Bonjour,
En cherchant les KERTANGUY, j'ai trouvé un KERSAUSON que je ne connaissait pas
Et qui se cachait derrière un buison du Bush sud Africain.....
L'après Libre Journal
L’Histoire à l’endroit
Le dernier commando Boer par Bernard Lugan (28 octobre 1994)
En 1899, la guerre éclate entre les petites républiques boers et l’Empire britannique. Cette lutte inégale qui oppose la puissance militaro-industrielle anglaise aux communautés patriarcales et rurales du Transvaal et de l’Orangia passionne les Européens. La cause des Boers devient vite sacrée. Des comités se constituent et des volontaires partent pour l’Afrique afin d’y combattre dans les rangs boers ; Allemands, Italiens, Hollandais, Russes, Américains, Irlandais ou Français, ce sont des milliers d’hommes qui viennent offrir leurs bras aux vaillants Boers. Parmi les Français, la figure du colonel de Villebois-Mareuil baptisé le "La Fayette de l’Afrique du Sud" par la presse de l’époque, domine largement. Un de ses neveux,
Robert de Kersauson, vécut une aventure ignorée, tant en Afrique du Sud qu’en France.
Robert de Kersauson a vingt ans quand éclate la guerre anglo-boer. Il part aussitôt pour le Transvaal et a le privilège d’être présenté au président Kruger devant lequel il prête serment avant d’être incorporé dans un commando de volontaires commandé par
le capitaine de Kertanguy.
Rapidement, Robert de Kersauson comprend que, s’il veut véritablement participer aux péripéties les plus importantes de la guerre, il lui faudra apprendre l’afrikaans et rejoindre un authentique commando boer. Il a alors le privilège d’être versé dans le corps d’élite de l’armée boer, les éclaireurs de Theron ou "Theron’s Verkennirigskorps" commandé par Daniel Theron, descendant de Huguenots.
Au bout de quelques mois, Robert de Kersauson fait partie d’un petit groupe de sept hommes détachés de ce commando et envoyés sous les ordres de Marie Maritz organiser la guérilla des derniers Boers vivant en territoire anglais, dans la colonie du Cap. Maritz décide d’opérer dans le Namaqualand au nord de la ville de Calvinia. Dans ces espaces désolés, la guérilla boer se rend maîtresse d’immenses régions, capturant les garnisons britanniques, désorganisant les lignes de défense et les voies de communication ; Robert de Kersauson gagne au feu ses galons de lieutenant. En juillet 1901, il est envoyé auprès du président Kruger réfugié en Hollande afin de lui décrire la situation des armées boers et de recevoir ses instructions sur le futur de la guerre. Pour rejoindre l’Europe, il franchit la frontière de la colonie allemande du sud-ouest africain et s’embarque à Swakopmund le 10 septembre 1901. En avril 1902, sa mission terminée, il rejoint le commando Maritz, lui-même placé sous les ordres du général Smuts. Deux semaines après la capitulation boer qu’il ignorait, ce commando était rassemblé pour lancer une attaque d’une incroyable audace contre la ville anglaise de Cape Town.
Refusant de se rendre aux Britanniques, Robert de Kersauson et Marie Maritz se réfugient en territoire allemand puis ils partent pour l’Europe. La vie mouvementée de Robert de Kersauson n’est pas achevée. Il revient en Afrique du Sud quelques années plus tard, s’y marie avec une Française originaire de Saint-Etienne, Marie-Louise Coutorbe, puis le couple s’embarque pour les Etats-Unis d’Amérique où Robert fit de la prospection minière en Arizona. La guerre ayant éclaté en 1914, Il rejoint l’armée française et il se bat héroïquement, notamment à Verdun.
De 1919 à 1959, Robert et Marie-Louise de Kersauson vivent en Afrique centrale où Robert est inspecteur de la firme automobile Citroën. En 1939, il est mobilisé avec le grade de chef de bataillon. Le 14 février 1940, atteint par la limite d’âge, il est renvoyé dans ses foyers. Il décide alors de s’installer en Afrique du Sud, où, comme ancien combattant boer, il obtient la nationalité sud-africaine. Le couple s’établit à Franshhock, près du Cap, dans une petite maison au joli nom d’Ermitage. Le 11 Juin 1971, Robert meurt, suivi le 17 mars 1972 par son épouse. N’ayant pas eu d’enfants, les Kersauson léguèrent tous leurs biens au musée huguenot de Franshhock. Leur tombe se trouve d’ailleurs à quelques dizaines de pas du musée.
Tous les ans, de nombreux Français viennent en pèlerinage à Franshhock - le coin français - où, à partir de 1688, s’installèrent les premiers Huguenots ayant fui la France. Ils visitent le musée huguenot, parcourent les rues fleuries de cette délicieuse bourgade mais n’ont pas l’idée de se rendre dans le petit cimetière. Ceux qui auront lu cet article n’oublieront pas d’aller déposer quelques fleurs du veld sur la tombe de celui qui combattit, pour l’honneur, dans les rangs du dernier commando boer.
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Texte publié dans Le Libre Journal n°49.
30 juin 2009 - lien permanent