parent et le sien, a été cause de notre connaissance, et, voulant se lier plus étroitement avec eux, m’a obtenue de mon père à son retour de la guerre des Indes.
J’espère, Madame, que vous voudrez bien agréer son choix, me donner part dans votre estime et m’accorder votre amitié. J’ay tout lieu de l’espérer par celle que je vous proteste d’avoir pour vous toute ma vie, vous en assurant dès à présent, et vous priant de me faire l’honneur de me croire dans ces sentiments.
Madame, votre très humble et très obéissante servante, Tribart du Drecey Kersauson. »
Le 4 septembre 1785, le chevalier de Kermellec écrit aussi à la Comtesse :
« J’ai reçu le premier de ce mois, par un bâtiment arrivé de l’Isle de France, une lettre de M. le Chevalier de Kersauson. Je m’empresse de vous donner de ses nouvelles. Il jouissait, au commencement de mars, d’une bonne santé. Il était à la veille de partir pour l’Inde, commandant le vaisseau « Le brillant ». Son aimable moitié était grosse à l’époque…. »
Son navire est en réparation et le 17 mars 1785, il se plaint que cela fait 4 ans qu’il n’est pas payé et qu’il doit engager sa petite fortune pour soutenir sa table. Prévoyant que les réparations vont durer il réclame des subsides…
Jean Marie de Kersauson s’établi à l’Ile de France pour sa retraite le 31 décembre 1791.
Il a demandé l’autorisation de toucher sa pension et de s’établir là bas, car il ne supporte plus le climat de l’Europe.
Hélas son dossier sera égaré et il ne touchera rien. Son épouse le fera ré-ouvrir après le décès.
Il prêta serment d’allégeance au gouvernement britannique à Port Louis le 17 avril 1811, reniant ainsi des siècles d’histoire de ses ancêtres contre la perfide Albion.
Le 27 décembre 1813, il fit l’acquisition d’une demeure à la Pointe aux Piments, pour la somme de 5000 piastres, et dont il ne profita que quelques semaines.
Il y mourut le 10 février 1814, à l’âge de 67 ans, laissant une veuve un peu désargentée.
Sa maison n’était pas encore entièrement payée, et il n’avait que 34 esclaves, un vieux palanquin, douze ânes de charge, 200 bouteilles vides et son épée.
(Texte inspiré de J. Raymond d’Unienville 1973).
Ils eurent 2 garçons et trois filles......
La suite sera sans doute publiée un jour ....

Amicalement
Jean Claude

Jean Claude