Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

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orianegl
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Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

Message par orianegl »

Bonjour à tous,

J'espère écrire ce message au bon endroit. J'ai récemment mis à jour un nouveau pan de mon arbre généalogique, et un prénom ne cesse de m'intriguer: celui de Salomon (Houarne [1599-1660], marié à Clementia/Méance Cochard). De nos jours, les connotations hébraïques de ce prénom sont évidentes. En était-il de même au Finistère au XVIe siècle? Ce prénom était-il populaire, sans forcément indiquer des origines?

Je vous remercie par avance,
Oriane.
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NEUDER
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Re: Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

Message par NEUDER »

Bonsoir Oriane

La base RECIF nous apporte quelques renseignements sur la fréquence des Salomon par exemple dans les prénoms donnés au nouveaux-nés.
Entre 1537 et 1650 on compte 58 Salomon nés, pour l'énorme majorité, dans le nord du département. (Au nord des monts d'Arrée)
Entre 1650 et 1700 on en compte 105 et curieusement c'est à Cleder qu'on les trouve en grand nombre.

A noter la forme bretonnante Salaun . Curieusement le prénom est toujours donné seul . Il n'y a pas de Salomon Marie ni de Salomon Joseph...

Quant à l’intérêt pour ce prénom il est sans doute à lier au roi breton Salomon assassiné en 874 . Pour l’église catholique Salomon est un martyr fêté le 25 juin.Sa vie est racontée dans le fameux Buhez ar Zent (La Vie des Saints) sous le titre Sant Salaun ar merzer. (Saint Salomon le martyr)

Bonnes recherches

charly
Modifié en dernier par NEUDER le 22/04/2020 9:15, modifié 1 fois.
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Jean Claude Bourgeois
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Re: Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

Message par Jean Claude Bourgeois »

Bonsoir,

Voici le chapitre que j'y consacre dans mon premier livre : :wink:

Dans son dictionnaire manuscrit de la Langue Bretonne, Coëtanlem y consacre une étude assez peu connue.

Ce Pierre Joseph Jean, chevalier de Coëtanlem de Rostiviec naquit à Saint Martin des Champs le 4 novembre 1749. Issu d’une famille de la petite noblesse bretonne, il eut quelque peine à obtenir et faire valoir ses titres, malgré le passé glorieux de ses ancêtres.
A la Révolution française, il se retira en son manoir de Trogriffon où il entreprit la rédaction d’un dictionnaire breton-français «pour me distraire, écrit-il, des tristes réflexions que me faisaient faire les désordres que la Révolution française entraînait à sa suite».
Bien qu’attaché à la tradition nobiliaire, Pierre de Coëtanlem ne dédaignait pas la culture populaire et manifestait un intérêt certain pour les us et coutumes, les traditions locales et la langue bretonne dont il maîtrisait tout à fait les subtilités.

Pendant plus de trente ans, il s’est ainsi attaché à composer un ouvrage de 8.834 pages reliées en huit volumes, resté inédit jusqu’à ce jour, dont le dernier tome fut relié en 1820. L’auteur, qui n’eut jamais l’intention de le publier, mourut en 1827.

Voici la transcription de ses réflexions sur le nom SALAÜN :


« SALÄUN, Salomon, nom propre de plusieurs familles de ce pays. Je ne place ici ce nom qu’à dessein d’y faire remarquer le changement d’O en A et la suppression de l’M. On a d’abord dit Salavon, et Saläuon, et ensuite Saläun.
Ce nom du sage par excellence étant ainsi corrompu chez les Grecs, ce que je suppose, aurait pu produire celui de Solon, un des Sages de la Grèce.
Le Père Grégoire met aussi Salomon, nom d’homme Saläun, Salomon (Saläun qu’on prononçait Salaoun, de Salomon le Sage), Salomon Ar Fur, saint Salomon 3eme du nom, quatorzième et dernier Roi de la Bretagne Armorique, mort l’an huit cent soixante quatorze et canonisé l’an neuf cent dix par le pape Anastase 3eme.
Sant Saläun Roue eus a vreiz Arvoricq. Salomon le fou prétendu du folgoät, église collégiale près la ville de Lesneven, Salaün Ar foll Sant Salaün.

Il est certain que le nom de Saläun, par lequel on rend celui de Salomon est devenu propre à un grand nombre de familles, Nobles et autres, qui portent encore ce même nom. On en a fait aussi le nom de KerSalaün qui est également devenu propre à d’autres familles. Enfin il sert de prénom à d’autres individus qui ont adopté Saint Salomon pour patron.
Est-ce par corruption du nom de Salomon, Roi d’Israël, que les Grecs ont fait Solon et les Bretons Salaün ? Cela n’est pas impossible, puisque ce roi si renommé par sa sagesse et sa magnificence a été le plus ancien.
En effet Salomon, fils et successeur de David, naquit l’an du monde 3002, c'est-à-dire 1033 avant jésus christ, et Solon, l’un des sept sages de la Grèce et législateur des Athéniens naquit à Athènes la 2eme année de la 35eme olympiade 639 ans avant jésus christ.

En Bretagne nous avons eu trois Rois du nom de Salomon.
Le 1er qui était fils d’Urbien, et petit fils de Conan Meriadecq vint au monde vers l’an 391 ou 392 de l’ère chrétienne, succéda à son aïeul vers l’an 421 et perdit la couronne et la vie vers l’an 434.
Salomon 2eme, fils de Hoël 3eme et son successeur, naquit vers l’an 590 ou 594, prit la couronne vers l’an 612 et mourut vers l’an 630.
Salomon 3eme, fils de Rivallon, lequel était frère aîné de Nominoe arracha la couronne et la vie à Erispoe son cousin germain et périt également de mort violente vers l’an 873 ou 874.
Il a plus à quelques auteurs, comme Lobineau et autres de le confondre avec Salomon 1er. Quelques uns de ces auteurs ne donnent à ces rois que le titre de Duc ou de Comtes, mais M. L’abbé Gallet a très bien prouvé que ces trois Salomon étaient trois personnages différents, qu’ils ont porté tous les trois le titre de Rois, et que les Rois de France mêmes, ainsi que les papes les ont reconnus pour tels et ont traité sur ce pied avec eux.
Le 1er de ces Salomon est probablement celui qui fut tué dans la paroisse de Ploudiry, évêché de Léon. Dans une émotion populaire il y a apparence qu’il fut enterré dans l’endroit même qui porte encore le nom de Lann an Merzer, la Lande du Martyr.
Le second fut inhumé dans l’abbaye de Ste Melaine de Rennes, dont il fut le restaurateur plutôt que le fondateur, puisqu’elle existait longtemps avant lui.
Salomon 3eme fut tué, selon la plus commune opinion à Brecilien, ou dans un petit monastère qui était en Poher, par la conspiration des premiers princes du Païs.
Cela suffit pour distinguer ces trois Salomon que quelques auteurs modernes se sont plus à confondre sous prétexte que ces Rois ont eu quelques rapports ensemble, d’où ils concluaient leurs identités. Mais il n’y avait d’autre identité que celle du nom.
Il est vrai que deux d’entre eux ont péri de mort violente, mais les temps, les lieux et les occasions n’étaient pas les mêmes, et rien ne prouve que Salomon 2eme ait eu une pareille fin.
Tous trois ont eu une grande réputation de piété et même Salomon 1er et Salomon 3eme ont été honorés comme saints Martyrs, quoique le dernier ne monta sur le trône que par un crime, qu’il expia sans doute dans la suite par la pénitence, par la sainteté de sa vie, et par sa résignation à sa mort.
D. Lobineau qui avait pur système d’anéantir ou de dégrader les anciens rois de Bretagne qui avaient comblé son ordre de biens a mieux aimé attribuer au dernier des Salomon des circonstances qui convenaient uniquement au premier, que de reconnaître celui-ci. Telle est par exemple la translation du chef de St Mathieu dont il voudrait faire passer les actes pour fabuleux, par ce qu’ils ne s’accordent point avec son système.
Telle est encore la dénomination de Merzer-Salaün, le Martyre de Salomon, qu’il attribue au lieu où le dernier des Salomon fut tué, quoique ce nom appartienne à l’endroit où périt Salomon 1er.
Lorsque le Père Grégoire a dit que Salomon 3eme avait été canonisé l’an 910 par le pape Anastase 3eme, il n’a fait que suivre l’opinion du P. Albert Le Grand, qui avait avancé ce fait dans sa légende. Voyez cette légende et la vie des saints de Bretagne par D. Lobineau.

La dissertation historique de M. L’Abbé Gallet, jointe à l’histoire de Bretagne par Desfontaines, et l’histoire ecclésiastique de Bretagne par M. l’abbé Deric.
Celui-ci nous présente des étymologies celtiques des noms de Salaün et de Salomon, mais j’avoue de bonne foi que je n’entends du tout pas ce celtique, que l’auteur avait emprunté à de Bullet, cependant, pour ne pas frustrer les curieux, je vais les rapporter ici telles qu’il nous les a données à la page 252 du tome 2.

Salaün vient (dit-il) de Sal, grand, et d’Aun, Prince.
Celui de Salomon est pris de Sal, grand, d’O particule qui marque le mérite, et de Mon, Prince : Très Grand Prince. »

Fin du chapitre, qui, je l’avoue ne m’a pas beaucoup éclairé sur l’évolution de Salomon en Salaün.

Je laisserai aussi la polémique sur les Rois Salomon aux érudits médiévalistes.

Je ne souhaitais que faire plaisir aux « Salaün » en donnant l’étymologie celtique, « Grand Prince », cela ne sonne pas mal …

Et aussi souligner que dans ce texte, Coëtanlem met le tréma sur le Ä et pas sur le Ü comme c’est le cas aujourd’hui.
Amicalement 8)
Jean Claude
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chopendoz
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Re: Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

Message par chopendoz »

Bonjour Oriane,

Quelques statistiques sur la diffusion du prénom en Bretagne.
En Bretagne, il était rarissime à l'est aux 15e et 16e siècles.
Il est très rare également dans le Vannetais. J'ai un Salomon dans l'enquête de canonisation de Vincent Ferrier en 1453 (sur 431 noms masculins) mais je n'ai pas vérifié s'il était originaire du diocèse.
Il est également très rare dans l'évêché de Saint-Brieuc. Globalement dans les Côtes-d'Armor actuelles, sur une base de 20000 noms de baptême masculins avant 1600, j'ai relevé seulement six Salomon (1544, 1588, 1591, 1592, 1594 et 1599).
Les noms vétérotestamentaires étaient assez répandus en Bretagne au haut Moyen Age mais ils furent abandonnés aux 12e-13e siècles.
Au bas Moyen Age, j'ai relevé un Salomon dans l'enquête de canonisation de Charles de Blois à Guingamp en 1371. J'en ai un autre dans une liste de 493 bourgeois de Guingamp en 1447.
Le nom se développe essentiellement dans le Léon au 16e siècle. J'ai relevé trois Salomon dans la montre de la noblesse de Tréguier en 1503 (0,3%) mais six dans celle de Léon la même année (le nom se place au 26e rang avec 0,7% des attributions). On a cinq Salomon dans les rôles de la réformation des fouages de Morlaix en 1426 (14e rang avec 1% des attributions).
Comme l'a indiqué Charly, c'est essentiellement dans le nord du Finistère que l'on trouve des Salomon (ou Salaun) avant 1650 dans le département.

Il y a un lien certain avec la paroisse de la Martyre dont l'église est sous le patronage de saint Salomon, roi de Bretagne qui aurait été assassiné dans ce lieu en 874.
Bien que le nom soit d'étymologie hébraïque, il n'y a absolument aucun lien entre les porteurs du nom et l'origine ethnique en Bretagne au 16e siècle. Le nom ne renvoie pas au roi hébreu (que les Bretons connaissaient sans doute) mais au saint breton.
Dans les milieux protestants, le nom sera très souvent porté dans la seconde moitié du 16e siècle mais dans le Léon catholique, le nom n'avait pas non plus cette connotation religieuse.
Dans le reste de la France, le nom est rarissime aux 15e et 16e siècles en dehors des milieux protestants.

Dans votre message, vous parlez de Clémentia / Méance Cochard : il s'agit d'un cas de substitution d'un nom profane (Méance) par un nom à consonance proche mais de connotation plus religieuse (Clémentia), procédé très fréquent à l'époque de la réforme catholique du 17e siècle. Avez-vous des actes précis qui évoquent ce changement de nom ?

Bien cordialement,
Pierre Yves Quémener
KERRENEUR
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Re: Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

Message par KERRENEUR »

Bonjour à tous

Peut-on être certain qu'il n'y a aucun lien entre les porteurs du noms et une origine hébraïque très lointaine ?

viewtopic.php?f=6&t=15314&start=15
Dans cette précédente discussion il apparaissait que la maladie génétique de Tay-Sachs touchant surtout des personnes de la communauté juive ashkénaze, a été diagnostiquée chez des nourissons de souche pourtant bien bretonne.

De plus vous indiquez que le nom se développe essentiellement dans le Léon au XVIe siècle. Or les 4 lieux-dits "judée" du Finistère, se recontrent exclusivement aussi dans le Léon : St-Divy, La Roche-Maurice, Bodilis, Lampaul-Guimiliau.

Par ailleurs l'article de 1981 cite de nombreuses sources historiques attestant la présence des Juifs en Bretagne au XIIIe siècle.
L'historien Jean-Christophe Cassard (+) en 2008 a publié une étude très poussée, mais comme vous, il exclut absolument que les porteurs des noms de l'Ancien Testament soient des descendants des Juifs de Bretagne (voir p. 208-209). Leurs noms de baptême ont été, selon lui, puisés dans la bible puis se sont transmis comme les autres surnoms pour former les patronymes actuels. Il explique que leur présence en Bretagne a été trop courte pour qu'ils fassent souche.
https://m.shabretagne.com/scripts/files ... 011_11.pdf

L'article de 1981 donne une autre explication possible à l'origine des noms vétérotestamentaires bretons : Jacob, Abraham, Isaac, Daniel ainsi que Salomon d'ailleurs (tous des prophètes), Jagu (de Jacobus), Jézéquel (de Ezéchiel), Batany (de Béthanie) et Jourden (du fleuve palestinien Jourdain) pourraient être des surnoms donnés à des acteurs de mystères, pièces religieuses données sur le parvis des églises et cathédrales.

Du côté de la génétique, l'arbre phylogénétique des haplogroupes du chromosome Y (avec ses nombreuses clades et sous-clades) permet de remonter les lignées agnatiques sur plusieurs millénaires.

Tous les Jezequel, Salaun, Jacob et Jourden de Bretagne descendent-ils de l'haplogroupe R1b-L21 qui caractérise habituellement les populations dites celtes ? ou bien ont-ils dans leurs gènes une caractéristique commune avec les populations ashkénazes ? Les patronymes se seraient transmis par les pères bien-sûr, tandis que la religion originelle (qui se transmet par les mères) aurait été abandonnée.

http://infos-scientifiqueshyperborennes ... alles.html
https://www.eupedia.com/europe/Haplogro ... DNmt.shtml

En 1981 et même en 2008, on pouvait difficilement le déterminer mais aujourd'hui il serait intéressant de le savoir. Je n'ai pas trouvé de réponse sur internet. Et les cas de maladie de Tay-Sachs chez des personnes d'origine bretonne restent à expliquer.

Cordialement,
Eric
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chopendoz
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Re: Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

Message par chopendoz »

Bonjour Eric, bonjour à tous,

Et merci pour ces références.
A mon sens, l'analyse de l'évolution chronologique et géographique de la diffusion des noms vétérotestamentaires amène à exclure totalement l'hypothèse d'un lien entre les porteurs de ces noms et une origine hébraïque.

Pendant le haut Moyen Age jusqu'au 12e siècle, il y a eu une faveur exceptionnelle pour les noms vétérotestamentaires en Bretagne. On la retrouve également à la même époque au Pays de Galles. Plusieurs saints bretons du 5e et 6e siècles portaient des noms bretons. Jusqu'au 12e siècle, le répertoire onomastique était composé essentiellement de noms ethniques (francs ou bretons). En Bretagne, il y avait une réticence très nette à porter des noms d'apôtres ou des noms de martyrs et confesseurs avant le 13e siècle. Ces noms sous-entendaient fréquemment une vocation religieuse pour leurs porteurs. Si l'on voulait donner un nom à connotation religieuse à un enfant sans que cela l'engage à vivre comme un moine, on se rabattait donc sur le répertoire vétérotestamentaire.
Cette barrière onomastique tombe en Bretagne au 13e siècle. On assiste alors à une christianisation massive du répertoire et tout le monde se met à s'appeler Jean, Jacques ou Pierre. Pour les filles, Marie et Anne sont encore taboués, on se contente de Catherine ou Marguerite. Parallèlement, les noms vétérotestamentaires sont complètement abandonnés. Jean se substitue à Daniel mais ils ont le même sens en nomination.

Au 15e siècle, on assiste à un développement des noms de martyrs et confesseurs, principalement des noms de saints de l'Antiquité tardive et du haut Moyen Age. C'est également à cette époque que les noms des anciens saints bretons commencent à se diffuser. Ils ont cependant une diffusion très restreinte géographiquement et ils correspondent à l'aire dans laquelle le saint est connu et honoré. On trouvera des Corentin dans toute la Cornouaille et des Salomon tout autour de La Martyre. La diffusion du nom renseigne ici sur l'étendue du culte ou du pèlerinage.

Bien cordialement,
Pierre Yves
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chopendoz
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Re: Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

Message par chopendoz »

Correctif. En relisant mon texte, je vois que j'ai écrit "Plusieurs saints bretons ... portaient des noms bretons". Je voulais dire : "Plusieurs saints bretons ... portaient des noms vétérotestamentaires".

Pierre Yves
LE ROUX Serge
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Re: Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

Message par LE ROUX Serge »

Bonjour,

Juste pour confirmer la localisation du prénom Salomon dans la région de Cléder.
On le trouve notamment aux XIVe/XVIe siècles dans les familles Kergournadech et Kergoall.
La famille Le Ny, du Drennec, l'utilise également.

Pour cette même période on voit assez souvent dans les actes la forme : SALAMON.

Cordialement,
Le Roux Serge
N° CGF 1797
yvonne prigent
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Re: Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

Message par yvonne prigent »

Bonjour à tous,
Cécile GRALL , dans le livre "plougoulm" ...Ecrit plusieurs pages 113/117...
MOYEN AGE : ORIGINE ET SIGNIFICATION DES NOMS ....
-------------------------------------------------------------
1) Les noms de famille de Plougoulm
-------------------------------------------------
Tout une page ( très intéressante ) ...
Les registres de baptêmes jouèrent un role important dans cette fixation (nom de famille) . Ils furent conseillés par l'église lors d'un synode en 1405(le plus ancien registre connu , celui de Rodez , date de 1411) . Tenus par les pretres , ils se multiplièrent au cours du XVème siècle. Mais c'est seulement en 1539 que le Roi François 1er les rendit obligatoires par l'édit de Villers-Cotterets. ..
ect ...
------a) Lieu d'origine .
.....b) Lien de parenté
....c) prénoms devenus des noms de famille .
d) certains noms rappellent la noblesse .
c) profession ou état
f) MYSTERES
--------------------
Les "Mystères" ou théatre religieux étaient représentés sous les porches des cathédrales. Nombre d'acteurs jouaient le rôle de tel personnage biblique
et conservaient ce nom : sobriquet devenu patronyme ; Il est frappant de constater que ces noms bibliques se retrouvent surtout dans les villes
épiscopales ; des ancetres de plougoulmois ont sans doute interprétés ces roles à la Cathédrale de Saint-Pol-de-Léon , témoins de ces noms actuels
qui rappellent l'ancien testament : JACOB .DANIEL. ABRAHAM, SALAUN (salomon) , ou le nouveau Testament / NEDELEC /MARC / MATHIEU/ et ses dérivés Mahé / Mazé/....ect ...
Voilà , tout est intéressant , mais j'arrête là , car c'était le sujet d'aujourd'hui ...
Bien cordialement à tous,
Yvonne Prigent/Siohan.
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chopendoz
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Re: Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

Message par chopendoz »

Bonjour à tous,

L'hypothèse d'une diffusion des noms bibliques par la pérennisation des noms de personnages représentés dans les Mystères médiévaux est séduisante mais repose sur des fondements fragiles. Plusieurs points demanderaient en effet à être vérifiés.
Il faut préciser notamment ce que l'on entend par "nom biblique". Cécile Grall indique à juste titre que cette expression concerne à la fois les noms de l'ancien testament (patriarches et prophètes) et ceux du nouveau (apôtres et disciples). Mais a-t-on des statistiques qui attestent que ces noms bibliques étaient davantage portés dans les villes épiscopales ? je serais très intéressé par ces statistiques. Est-on certain par ailleurs que les Mystères étaient joués uniquement dans les villes épiscopales ("sous les porches des cathédrales") ? A-t-on des exemples connus d'acteurs qui conservaient dans la vie courante comme sobriquets les noms des personnages qu'ils jouaient sur scène ? Et que ces sobriquets étaient ensuite transmis comme patronymes aux générations suivantes ? Au bas Moyen Age, les surnoms pouvaient se transmettre de père en fils mais ils se changeaient encore très fréquemment. La fixation définitive des surnoms héréditaires se produisit au 15e siècle.
En outre, compte tenu de la fréquence des noms bibliques dans les répertoires de noms de famille, il me semble peu probable que les patronymes relevant de cette catégorie remontent en majorité à des noms d'acteurs de Mystères religieux. Ce peut être le cas de quelques-uns mais sans doute pas une généralité.
Enfin, je pense qu'il ne faut pas mettre sur le même plan le nom de Salomon et ceux de Jacob, Daniel ou Abraham. Dans le Léon, le nom de Salomon se réfère principalement à saint Salomon et non au personnage biblique. On peut d'ailleurs souligner que si la diffusion du nom était liée aux Mystères, on devrait logiquement le trouver dans toute la France. Or, on le trouve pratiquement que dans le Léon.

Dans le Léon, on a un porteur précurseur au 13e siècle dans la généalogie des vicomtes de Léon. Il pourrait en avoir également un autre au 13e siècle chez les Nuz de Kergournadec'h mais il me semble qu'il est contesté. D'une manière générale, le nom Salomon se diffuse tardivement comme nom de baptême à partir du 15e siècle, ce qui signifie que les plus anciens porteurs du patronyme Salaün vivaient sans doute aux 15e ou 16e siècles.

Bien cordialement,
Pierre Yves
KERRENEUR
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Re: Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

Message par KERRENEUR »

Bonjour à tous
Merci pour ces informations très éclairantes.
Pour illustrer le sujet voici 2 occurences anciennes du mot employé comme patronyme. Elles datent du début du XVe siècle, donc doivent être parmi les plus anciennes qui existent :

Image

En haut, "Yvon Salamon de la paroesse de Kerlouan ?", cité dans un aveu rendu par Jan Le Barbu, daté du 4 mai 1413. (Arch. Dép. Loire-Atl., B 1692)
En bas, "Yvon fils Mahieu Salomon d'autre (part)", cité à Ploerin (Plourin-Ploudalmézeau) dans un aveu rendu par Guillaume Kerpellau à Riou Rosmadeuc, et daté du 12 juillet 1428 (Arch. Dép. Fin. 10 J 5)

Cordialement,
Eric
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chopendoz
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Re: Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

Message par chopendoz »

Bonjour Eric,

Et merci pour ces sources précises. Pour les textes de cette période, il est souvent difficile de savoir si le surnom était personnel ou héréditaire. Dans le minu de rachat de Jean le Barbu de 1413, j'avais relevé par exemple un Jehan filz Alein filz Raoul filz Evein. L'identité était donnée par une référence généalogique. J'avais calculé que dans ce minu, c'était le cas pour 35 personnes citées sur un total de 118.

Les noms vétérotestamentaires ont été progressivement délaissés à partir du 13e siècle mais ils n'ont toutefois pas été complètement abandonnés. Voici quelques statistiques bretonnes indiquant tous les noms de patriarches et prophètes cités dans ces listes :
Rôles de Trégunc et Nevez vers 1300 : 165 noms masculins dont seize Daniel (au second rang du classement général), deux Isaac, un David, un Judicael et un Salou (Salomon)
Enquête de canonisation d'Yves Helory en 1330 : 433 noms dont deux Daniel et deux Elias
Charte des paysans de Bégard en 1350 : 169 noms dont deux Daniel
Enquête de canonisation de Charles de Bois à Guingamp en 1371 : 361 noms dont un Salomon et un Samson
Liste de bourgeois de Guingamp en 1447 : 493 noms dont un Salaun et un Salomon.

On voit par ici que le nom Salomon (en référence au roi d'Israël) était peu fréquent au début du 14e siècle mais qu'il recommença à se développer au 15e siècle (en référence cette fois au saint breton).
A l'inverse, le nom Daniel était encore très populaire au début du 14e siècle mais il ne se releva pas par la suite. Il est vraisemblable que le surnom Daniel se soit transmis comme nom de famille héréditaire depuis cette époque.

Bien cordialement,
Pierre Yves
yvonne prigent
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Re: Le prénom Salomon dans le Finistère au XVIe siècle

Message par yvonne prigent »

Bonjour à tous,
Je ne relis pas tout ce qui précède , aujourd'hui , mais je dois dire , que j'ai tout lu l'autre jour, ...et vraiment je suis impressionnée par votre capacité a faire des textes dactylographié ..Bon là , c'est parce que j'ai repéré cette nuit un SALOMON à Plouvorn ...
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Il y a plusieurs années , grace à Françoise SIMON , j'ai eu entre les mains ..PLOEMAHORN ( Plouvorn) ..
REFORMATION NOBLESSE DE BRETAGNE 1426 à NANTES ...
METAYER...Jehan KERERIBER(K barré eriber) a cause de sa femme a KERIDOU (K barré eridou) lieu principal ,
a SALOMON de l'ESTANG à cause de Marc ou Marie de KEROENT (Kbarré) sa femme Noble , ...?est le lieu principal dicelle au Pratmeur , à Hamon StDenis, et Marie la fille d'Yvon SIMON à cause d'elle qui sont nobles , a lestoadan principal lieu d'ielle a Jan de Kerouséré (?) à cause de Constance LE BARBU sa femme nobles demeurants à Kermenovan Hostel de tout temps noble ...( j'arrête il y a 3 pages) ensuite on passe à la ville de PLOEMELIN ....

(vous connaissez sans doute ce papier ...En tout cas Mme Le MENOU , devait connaitre , car il y avait un résumé dans son livre sur PLOUVORN ....)
Bonne soirée .
Bien cordialement .
Yvonne Prigent/Siohan.
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