Dans inventaire 1729 Plounevez

[Françoise Simon]

Merci Mickaël,
C'est effectivement ce que j'avais mis dans mon premier jet d'écriture (crochet) mais ne voyant pas à quel instrument ça pouvait renvoyer je me suis rabattue sur "crochu".
Avec les aides apportées par les colistiers, la consultation des vieilles annales et traités sur Gallica, le dictionnaire de l'ancien françois, j'ai à peu près tout reconstitué et interprété, sauf l'espuillier avec sa charge et l'objet qui suit.
C'est ici.

"deux barattes et deux baillots quinze sols > 15 s
deux autres baillots quatre sols >15 s
l'espuillier avec sa charge deux livres > 2 l
les cribles et tamis > 3 l
les …….. > 25 s
un batte lait > 15 s
un dividouer > 5 s
sept poches > 5 l
deux bats avec leurs sangles "

Quel travail ! Et dire qu'on n'est même pas payé pour ça
Bien cordialement

[KERRENEUR]

Bonjour Françoise
Il s'agit des terinages (ensemble des plats en terre cuite).
Cordialement
Eric

[KERRENEUR]

PS. Et au-dessus, le "vesseillier", ou vaisselier "avec sa charge" (de vaisselle).
Cordialement
Eric

[Françoise Simon]

Super !!! La voilà la vaisselle que je cherchais
Merci Eric.
Bonne année à toi.
Bien cordialement

[KERRENEUR]

Bonsoir Françoise

Maintenant que la vaisselle est trouvée, je reviens vers "la table roude avec ses escabaux et couteau crochu".

J'ai recherché des mentions approchantes dans plusieurs inventaires, et l'association de la table avec le couteau crochu est très fréquente. En juxtaposant les formules employées, on fini par avoir une idée plus juste de la réalité :

"la table avec ses escabeaux et couteau crochu", estimés en 1778 à Guicquelleau chez Anne Bergot
"une table avec ses couteaux et ruche de pailles", chez Olivier Perrus en 1778 à Plouguin
"une table longue avec sa ruche de paille et couteau crochu" en 1776 à Kerlouan chez Yves Toupin
"la table de cuisine avec le couteau crochu, ruche de paille et 2 mauvais bancs servants d'escabeaux a chaque coté de la table" en 1775 chez Gabriel Le Bars à Plouider.
"Une table divers bois, une guaine de paille pour couvrir le pein, un couteau crochu", en 1746 chez Ténénan Kerier à Lampaul-Ploudalmézeau,
"une faillye table avec un banq, le couteau crochu et la couverture du pain estimés ensemble", chez Anne Bergot en 1706
"un mechant couteau crochu, une couverture de paille au dessus de la table servant a couvrir le pain" en 1704 chez Anne Quéméneur à Ploudalmézeau.

Les "bancs" ou "bancs dossiers" des inventaires sont des bancs-coffres adossés aux lits-clos ou vaisseliers ("banc tossel" en breton).
Les "escabeaux" sont en revanche des bancs simples, comme ceux auxquels on pense aujourd'hui.

Le petit livre "Les Léonards dans leurs meubles au temps de Kerjean" (éd. Le Télégramme), signale que la table "est l'endroit où se fait le partage du "pain quotidien", comme en témoigne la présence à demeure sur son plateau de la ruche de paille et de la nappe qui servent à couvrir la tourte, pour la protéger, et du "couteau crochu" utilisé pour débiter la part qui revient à chacun, sans doute sous le contrôle vigilant du maître de maison."

Dans "Tiez, le paysan breton et sa maison, Le Léon" (éd. PUR), Jean-François Simon écrit que la table ronde était utilisée dans le Haut-Léon, et entourée d'un banc qui épouse sa forme. Le dicton "Eun daol rond, ha pep hini neus e gont" (une table ronde, et chacun a son compte) se vérifie à l'occasion des repas de bouillie quand la marmite est placée au centre et que chacun se sert directement.

N'hésitez pas à soumettre d'autres termes de l'inventaire, si des difficultés subsistent.
Cordialement,

Eric
CGF 4254
https://gw.geneanet.org/caerynyr

[Françoise Simon]

Quel travail de recherche et de compilation ! Merci Eric, c'est super intéressant.
Cette histoire de table ronde devrait en surprendre plus d'un. Personnellement, je n'en avais jamais rencontré.
Un grand merci pour tout cela qui va m'éviter des erreurs grossières
Bien cordialement

[Yves bouguennec]

bonjour à tous,
j'ai consulté le livre de Jean le Tallec : la vie paysanne en bretagne centrale sous l'ancien régime d'après les archives de la seigneurie de Corlay
concernant la table : je trouve page 93 , à la table est toujours associé un couteau crochu. Il n'y en avait qu'un dans chaque maison. Il servait
probablement à couper les grosses tourtes de pain.
à côté de la table, on signale souvent des bancs, bancelles, et des escabeaux. Comme il arrive qu'on parle d'escabeaux longs, il faut penser que tout
cela correspond bien à ce que nous appelons les bancs.
l'auteur précise : impossible d'en trouver, ne serait-ce qu"un seul, même chez les antiquaires( à propos du couteau crochu)
bonne fin de journée à tous
Catherine bouguennec - 29350 Moëlan sur Mer
adh. 6318

[christian]

Bonjour à tous
concernant la braye, on trouve plusieurs articles sue la toile :

https://books.google.fr/books?id=HiQ-AA ... in&f=false

http://fairefildetouspoils.over-blog.co ... 02722.html

[christian]

pour le couteau crochu, voir ici
2.2 - L'intérieur d'une ferme en 1704
un méchant couteau crochu [utilisé pour découper le pain; en forme de faucille]
https://gw.geneanet.org/krog?f=branche_ ... pz=jacques

[Françoise Simon]

Merci Christian et Catherine.
J'ai lu attentivement vos remarques et suivi les liens. Pour le travail du lin, c'est bon maintenant, j'ai ce qu'il faut. Et grâce à vous tous l'environnement de la table est maintenant beaucoup plus clair.
Comme vous semblez avoir tous côtoyé beaucoup d'inventaires du XVIIIème, pouvez-vous me dire enfin, si, au vu de l'évaluation globale qui s'élève à 2821 livres, je peux qualifier ce couple comme vivant dans "une certaine aisance " ?
Bien cordialement

[KERRENEUR]

Bonjour à tous, bonjour Françoise

L'historien Louis Elégoët a établi les catégories suivantes :

1- Les personnes laissant des biens d’une valeur de 3000 à 5000 livres, sont des paysans riches, des marchands de toile ou des tanneurs ;
2- Celles qui laissent 1000 à 3000 livres sont des paysans aisés ;
3- De 150 à 1000 livres ce sont des petits paysans ;
4- Les plus pauvres et les mendiants laissent moins de 150 livres
(extrait de "Les Juloded", Ed. Presses Universitaires de Rennes, 1996, p. 89).

D'autres éléments sont utilisables pour cerner le statut social, car les personnes les plus riches sont souvent aussi les plus "estimées" et ayant des responsabilités locales :

- Personnes souvent qualifiées de honorable ou noble homme, nobles gens dans les BMS et actes notariés
- Existence de baux où les ancêtres apparaissent non comme locataires, mais comme bailleurs
- Famille ayant plusieurs ecclésiastiques dans leurs membres (capacité financière de suivre des études et nécessité de disposer d'un "titre clérical" pour accéder à la prêtrise, c'est-à-dire une propriété foncière assurant un minimum de revenus)
- Famille dont des membres ont été fabriques paroissiaux ou membres du conseil paroissial
- Distance géographique moyenne observée entre l'origine des conjoints : les unions se font très souvent entre personnes de même niveau social. Donc si des époux sont originaires de paroisses non limitrophes, cela peut être lié à la recherche d'époux/ses aussi aisé(e)s, plus lointains car plus rares et disséminés ! Il y a l'exception des communautés Cakous qui pouvaient trouver des conjoints lointains mais pour des raisons discriminatoires.
- Montant de la capitation payée par rapport à la moyenne des autres paroissiens

A ce propos, les capitations de 1740 et 41 sont maintenant disponibles sur le site des archives départementales de Loire-Atlantique. Sauf en cas d'homonymes, on doit donc facilement pouvoir retrouver au moins un enfant (ou le conjoint ?) de la personne décédée en 1729. Son niveau de richesse doit être très proche et cela permettra de confirmer le niveau fixé par "l'échelle" de monsieur Elégoët.

https://archives.loire-atlantique.fr/jc ... tal=c_5110

En vous remerciant pour l'aide apportée avec vos photos dans ces archives,
Cordialement,
Eric

CGF 4254
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[Françoise Simon]

Bonjour
et Merci Eric pour cette excellente synthèse.
Tu utilises mieux que moi les ouvrages papier( J'ai lu "les Juloded" et d'autres) mais de là à retrouver l'info au moment où j'en ai besoin
Je vais reprendre les capitations mais je n'y avais rien trouvé de probant.
Bien cordialement. A bientôt

[Françoise Simon]

Bonjour,
Je voulais confirmer la qualité de l'un des ouvrages que Catherine m'a conseillé :

le livre de Jean le Tallec : la vie paysanne en bretagne centrale sous l'ancien régime d'après les archives de la seigneurie de Corlay

Il est effectivement précieux : clair, précis, bien étayé d'exemples pris dans les aveux, inventaires et autres pièces administratives, et même temps écrit sur un ton souriant (Oui, je sais, cela ne se dit pas, mais comment exprimer ce sourire bienveillant qu'on sent sur les lèvres de l'auteur ?) Un bijou. Je ne regrette pas cet achat, sauf que Corlay est un peu loin de Morlaix et des Monts d'Arrée qui sont "mon secteur". Et quelquefois, lorsqu'il critique les préjugés qui se colportent, je me demande si la région qu'il a plus particulièrement étudiée ressemble foncièrement aux campagnes du Finistère. Prochaine commandes : les livres évoqués par Eric, plus centrés sur le Léon.
Merci encore pour vos apports toujours très constructifs.
Cordialement

[abiron]

Bonjour Françoise,

Certes, le pays de Morlaix et Corlay ne sont pas très proches mais cela reste la Bretagne. La difficulté qui se présente à partir du moment où l'on veut situer un individu dans son milieu est de trouver des ouvrages d'historiens ayant abordé la région, c'est de la micro-histoire.

Les seules sources, à mon avis, qui peuvent répondre à ta question est de se rendre, comme l'a fait en son temps Jean-Miliau GARION, au CRBC à l'UBO de Brest. On y trouve de nombreux mémoires de maîtrise (Ancien régime universitaire, on dirait aujourd'hui master) et des thèses qui abordent des paroisses du Léon, qu'il soit bas-, haut- ou Pays Pagan. Il existe aussi des études sociologiques sur un pays ou des paroisses en particulier.

J'ai personnellement visité et usé des ressources du CRBC qui sont d'une richesse inégalée.

Le catalogue est en ligne et le moteur de recherche permet d'y entrer un nom et la liste des mémoires et thèses apparait.
Voici le lien :
https://www.univ-brest.fr/crbc/

Bonne recherche et merci encore pour ton travail de fourmi.

[Françoise Simon]

Bonjour Ronan,
Merci. Je vais consulter avec intérêt les documents dont tu parles mais ce n'est pas gentil de me donner des idées de sorties pendant le confinement.
Bien cordialement