Décès de Paul VERGES et ses ancêtres SALAUN de Kermarcal

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Jean Claude Bourgeois
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Décès de Paul VERGES et ses ancêtres SALAUN de Kermarcal

Message par Jean Claude Bourgeois »

Bonjour,

Paul VERGES, frère de Jacques, est décédé hier.
http://www.lemonde.fr/disparitions/arti ... _3382.html

Voici ce que j'écrivais sur ses ancêtres :

XV - Les SALAÜN de KERMARCAL

Voici un exemple assez typique « d’anoblissement colonial » de la fin du 18ème siècle.
Le peuplement et l’exploitation des terres d’Outre-Mer furent une occasion d’aventure et de promotion pour de nombreuses familles Bretonne.
Les cadets de familles authentiquement nobles, mais un peu désargentés, mais surtout de familles bourgeoises, cultivées mais pas très riches non plus, ont pu se « faire un nom » et une place au soleil.
Les SALAÜN de « Kermarcal » et de « Kerbalannec » surent en profiter.

Cette première famille de Salaün de Kermarcal avait une relation un peu particulière vis-à-vis des épouses et des enfants. On s’y mariait quelques jours seulement avant le premier accouchement, voire plusieurs années après, on y a divorcé, puis continué à faire des enfants à l’épouse délaissée, on mettait ces derniers en nourrice ou on ne les déclarait que quelques mois ou années après la naissance etc…. Ce n’était pas systématique, mais c’est arrivé souvent …

Voici leur histoire.

Les futurs Salaün de Kermarcal habitent à la fin du 17ème siècle un petit village des Cotes du Nord, à Saint Adrien, au lieudit Le Gouhennec.

Le 20 février 1702, Etienne, tailleur d’habits, fils de paysans François et Jeanne JARNO, épouse Catherine LE VACON, fille de Jean et de Jeanne LAUTOUT.
Il ne sait pas signer

Le 14 juin 1709 naît à St Adrien, Yves Salaün fils légitime d'Etienne Salaün et de Catherine Le Vaccon du Gouennec, et baptisé le lendemain. Compère et commère ont été Yves Le Blad et Jeanne Piriou qui ne signent.

Yves fera des études de droit et à son mariage en 1734, sera déclaré « Maître »

A Guingamp, paroisse Notre Dame le 6/11/1734 :

Après les fiançailles faites en face de l'église et les trois proclamations de bans par trois jours solennels à l'endroit du prône des grandes messes dans l'église paroissiale de Guingamp, savoir les dimanches troisième onzième et dix-huitième d'octobre l'an mil sept cent trente-quatre entre Maître Yves Salaün, de la paroisse de Bourbriac, trêve de St Adrien, fils d'Etienne Salaün et de défunte Catherine le Vacon ses père et mère et Guillemette
Hamon, née le 1er juin 1715 à Guingamp fille de Grégoire Hamon et de défunte Catherine Hamon ses père et mère de la paroisse de St Sauveur et habitués à Guingamp, ne s'étant trouvée aucune opposition civile ni canonique je soussigné prêtre associé du consentement du recteur les ay conjoint en mariage par paroles de présent et leur ay donné la bénédiction nuptiale pendant le sacrifice de la messe le sixième jour de novembre mil sept cent trente-quatre en présence des soussignés et de plusieurs autres qui ne signent, entr'autre Etienne Salaün père dudit Yves Salaün et Matthieu Raoul.
Signent : SALAÜN Grégoire HAMON, Alain HAMON; Anne Ursule, Jean DOUR, Jean Louis DE KERMARQUAL

Il était temps de se marier !
Car deux jours après la cérémonie, le 8 novembre, naissait leur premier fils, Joseph
Sans doute prématuré, il décédera le lendemain.

Ils eurent 6 autres enfants, dont un seul survivra :

Saturnin Auguste né le deux octobre mil sept cent quarante du légitime mariage de Maître Yves Salaün Notaire et procureur et de demoiselle Guillemette Hamon ses père et mère de cette paroisse a été baptisé le jour suivant dans l'église paroissiale de Guingamp parrain et marraine ont été Pierre Le Roux et Marie Stéphan qui leur ont donné le nom de Saturnin Auguste.

Il poursuit l’ascension sociale de son père.

A son mariage, à Plélo, le 10 juin 1767 il est dit :

« Noble garçon Saturnin Auguste Salaün employé dans les fermes du Roy dans le poste de Plouezec département de Paimpol en Goëlo fils mineur de défunt Maître Yves Salaün procureur et notaire de la Cour Ducale et prévôté de Guingamp »

Il épouse demoiselle Anne Marie GANCEL fille majeure de feu Sieur Jean Gancel et de demoiselle Catherine Le Roux son épouse ses père et mère de cette paroisse.
Les témoins sont Nicolas RICHARD beau-frère de ladite épouse, François Maye beau-frère de ladite épouse, Dominique Richard cousin germain dudit Nicolas Richard, de Maître Jean Scriget et de plusieurs autres lesquels préalablement avertis selon l'Edit des peines du faux témoignage en ce cas ont déclarés connaître parfaitement lesdits époux leur âge, qualité et domicile et n'y voir aucun empêchement canonique ou civil entre eux , les personnes cy dessus demeurant tous en cette paroisse ont tous signés avec nous.

Comme pour ses parents, il était temps de se marier !
5 semaines après la cérémonie, naîtra leur première fille, Louise à Plouézec, le 18 juillet.

Saturnin Auguste changera souvent d’affectations et ses enfants naîtront à Plouezec, Planguenouat, Estables sur Mer, Brest, de 1767 à 1779.
Le plus souvent sans lui, toujours occupé ailleurs.

Ils eurent a moins 6 filles et 2 garçons, dont un seul survivra.

En 1779, il émigre vers Brest où son dernier fils, Jean Marie naît le 31 mars à Recouvrance.
Il décédera 4 mois plus tard le 9 août à Crozon chez ses nourriciers.

Image

Ses actes de naissance et décès sont importants car c’est la première fois que le père, Saturnin utilise le nom complémentaire de « Kermarcal », sans doute pour se distinguer des autres nombreux Salaün de Brest.

Saturnin Auguste décédera à Brest le 14 janvier 1787 et son épouse le suivra le 24 mars 1789.
Dans son acte de décès, Saturnin est dit "Commis embarquant".
Il avait décidé de partir pour l'île Bourbon ....


Son seul fils survivant, Saturnin Nicolas est né le 11/10/1767 à Etables sur Mer et baptisé le jour suivant avec pour parrain Nicolas Richard et marraine demoiselle Thérèse Geoffroy.

Il s’engage dans la marine, devient capitaine de vaisseau marchand et s’installe à l’île Bourbon (La Réunion) en 1793.
Il sera employé à la sous-direction des Ponts et Chaussées (1809)

Quelques mois après son arrivée, il se fait déjà appeler « Salaün de Kermarcal » et le 13 août 1793, il épouse à Saint Denis, où il réside, la citoyenne Marie Françoise Euphrasie RICHARD (parente de son parrain ?) fille mineure du citoyen François Martin Richard et de feue Michèle Antoinette Gourdet.
Elle est née à St André le 29 juillet 1775 et décédera le 8 octobre 1862 à St Denis à 87 ans.

Leur union durera 10 ans, et le 20 Nivôse de l’an 9 de la République ils divorcent pour « incompatibilité d’humeur et de caractère »

« L'an Neuvième de la République Française, le vingt nivôse, trois heures après midy.
Par devant nous, Cazinier François, officier public de la commune de St André, canton Nord-Est, chargé de constater l'état civil des citoyens de la ditte commune, sont comparus en la maison commune, le citoyen Saturnin Salaün domicilié de cette commune et la citoyenne Marie Françoise Euphrasie Richard son épouse demandeurs du divorce mutuel à coze d'incompatibilité d'humeur et de caractère ......
poursuit; et nous ayant présenté toutes les pièces qui ..... qu'ils ont remplis toutes les formalités et observé tous les ... prescrits par la loi, et notamment l'acte de non-conciliation ... citoyen agent municipal en datte du onze nivose ... qui a renvoyé les parties à se pourvoir par devant nous ... entendre prononcer le dit divorce .... ordonnance en datte du même jour jour onze nivose qui r... les parties à ses ..., et ... pour être ... prononcé. En conséquence nous, officier public susdit....... »

Il décédera le 27 mai 1825
« L'an mil huit cent vingt-cinq, le vingt-sept mai à midi et demi, en la maison commune et par devant nous Jean Baptiste Petitpas chevalier de la Légion d'Honneur, Maire de Saint Denis, Ile Bourbon, ont comparu les sieurs Pierre Alexandre Delos, dentiste âgé de trente-huit ans et Guy Dumesguil, greffier de la justice de paix âgé de vingt-neuf ans tous deux domiciliés de cette ville, lesquels nous ont déclaré que le sieur : Saturnin Salaün de K/Marcal ancien lieutenant de vaisseau de sa majesté, natif de Saint Brieuc, département des Côtes du Nord, âgé de cinquante-sept ans, époux de Dame Marie Françoise Euphrasie Richard, est décédé le jour d'hier à dix heures du soir en l'habitation de Charles Salaün son fils sise à Saint Denis, lieudit le Boucan Launay, sur quoi, nous maire susdit, nous sommes transportés de suite au lieu du décès, où le sieur Saturnin Salaün est réellement décédé. De tout quoi, avons dressé le présent acte, qui a été transcrit sur les trois registres et signé des témoins et de nous, après lecture faite ».

Pendant leurs années de cohabitation, et même après, Saturnin Nicolas et son épouse eurent 8 enfants, 8 garçons !
Ils étaient divorcés depuis 1802 mais il continua à lui faire des enfants

Pierre Saturnin, né le 25 mai 1794 à St André et † le 15 juillet 1832 à St Denis
Philippe Désiré, dit Alcide, le 25 juin 1796 à Ste Suzanne et † le 28 septembre 1847 à St Denis chez son frère Charles Adolphe.
Louis Henry Arthur, dit Dainville, le 21 février 1799 à Ste Suzanne, employé du génie, et † le 11 janvier 1839 à St Denis
Charles Adolphe le 24 février 1800 à St André, mais dont la naissance ne fut déclarée qu’en 1824 ! Et † après 1847
Montal vers 1802 et † sans avoir été déclaré.
Louis Saturnin, dit Théobald, le 12 février 1805 à St André mais seulement déclaré le 16 décembre 1827 :
Extrait des minutes du greffe du tribunal civil de première Instance de l’Isle Bourbon :
Le tribunal de première Instance de l’Isle Bourbon a rendu le jugement suivant :
Sur la requête présentée par la dame François Euphrasie Richard veuve du sieur
Saturnin Salaün de Kermarcal domicilié du quartier de St Denis tendant à faire porter un de ses enfants sur les registres de l'état civil
Puis Monsieur Dupond en son rapport ...........remplissant les fonctions de procureur du Roi, en sa conclusion Attendu que la demande est fondée Le tribunal autorise le maire de St André à porter sur les registres de l'état civil Louis Saturnin Salaün de K.Marcal, né au quartier de St André, le douze février mil huit cent cinq, fils légitime de la demanderesse et de Saturnin Salaün de K.Marcal son époux décédé. Ce qui ici a [été] exécuté.
Jean Henry, dit Dalbrove, né vers 1806 (pas déclaré ?) et décédé le 26 février 1835 à St Denis
Antoine Ferdinand, né le 22 octobre 1808 à St Denis et † le 18 mars 1873 à St Denis

Au moins trois des enfants vont faire souche à la Réunion.

A – Charles Adolphe va épouser vers 1825 Marie Vergette GRIMAUD
Ils auront au moins une fille, Marie Noémie, née le 2 mars 1835 à St Denis et qui épousera le 20 mars 1854, Jean Louis LANGOIT, né le 26 août 1820 à St Denis.

Leur fille Noémie Louise Marie épousera Raymond Charles Aristide VERGÈS, Pharmacien, dont un fils, Louis Marie Adolphe Raymond, médecin, ingénieur agronome, Consul de France au Siam, jusqu’à ce qu’il épouse en seconde noces une institutrice Thi Kang PHAM, ce qui ne plut pas trop aux autorités, décédé en tout début d’après-midi le mardi 2 juillet 1957 à son domicile de Saint-André dont il était le maire.
Ses enfants seront bientôt célèbres, Paul et Jacques VERGÈS respectivement Président de Région, et Avocat.

ImageImage
Jacques et Paul et leur père Raymond et à droite leur mère


B – Louis Saturnin, « propriétaire », commissaire de police épousera le 7 mai 1828 Jeanne Françoise BONNIN, née le 5 mars 1812 à St Benoît, fille du sieur Jean François Bonnin et de dame Jeanne Françoise Maurel.

Ils eurent :

Jeanne Françoise Alphonsine née le 3 novembre 1833 à St Denis et qui épousera le 5 décembre 1860 François PARIS-LECLERC né le 1er août 1829 à St Pierre. Et dont une fille, Jeanne Marie Cécile épousera Joseph Eugène TURPIN de MOREL.

Louise Thérèse, née le 15 octobre 1830 à St Denis et qui épousera le 15 octobre 1860 Léon Louis Paul Auguste Gabriel PARIS-LECLERC

Enfin, Jules Louis Saturnin, né le 4 mars 1830 à St Denis, et qui épousera le 3 mai 1852, Marie Désirée Lucella BEDIER, de 8 ans plus âgée, née le 23 mai 1822 à St Denis

Ils eurent Marie Louise Françoise Floriska, née le 27 septembre 1857 et qui † à St Denis à l’Age de 85 ans le 17 décembre 1942. Elle avait épousé le 8 août 1881, Marie Gaston BERAUD, né le 3 novembre 1854 à St Denis.

Et Jules Louis Théobald Saturnin, né le 24 avril 1853 à St Denis, mais déclaré que le 9 mai selon la coutume.
Ce dernier, entrepreneur, épousera le 19 avril 1903 Marie Hermine Ida MANÈS dont il avait reconnu le 24 août 1896, deux jumeaux, nés 3 ans plus tôt le 15 décembre 1893 ! :
Théobald Louis et Jules Alain Eugène qui sera élu conseiller général de St Denis en 1934,

Jules Louis Théobald Saturnin n’a pas été appelé sous les drapeaux car la loi sur le recrutement de l’armée n’était pas appliquée dans les colonies.
Le 18 juillet 1913, le Ministre des Colonies le proposera au titre de Chevalier de la Légion d’Honneur et écrira :
« Grosse situation commerciale et industrielle, dirige depuis 1894 une fabrique d’engrais chimiques, la seule de la colonie. Membre de la chambre de commerce de St Denis depuis 1898. Président de cette Compagnie depuis le 11 mai 1910 ».

Par décret du 5 août 1913, il sera nommé Chevalier après une petite hésitation car son casier judiciaire n’était pas vierge …
Le 17 mai 1888 il avait été condamné à 200 Fr. d’amende pour coups et blessures volontaires.
Mais heureusement réhabilité par l’article 10 de la loi du 11 juillet 1900 ….


C – Antoine Ferdinand né en 1808, déclaré en 1809 et † le 18 mars 1873 à St Denis.

Il épousera le 20 avril 1842 à St Denis, Marie Françoise ARMAND, dite Nelly, née le 18 septembre 1820 à St Denis et † à Curepipe à l’Ile Maurice, fille de Marcelin Armand et de Marie Irma
On dit que la mère d’Antoine Ferdinand ne voyait pas ce mariage d’un bon œil car Marie Françoise n’était pas blanche.
Ils eurent au moins 7 enfants.

Les descendants de ces familles Salaün de Kermarcal essaimèrent à Maurice, aux Seychelles, en Australie, et certains revinrent en Métropole.

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Alors pourquoi " De KERMARCAL" ..... ?
Kermarcal est un petit hameau de le commune de Saint Adrien, berceau de ses ancêtres ......Ils n'y étaient pas "seigneurs" Mais son père, était employé dans les fermes du Roy, son grand père, notaire, son AGP y était tailleur, et ne savait signer et son AAGP, probablement laboureur...Au mariage de son GP, né à St Adrien, un Jean Louis de KERMARCAL était témoin ....

PS : J'avais déja raconté cette histoire, il y a 3 ans, mais j'aime bien :lol:
Amicalement 8)
Jean Claude
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