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par chopendoz
12/11/2024 12:52
Forum : Linguistique
Sujet : Asperi
Réponses : 2
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Re: Asperi

Bonjour Jean-Luc,

Possiblement Le Garo, désignant une personne au caractère rude, dur âpre (Deshayes), rêche, rugueux, violent (Plourin).
Relevé sous la forme An Garu en 1447 à Plouzané. Variantes en Le Garff, An Garuff, Le Garroff. Avec ou sans article.

Bon après-midi,
Pierre Yves Quémener
par chopendoz
18/09/2023 9:23
Forum : Linguistique
Sujet : Patronyme CAVELLAT
Réponses : 3
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Re: Patronyme CAVELLAT

Bonjour Jean-Luc,
bonjour à tous,

L'attestation la plus ancienne que j'ai trouvée figure dans les rôles de la réformation des fouages de Cornouaille de 1426 pour la paroisse de Moëlan : un Guillaume Le Cavellat est cité comme contribuant au village de Locguénolae (édition Torchet).
Sur l'étymologie, voir :
Emile Ernault, Dictionnaire étymologique du breton moyen, entrée Cauell, p. 244
Joseph Loth, Vocabulaire vieux breton, entrée Cauell, p. 66

Je te fais suivre la réponse que m'a donné Jean-Yves Plourin :

Merci pour les indispensables formes anciennes. J'en ai d'autres (in Plourin-Hollocou, De Quimperlé au port de Pont-Aven, Les noms de famille et leur histoire, 2010, p. 115) : un autre Guillaume Le Cavellat, 1501, Bernard et Yvon Le Cavnellat, 1539, à Kerandres-Moelan, puis le même Bernard Le Cavnellet, 1550, de nouveau à Locguennolay.
Le scribe de ces derniers ne devait pas être bretonnant. Il a néanmoins perçu le changement de voyelle qui se produit à l'époque dans le suffixe -at, marquant un nom de métier (e.g. : Le Guilchat, "tondeur", puis Le Guilchet, ou par changement de morphème (puisque ce suffixe -at/-et est sorti d'usage) : le Guilcher.).
Pour en revenir à Cavellat, c'est donc un "fabricant de casiers de pêche (ou de berceaux)", tiré de kawell (graphie moderne). Pas étonnant que le nom soit typiquement sud-29 ou 56.
Le Catholicon dit en 1499 : "cauell, berceau a gesir enfantz", ou "cauell da quempret pesquet, ga(llec) nasse a prendre poisson".

Bien amicalement,
Pierre Yves Quémener
par chopendoz
27/06/2023 6:32
Forum : Linguistique
Sujet : Toponymie passionante : que veut dire Garscadec ?
Réponses : 6
Vues : 9001

Re: Toponymie passionante : que veut dire Garscadec ?

Bonjour,

Un toponyme Garzgadec existe également dans l'ile de Groix, noté de la même façon en 1490. Jean-Yves Plourin et Pierre Hollocou (Des sources de l'Elé à l'ile de Groix, p. 352) proposent une étymologie à partir de garz, haie, et du nom de famille Cadec.
Le patronyme est peu fréquent mais le nom est attesté dans le cartulaire de Redon au 9ème siècle sous la forme Catoc.
Bien cordialement,
Pierre Yves Quémener
par chopendoz
12/11/2022 14:01
Forum : Linguistique
Sujet : Prénom JACOB / JACQUES
Réponses : 3
Vues : 7723

Re: Prénom JACOB / JACQUES

Il est tout à fait possible en effet que certaines confusions aient pu se produire puisque quelqu'un se présentant en breton sous le nom de Jacob pouvait avoir reçu au baptême aussi bien le nom de Jacques que celui de Jacob.
Les registres de baptême de Riec font bien la différence entre les deux noms. Entre 1700 et 1720, il y a eu quarante-six enfants baptisés sous le nom de Jacques et six autres baptisés sous le nom de Jacob. Quatre d'entre eux ont reçu leur nom de leur parrain (en 1700, 1702, 1714 et 1715) et il s'agissait à chaque fois d'un parrain différent nommé Jacob.
On relève en 1701 le baptême d'un Jacob Le Tiec, parrainé par Ambroise Mahé, et l'année suivante le baptême d'un Jacques Le Tiec (issu de parents différents), parrainé par un Jacques. Dans la vie courante, les deux pouvaient se faire appeler Jacob en breton.

Pierre Yves
par chopendoz
12/11/2022 6:06
Forum : Linguistique
Sujet : Prénom JACOB / JACQUES
Réponses : 3
Vues : 7723

Re: Prénom JACOB / JACQUES

Bonjour Philippe, bonjour à tous,

Oui et non. Non, parce que les deux noms renvoient à des modèles de référence distincts. Oui, parce qu'ils pouvaient être assimilés du fait de leur étymologie commune.
Jacob et Jacques sont issus du nom hébreu Iacob , appliqué dans la Bible de la même manière au patriarche et à l'apôtre (aux deux apôtres). Le nom a été latinisé en Iacobus, puis Jacobus. Le latin médiéval utilisait aussi la forme Iacomus, devenu Jacomus, qui a donné des formes particulières en Italie, Espagne, Angleterre, et même en pays gallo comme on va le voir, par réduction ou disparition de la syllabe centrale (Giacomo, Jaime, James, etc.).
Il est difficile de savoir exactement à quel moment la forme française Jacques s'est développée pour désigner l'apôtre car la majorité des documents que nous ayons des 11e-13e siècles sont en latin. Je n'ai pas fait la recherche mais je m'interroge aussi sur les circonstances de la distinction qui s'est produite à un moment donné entre le nom du patriarche Jacob et le nom des apôtres. Il est possible que cela s'explique par un conflit entre Juifs et Chrétiens.
En anthroponymie, le nom Jacques commence à se diffuser à peu près partout en Europe au 13e siècle. C'est l'époque de l'essor des noms d'apôtres. Le phénomène s'est produit un peu plus tôt dans le Midi que dans le Nord. En Bretagne, on donnait fréquemment des noms vétérotestamentaires au Moyen Age central (Daniel, Moisan, Abraham, etc.) avant l'essor des noms d'apôtres. Dans les actes cartulaire de Redon, on relève ainsi une quinzaine de porteurs du nom Jacob et, dans ce cartulaire, le nom renvoie sans aucun doute au personnage de l'ancien testament. Au 13e siècle, les noms vétérotestamentaires vont être abandonnés en Bretagne lorsque les noms d'apôtres commencèrent à être utilisés. Dans les actes du cartulaire de Quimperlé, le nom Jacob, ou Jacobus, renvoie encore au patriarche quand il s'agit d'un nom de baptême mais la forme est également employée pour parler de l'apôtre. Dans un document daté de 1093 (doc 79), on parle d'un certain Guillaume qui prévoit de partir au pèlerinage à saint Pierre (sanctus Petrus) ou à saint Jacques (sanctus Iacobus).
Dans nos anciens registres de baptême du 15e et 16e siècle, le nom de baptême est toujours latinisé en Jacobus mais il renvoie à cette époque essentiellement au nom de l'apôtre. Le nom Jacob était utilisé à cette époque par les Juifs et il fut fortement réutilisé par les Protestants au début de la Réforme.
Dans les premiers registres de Roz-Landrieux (35), j'ai relevé seize baptêmes de Jacobus entre 1451 et 1528, six baptêmes de Jamettus et un Jaquettus (en 1498). Tous les actes de la période ont été rédigés en latin, sauf les actes de 1480 à 1483 qui ont été tenus en français. Pendant cette courte période, j'ai deux baptêmes de Jamet, ce qui sous-entend que la forme française locale la plus courante était Jamet. Lorsqu'il y a transmission du nom du parrain, le parrain est nommé généralement de la même manière que son filleul mais ce n'est pas toujours le cas. Un parrain fortement sollicité était le prêtre Jacques Landri, noté Jacobus dans les actes en latin et James dans un acte en français. Ses filleuls reçoivent les noms de Jacobus, Jamettus ou Jamet (dans un acte en français). On peut penser que la forme Jacques était rarement utilisée à Roz-Landrieux à cette époque. La forme pleine du nom devait être James et la forme la plus usuelle devait être l'hypocoristique Jamet. L'emploi des formes hypocoristiques n'était pas figé. Les notables utilisaient plus fréquemment les formes pleines. On pouvait par ailleurs être désigné par une forme hypocoristique pendant sa jeunesse et prendre une forme pleine par la suite. C'était parfois le cas lorsqu'un fils portait le nom de son père.
Dans les registres cornouaillais de Locmaria de 1534-1556, j'ai relevé quatre baptêmes de Jacobus. Les parrains étaient nommés de la même façon.

Grégoire de Rostrenen fait bien la distinction entre les différentes formes dans son Dictionnaire françois-celtique publié en 1732, ce qui nous situe à la même période que votre acte de Riec, à une époque où les registres étaient tenus en français. Voici ce qu'il indique pour les noms de baptême :
JACQUES (français) : nom d'homme, en breton Jalm, Jacqès, Jacob, Yacob
JACOB : nom d'homme, en breton Jacob, Yacob
JACOT : Petit Jacques, en breton Jacqou, Jacqouicq, Jacquicq, Jaguicq

En conclusion, au 17e siècle, les deux noms Jacques et Jacob étaient dissociés en ce sens qu'ils renvoyaient à des modèles de référence distincts mais celui de Jacques pouvait se dire Jacob en breton, et Jacobus en latin.

Bien cordialement,
Pierre Yves Quémener
par chopendoz
11/12/2020 13:45
Forum : Familles
Sujet : Baptême d'un "nègre"
Réponses : 4
Vues : 2652

Re: Baptême d'un "nègre"

Bonjour Jean-Luc, bonjour à tous,

Les esclaves baptisés ne recevaient qu'un nom de baptême. Ils n'avaient pas de noms de famille.
Voici ci-dessous un extrait de la thèse de Vincent Cousseau :
https://www.cairn.info/revue-annales-de ... age-37.htm

Bien cordialement,
Pierre Yves Quémener
par chopendoz
18/08/2020 6:06
Forum : Linguistique
Sujet : Patronyme IFF ou EVEN
Réponses : 12
Vues : 8100

Re: Patronyme IFF ou EVEN

Bonjour,

Je partage aussi cette idée d'une francisation du nom. Lorsqu'un nom était difficilement prononçable par un locuteur, on le remplaçait parfois par un nom à consonance proche ou éventuellement par une traduction. On a l'exemple avec le nom franc Yvon qui s'est substitué au bas Moyen Age à l'ancien nom Eudon, que l'on prononçait plutôt Euzen en Bretagne occidentale et plutôt Eu(h)on dans le Vannetais aux 11e et 12e siècles. Les mêmes personnages peuvent être désignés par les deux noms dans certains documents, et c'est généralement Eudon dans les textes latins et Yvon dans les textes français à partir du 13e siècle. A partir de la canonisation d'Yves Hélory, Yvon éclipsera totalement Eudon en Bretagne occidentale dans les documents écrits mais l'ancien nom sera conservé en breton. Dans le Vannetais, Eudon a été francisé en Eon.

Bien cordialement,
Pierre Yves Quémener
par chopendoz
11/06/2020 8:35
Forum : Linguistique
Sujet : Vieux français du XVème
Réponses : 8
Vues : 7399

Re: Vieux français du XVème

Bonjour,

A la place de oud, je pense qu'il faut peut-être lire dud., pour "dud(it) lieu".

Bien cordialement,
Pierre Yves Quémener
par chopendoz
26/04/2020 6:24
Forum : Linguistique
Sujet : Variation de patronyme dans deux communes
Réponses : 3
Vues : 9447

Re: Variation de patronyme dans deux communes

Bonjour Caroline,

Le sujet a déjà été abordé sur ce forum en 2009 sous le titre
Patronymes / MERAND et PERRET ont ils le même sens ?
mais les explications proposées ne sont pas convaincantes.

Ce qui est certain, c'est que le foyer de diffusion du nom Merrant est à Plestin-les-Grèves.
On peut penser que le nom d'usage de Louise (et celui de ses frères et sœurs) était Merand et qu'elle l'a conservé en changeant de paroisse. Mais il faudrait creuser l'histoire de sa famille à Plestin pour en avoir confirmation.

Bon dimanche,
Pierre Yves Quémener

Rajout :
viewtopic.php?t=10084
JC
par chopendoz
24/04/2020 13:16
Forum : Linguistique
Sujet : Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle
Réponses : 12
Vues : 9941

Re: Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

Bonjour Eric,

Et merci pour ces sources précises. Pour les textes de cette période, il est souvent difficile de savoir si le surnom était personnel ou héréditaire. Dans le minu de rachat de Jean le Barbu de 1413, j'avais relevé par exemple un Jehan filz Alein filz Raoul filz Evein. L'identité était donnée par une référence généalogique. J'avais calculé que dans ce minu, c'était le cas pour 35 personnes citées sur un total de 118.

Les noms vétérotestamentaires ont été progressivement délaissés à partir du 13e siècle mais ils n'ont toutefois pas été complètement abandonnés. Voici quelques statistiques bretonnes indiquant tous les noms de patriarches et prophètes cités dans ces listes :
Rôles de Trégunc et Nevez vers 1300 : 165 noms masculins dont seize Daniel (au second rang du classement général), deux Isaac, un David, un Judicael et un Salou (Salomon)
Enquête de canonisation d'Yves Helory en 1330 : 433 noms dont deux Daniel et deux Elias
Charte des paysans de Bégard en 1350 : 169 noms dont deux Daniel
Enquête de canonisation de Charles de Bois à Guingamp en 1371 : 361 noms dont un Salomon et un Samson
Liste de bourgeois de Guingamp en 1447 : 493 noms dont un Salaun et un Salomon.

On voit par ici que le nom Salomon (en référence au roi d'Israël) était peu fréquent au début du 14e siècle mais qu'il recommença à se développer au 15e siècle (en référence cette fois au saint breton).
A l'inverse, le nom Daniel était encore très populaire au début du 14e siècle mais il ne se releva pas par la suite. Il est vraisemblable que le surnom Daniel se soit transmis comme nom de famille héréditaire depuis cette époque.

Bien cordialement,
Pierre Yves
par chopendoz
24/04/2020 8:21
Forum : Linguistique
Sujet : Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle
Réponses : 12
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Re: Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

Bonjour à tous,

L'hypothèse d'une diffusion des noms bibliques par la pérennisation des noms de personnages représentés dans les Mystères médiévaux est séduisante mais repose sur des fondements fragiles. Plusieurs points demanderaient en effet à être vérifiés.
Il faut préciser notamment ce que l'on entend par "nom biblique". Cécile Grall indique à juste titre que cette expression concerne à la fois les noms de l'ancien testament (patriarches et prophètes) et ceux du nouveau (apôtres et disciples). Mais a-t-on des statistiques qui attestent que ces noms bibliques étaient davantage portés dans les villes épiscopales ? je serais très intéressé par ces statistiques. Est-on certain par ailleurs que les Mystères étaient joués uniquement dans les villes épiscopales ("sous les porches des cathédrales") ? A-t-on des exemples connus d'acteurs qui conservaient dans la vie courante comme sobriquets les noms des personnages qu'ils jouaient sur scène ? Et que ces sobriquets étaient ensuite transmis comme patronymes aux générations suivantes ? Au bas Moyen Age, les surnoms pouvaient se transmettre de père en fils mais ils se changeaient encore très fréquemment. La fixation définitive des surnoms héréditaires se produisit au 15e siècle.
En outre, compte tenu de la fréquence des noms bibliques dans les répertoires de noms de famille, il me semble peu probable que les patronymes relevant de cette catégorie remontent en majorité à des noms d'acteurs de Mystères religieux. Ce peut être le cas de quelques-uns mais sans doute pas une généralité.
Enfin, je pense qu'il ne faut pas mettre sur le même plan le nom de Salomon et ceux de Jacob, Daniel ou Abraham. Dans le Léon, le nom de Salomon se réfère principalement à saint Salomon et non au personnage biblique. On peut d'ailleurs souligner que si la diffusion du nom était liée aux Mystères, on devrait logiquement le trouver dans toute la France. Or, on le trouve pratiquement que dans le Léon.

Dans le Léon, on a un porteur précurseur au 13e siècle dans la généalogie des vicomtes de Léon. Il pourrait en avoir également un autre au 13e siècle chez les Nuz de Kergournadec'h mais il me semble qu'il est contesté. D'une manière générale, le nom Salomon se diffuse tardivement comme nom de baptême à partir du 15e siècle, ce qui signifie que les plus anciens porteurs du patronyme Salaün vivaient sans doute aux 15e ou 16e siècles.

Bien cordialement,
Pierre Yves
par chopendoz
22/04/2020 13:25
Forum : Linguistique
Sujet : Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle
Réponses : 12
Vues : 9941

Re: Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

Correctif. En relisant mon texte, je vois que j'ai écrit "Plusieurs saints bretons ... portaient des noms bretons". Je voulais dire : "Plusieurs saints bretons ... portaient des noms vétérotestamentaires".

Pierre Yves
par chopendoz
22/04/2020 13:07
Forum : Linguistique
Sujet : Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle
Réponses : 12
Vues : 9941

Re: Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

Bonjour Eric, bonjour à tous,

Et merci pour ces références.
A mon sens, l'analyse de l'évolution chronologique et géographique de la diffusion des noms vétérotestamentaires amène à exclure totalement l'hypothèse d'un lien entre les porteurs de ces noms et une origine hébraïque.

Pendant le haut Moyen Age jusqu'au 12e siècle, il y a eu une faveur exceptionnelle pour les noms vétérotestamentaires en Bretagne. On la retrouve également à la même époque au Pays de Galles. Plusieurs saints bretons du 5e et 6e siècles portaient des noms bretons. Jusqu'au 12e siècle, le répertoire onomastique était composé essentiellement de noms ethniques (francs ou bretons). En Bretagne, il y avait une réticence très nette à porter des noms d'apôtres ou des noms de martyrs et confesseurs avant le 13e siècle. Ces noms sous-entendaient fréquemment une vocation religieuse pour leurs porteurs. Si l'on voulait donner un nom à connotation religieuse à un enfant sans que cela l'engage à vivre comme un moine, on se rabattait donc sur le répertoire vétérotestamentaire.
Cette barrière onomastique tombe en Bretagne au 13e siècle. On assiste alors à une christianisation massive du répertoire et tout le monde se met à s'appeler Jean, Jacques ou Pierre. Pour les filles, Marie et Anne sont encore taboués, on se contente de Catherine ou Marguerite. Parallèlement, les noms vétérotestamentaires sont complètement abandonnés. Jean se substitue à Daniel mais ils ont le même sens en nomination.

Au 15e siècle, on assiste à un développement des noms de martyrs et confesseurs, principalement des noms de saints de l'Antiquité tardive et du haut Moyen Age. C'est également à cette époque que les noms des anciens saints bretons commencent à se diffuser. Ils ont cependant une diffusion très restreinte géographiquement et ils correspondent à l'aire dans laquelle le saint est connu et honoré. On trouvera des Corentin dans toute la Cornouaille et des Salomon tout autour de La Martyre. La diffusion du nom renseigne ici sur l'étendue du culte ou du pèlerinage.

Bien cordialement,
Pierre Yves
par chopendoz
22/04/2020 8:00
Forum : Linguistique
Sujet : Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle
Réponses : 12
Vues : 9941

Re: Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

Bonjour Oriane,

Quelques statistiques sur la diffusion du prénom en Bretagne.
En Bretagne, il était rarissime à l'est aux 15e et 16e siècles.
Il est très rare également dans le Vannetais. J'ai un Salomon dans l'enquête de canonisation de Vincent Ferrier en 1453 (sur 431 noms masculins) mais je n'ai pas vérifié s'il était originaire du diocèse.
Il est également très rare dans l'évêché de Saint-Brieuc. Globalement dans les Côtes-d'Armor actuelles, sur une base de 20000 noms de baptême masculins avant 1600, j'ai relevé seulement six Salomon (1544, 1588, 1591, 1592, 1594 et 1599).
Les noms vétérotestamentaires étaient assez répandus en Bretagne au haut Moyen Age mais ils furent abandonnés aux 12e-13e siècles.
Au bas Moyen Age, j'ai relevé un Salomon dans l'enquête de canonisation de Charles de Blois à Guingamp en 1371. J'en ai un autre dans une liste de 493 bourgeois de Guingamp en 1447.
Le nom se développe essentiellement dans le Léon au 16e siècle. J'ai relevé trois Salomon dans la montre de la noblesse de Tréguier en 1503 (0,3%) mais six dans celle de Léon la même année (le nom se place au 26e rang avec 0,7% des attributions). On a cinq Salomon dans les rôles de la réformation des fouages de Morlaix en 1426 (14e rang avec 1% des attributions).
Comme l'a indiqué Charly, c'est essentiellement dans le nord du Finistère que l'on trouve des Salomon (ou Salaun) avant 1650 dans le département.

Il y a un lien certain avec la paroisse de la Martyre dont l'église est sous le patronage de saint Salomon, roi de Bretagne qui aurait été assassiné dans ce lieu en 874.
Bien que le nom soit d'étymologie hébraïque, il n'y a absolument aucun lien entre les porteurs du nom et l'origine ethnique en Bretagne au 16e siècle. Le nom ne renvoie pas au roi hébreu (que les Bretons connaissaient sans doute) mais au saint breton.
Dans les milieux protestants, le nom sera très souvent porté dans la seconde moitié du 16e siècle mais dans le Léon catholique, le nom n'avait pas non plus cette connotation religieuse.
Dans le reste de la France, le nom est rarissime aux 15e et 16e siècles en dehors des milieux protestants.

Dans votre message, vous parlez de Clémentia / Méance Cochard : il s'agit d'un cas de substitution d'un nom profane (Méance) par un nom à consonance proche mais de connotation plus religieuse (Clémentia), procédé très fréquent à l'époque de la réforme catholique du 17e siècle. Avez-vous des actes précis qui évoquent ce changement de nom ?

Bien cordialement,
Pierre Yves Quémener
par chopendoz
07/05/2019 11:46
Forum : Linguistique
Sujet : Prénom Pezresius
Réponses : 3
Vues : 4577

Re: prénom Pezresius

Bonjour Pascal,

Tout à fait. Pezres est une forme bretonne pour le nom Pierre.
Pierre de Rostrenen était appelé Pezrès eus a Rostrezen. Voir le Dictionnaire françois-celtique de Grégoire de Rostrenen, page 547 pour le mot "jouteur".
Dans le registre, le nom breton a été latinisé.

Bien cordialement,
Pierre Yves Quémener