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par chopendoz
06/11/2010 13:05
Forum : Linguistique
Sujet : Patronyme : TALAFACE, Logonna-Daoulas, 17ème
Réponses : 10
Vues : 8653

Bonjour,

Il s'agit vraisemblablement d'une variante de Talvas / Talfas (que l'on trouve également dans le canton du Faou en 1704).

Deshayes cite ici Grégoire de Rostrenen qui traduit le breton talfacz par "trogne, visage gros et laid". Pas très sympa pour les porteurs du patronyme...

Bien cordialement,
Pierre Yves Quémener
par chopendoz
17/10/2010 9:29
Forum : Linguistique
Sujet : Patronymes JEZEQUELOU DIQUELOU
Réponses : 4
Vues : 4578

Bonjour Bernard,
bonjour à tous,

N'étant pas un spécialiste de la question, je ne m'avancerai pas trop car quelques points me laissent perplexe.

Je n'ai trouvé aucune variante de ce nom dans le cartulaire de Quimper, ni dans les rôles de la réformation des fouages de Cornouaille en 1426. A mon avis, il s'agirait donc d'un patronyme de composition récente et qui ne serait pas issu d'un nom de personne. Il faudrait consulter les rôles de la réformation des fouages de Tréguier pour en être plus sûr.

Il s'agit peut-être ici d'un sobriquet : le deuxième terme - cabel - signifie chaperon en moyen breton mais je n'ai pas d'explication assurée pour le premier terme. Bien que dans certaines variantes (Jezegabel notamment) on retrouve exactement la même graphie que dans certaines variantes de Judicaël (Jezequel par exemple), l'absence de mention du nom dans les documents du bas Moyen Age ne m'incite pas à faire le rapprochement. J'avais pensé à "juif" pour le premier terme mais je viens de regarder dans le dictionnaire de Grégoire de Rostrenen et le mot se traduisait par juzéau, yuzéau au début du 18ème. Un linguiste aura sans doute un avis plus éclairé sur la question.

Dans les registres paroissiaux, les formes les plus anciennes se trouvent dans le Poher et le Trégor. Ce sont surtout les variantes avec un /h/ à l'initiale qui sont les plus fréquentes : Hichigabel, Hisecabel, etc... Je présume que la prononciation la plus approchée est rendue par la graphie Hiesigabel (Poher 1655).

Le nom se répand en Cornouaille au 18ème et les graphies avec initiales en /i/ et francisations en /j/ se développent un peu partout. Le patronyme ne s'est pas répandu dans le Vannetais.

Toutes les variantes que vous citez me semblent apparentées. L'avant-dernière - Thigabel - est une forme abrégée sans la première syllabe. La graphie utilisée pour la première consonne rend bien compte de la prononciation à la manière d'un /th/ doux anglais. Variante à ne pas confondre avec Digabel (litt. sans chaperon, c'est-à-dire tête nue). J'ai un doute sur Thesibel et Itabel : il faudrait vérifier la graphie sur les actes.

Bien cordialement,
Pierre Yves Quémener
par chopendoz
11/10/2010 9:48
Forum : Linguistique
Sujet : Patronymes JEZEQUELOU DIQUELOU
Réponses : 4
Vues : 4578

Bonjour Bernard,
bonjour à tous,

En dehors des problèmes de mauvaise compréhension d'un nom (souvent lorsque le quidam est originaire d'une autre paroisse), les variantes patronymiques résultent fréquemment de l'évolution linguistique et de l'impact des mutations consonnantiques propres à la langue bretonne (la consonne initiale d'un mot varie en fonction du mot qui le précède).

Il faut aussi tenir compte de la difficulté d'écrire en français un nom prononcé en breton. Le problème se pose justement pour les noms de personne commençant par un /j/. Jusqu'au 17ème siècle, il est vraisemblable que le /j/ initial d'un nom était prononcé /i/. On le retrouve d'ailleurs rarement en milieu de mot en breton. Les noms d'origine hébraïque étaient prononcés de la même façon : Iesus, Iacob, Ioannes (en grec) ont été francisés en Jésus, Jacob, Jean.

Dans les registres paroissiaux, les noms de personne dont la prononciation commençait par un /i/ pouvaient être transcrits aussi bien par un I, un Y ou un J (qui est parfois remplacé par un G).

Iquel est la forme abrégée de l'ancien nom de personne Judicaël (dérivé de Iudic, diminutif de Iud, seigneur, et hael, noble, généreux) qui était fréquemment attribué en Bretagne jusqu'au 13ème siècle. On peut donc le rencontrer sous les formes Yequel, Jiquel ou même Giquel, ou dans des diminutifs à finale en -ou.

Une autre particularité est que le son /th/ se transcrivait en breton du Moyen Age soit par un /d/, soit par un /z/ : "Judicaël" se prononçait donc en fait Iuzikaël.
D'où la multitude des formes patronymiques actuelles :
Jezequelou, forme hypocoristique proche du nom primitif,
Diquelou, forme hypocoristique du nom sans la première syllabe.

Bien cordialement,
Pierre Yves Quémener
par chopendoz
27/09/2010 7:05
Forum : Linguistique
Sujet : Origine de certains noms en 1640 - La Forêt Fouesnant
Réponses : 2
Vues : 2181

Bonjour Danielle,
bonjour à tous,

Je suis assez étonné de l'évolution de MAHAULT en MAO :

MAHAULT est un ancien nom de baptême féminin très courant en Bretagne au Moyen Age et qui a donné le patronyme MAHOT (que l'on prononce en breton "Mahotte").
A ne pas confondre à mon avis avec MAO qui vient du bieux breton "mauu", signifiant jeune garçon, serviteur (cf. les messages sur ce patronyme dans le forum Linguistique) et dont la prononciation doit se faire en une seule syllabe avec un o ouvert allongé.

CORFMAU est breton : je ne connais pas précisément ce patronyme mais on peut le rapprocher de CORFMAT qui vient de "korf", gros, corpulent, et de "mat", bon. CORFMAU serait peut-être un composé de "korf" et du "mauu" ci-dessus.

Bien cordialement,
Pierre Yves Quémener
par chopendoz
03/09/2010 6:15
Forum : Linguistique
Sujet : Patronymes : Le YAOUANC; JAOUANG; JEUNE, LE JEUNE
Réponses : 21
Vues : 13873

Bonjour à tous,

Je ne pense pas que nos ancêtres francisaient leurs noms au 17ème et au 18ème siècle. Je dirais plutôt qu'on le faisait à leur place.

Dans le cas des Yaouanc, les membres de cette famille devaient toujours se présenter sous cette appellation s'ils étaient bretonnants. Cependant, il arrivait fréquemment que les curés traduisent le nom de famille sur les registres paroissiaux lorsque la correspondance était évidente avec un nom français.
Tous ne le faisaient pas et l'exemple donné pour Corlay montre bien qu'il s'agit d'un choix du rédacteur de l'acte. Dans de telles situations, on ne peut absolument pas dire que le nom a évolué, il s'agit simplement d'une traduction. On devrait d'ailleurs pouvoir déterminer assez facilement quels recteurs ou curés procédaient ainsi par un examen minutieux des registres.

A mon avis, il n'y a pas à envisager ici une volonté d'étouffement de la langue bretonne. Avant que l'édit de 1539 n'oblige à utiliser le français dans les registres, les rédacteurs traduisaient fréquemment les noms en latin. On trouve par exemple Scissor (tailleur) à la place de Quémener.
En fait, la traduction pouvait s'appliquer aux noms de famille comme elle s'appliquait aux noms de baptême (ce qui nous choque moins mais c'est juste notre conception actuelle) : s'il y avait un équivalent français, c'est celui-là qui était indiqué en général (ex. Mathieu pour Mahé/Macé) et parfois on en créait (ex. Blaise pour Plezou). Dans ce dernier cas, il y a bien par contre une volonté d'étouffement des noms de baptême "païens" (je n'ai pas dit "bretons").

Aujourd'hui, nous avons fait de notre patronyme un marqueur fort de notre identité et nous attachons beaucoup d'importance à l'orthographe, jusqu'au respect du moindre accent. Nos aïeux avaient une approche différente et faisaient preuve d'une grande souplesse pour ce qui est de la graphie et pour l'écrit en général, qu'ils ne maitrisaient pas toujours.

C'est d'ailleurs seulement à la Révolution que les changements de patronymes furent interdits (loi du 6 fructidor an 2), probablement en réaction à la tendance qu'avaient certains nouveaux riches à rajouter le nom de leur propriété à leur patronyme, jusqu'à parfois omettre le terme originel dans leur signature.

Bien cordialement,
Pierre Yves Quémener