Cela fait un moment que je n'étais pas passé par ici et je retombe sur le sujet des JAMET / JAMES / JAMETZ qui m'a tant pris de temps il y a quelques années ... Et je vois que les discussions vont toujours dans les mêmes directions difficiles mais de plus en plus documentées !
Je vais relire dans l'ordre, mais en attendant déjà quelques éléments qui me viennent en vous lisant rapidement :
Patricia d'abord : vous pointez dans l'un de vos messages le mystère entourant toujours le nom "DE LA PORTE NOIRE" et je crois que personne ne vous a répondu depuis. Or c'est le premier sujet qui m'a animé sur ce forum vers 2015. Je chercherai à nouveau les sources mais la conclusion de nos discussions étaient celles-ci.
Lorsque les JAMES des Côtes d'Armor sont arrivés à Roscoff, ils se sont installés dans la rue des Perles (Armand Rousseau) dans l'une des belles demeures. Celle-ci portait comme nom "manoir de la Tour" (je retrouverai la source et les propriétaires) puis "manoir de la Porte-noire", probablement pour une raison purement littérale ... Dès lors ils ont ajouté à leur nom cette particule. Il s'agit de la maison dont la façade est la plus large de la rue (le numéro 6 je crois). A noter qu'ils possédaient également Ker Moguérou au bout de la rue. Toute cette partie trouve source dans les mémoires du Vicomtes Eugène d'Herbais, héritier des Prigent de la Porte Noire, eux-mêmes héritiers des Jamet de la Porte Noire.
Voilà pour le nom !
Autre élément important mais déjà rappelé dans les messages qui précèdent : avant l'arrivée de ces JAMES il existait déjà à Roscoff une famille, les JAMET. Sont-ce des parents que les premiers auraient rejoint ? Je ne sais pas. Mais ces JAMET "plus anciennement roscovites" comme le dit l'abbé Feuntreun, étaient également armateurs.
J'en descends pour ma part, par plusieurs branches, et je finis ce message en vous citant une petite rédaction de ma part, qui trouve sa source dans le livre Port et havre de Roscoff de monsieur Tanguy je crois. J'ai toutefois creusé la partie de 1527 en achetant des livres anciens et parfois espagnols pour avoir tous les éléments.
L'histoire de la famille Jamet est intimement liée à celle de Roscoff. Les Jamet y étaient de ces familles d'armateurs qui se sont installées dans la cité corsaire qui n'en était pas encore une à la fin du XVème siècle et qui ont participé à sa reconstruction.
La première mention d'un Jamet roscovite est assez marquante. Jean Jamet, armateur désigné comme étant un noble homme par les annales roscovites, arme un navire, le Leynon, pour aller commercer avec deux autres navires bretons au large du Brésil. Il s'agit d'une carvelle de 140 tonneaux, vaisseaux prévu pour la naviguation de longue durée. Le Leynon est cité une première fois en 1521, quand il est surpris en plein chargement de bois dans la baie de Tous-les-Saints par l'escadre portugaise de Christovao Jacques et qu'il réussi à fuir.
En octobre 1526, ces trois vaisseaux se trouvent dans le rio San-Francisco et rencontrent le San-Gabriel, vaisseau portugais de la division Garcia de Loaysa. Malgré les tensions entre la France et le Portugal, les Bretons lui font bon accueil et lui envoient une chaloupe pour le piloter dans le fleuve, tout comme ils lui prêtent des calfats pour le radouber. Mais une rixe entre matelots bouleverse tout et les portugais fuient sous les balles bretonnes, laissant leur capitaine, Rodrigo d'Acunha, prisonnier.
Quelques mois plus tard, Jean Jamet réarme le Leynon qui repart du port de Pempoul avec deux autres navires, armés par Yvon de Crétugar, François Guerret, Mathurin Tournemouche et Jean Bureau. Les trois navires chargent du bois dans la baie de Tous-les-Saints, au large de Bahia, quand ils sont cernés par quatre caravelles commandées par Christovao Jacques. Le portugais les attaquent sans sommation, et les coule.
Les 300 survivants sont soit pendus, soit enterrés à mi-hauteur dans le sable afin de servir de cible aux arbaletiers portugais.
Les armateurs bretons écriront au roi François Ier pour se plaindre de cette barbarie et revendiquer la découverte d'une partie du Brésil. Les portugais quant à eux désignent ces corsaires bretons comme étant des pirates.
Au début du XVIème, les armateurs roscovites financèrent la construction de l'église, afin de sceller l'autonomie du port vis-à-vis de la ville épiscopale voisine. Ils recommencèrent ensuite pour l construction de l'ancien quai et de la première digue. Le compte paroissial déposé par Jean Bernard en 1566 parle ainsi par exemple de l'apport "de Jehan Jamet, 3 testons receus par le dit Jamet d'avecques des Flamans pour aider à la construction de la chaussée, cy 1 livre 16 sols."
Ce Jean Jamet est selon toute vraisemblance le fils du précédent, ou le même plus âgé.
Privés du commerce outre Atlantique, les armateurs se mettent à marchander avec les hollandais. Les correspondants anversois, tels Juan de Cuellar et Diego de Echavarri remarquent les bretons, de Cuellar écrit dans une lettre : ce sont les meilleurs marins qu'il y a actuellement et les plus loyaux", et de citer Jean Jamet, capitaine de la Louise, 45 à 50 hommes, 4 pièces d'artillerie de bronze, 30 pièces de fer grandes ou petites. Il s'agit du troisième Jean Jamet de cette lignée, capitaine actif à la fin du XVI ème.
La fortune de cette famille s'épuise au début du XVII ème siècle, quand le commerce devient difficile pour les bretons. En 1612, les trois frères Jean, Nicolas et Yvon Jamet meurent en mer hispanique dans un combat contre les barbaresques. Il s'agissait de neveux de Jean Jamet (II), donc de descendants du premier.
Un Alain Jamet meurt en mer en 1617, c'est la dernière mention d'un Jamet marin.
Voici un peu les éléments qui me viennent à l'esprit en vous lisant, je ne sais pas si cela peut vous intéresser ...
Ce sont ces Jamet qui possédaient la belle maison de Keradraon dont l'on distingue encore la tour à l'arrière et dont le blason orne le dessus de la porte.
Au plaisir de vous lire,